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Déconfinement : le retour à l'école peut-il provoquer d'éventuelles phobies scolaires chez les enfants ?

Après deux mois de confinement, les enfants retrouveront le chemin des salles de classe à partir du 12 mai. [©Martin BUREAU / AFP]

Après deux mois de confinement, les enfants retrouveront le chemin des salles de classe à partir du 12 mai. Si cette rentrée inédite inquiète certains parents et enseignants, elle peut également être source d’angoisse pour les écoliers, voire même d’éventuelles phobies scolaires.

Et pour cause, cette reprise sera placée sous le signe du Covid-19. Outre l'appréhension qu’il est normal d’éprouver les premiers jours, les enfants vont devoir faire face à la peur d’être contaminé, au discours parfois anxiogène de leurs parents et des enseignants, mais aussi évoluer dans un lieu d’apprentissage, où les injonctions sont omniprésentes.

Selon le pédopsychiatre Stéphane Clerget, «on peut s’attendre à voir beaucoup d’élèves qui ont peur de retourner à l’école», en particulier les jeunes enfants, de la maternelle jusqu’au CM2. «Plus l’enfant est jeune, plus il y a de risque qu’il associe l’école à un lieu angoissant, et qu’il s’éloigne de tout ce qui se rapporte à l’apprentissage.», précise-t-il.

Les collégiens, qui feront leur rentrée le 18 mai, en commençant par la 6e et la 5e, mais seulement dans les départements où la circulation du virus est faible, et les lycéens, qui ne reprendront pas avant juin, «ont quant à eux déjà été confrontés aux mesures de sécurité, et sont moins sensibles à l’angoisse des adultes», affirme-t-il.

«une phobie scolaire secondaire»

«Dans le contexte actuel, la phobie scolaire est davantage une peur de la maladie. C’est d’abord une phobie du coronavirus.», souligne le spécialiste. «Au sens strict, la phobie scolaire est déclenchée par des facteurs internes, propres à l’enfant, elle n’est pas liée à des angoisses extérieures.», mais à l’heure du coronavirus, l’enfant peut associer l’école à un lieu dangereux, et «développer une phobie scolaire secondaire».

Cette phobie scolaire peut être provoquée non seulement par toutes les mesures de précaution mises en place dans les écoles, mais aussi par «la présence des autres enfants, qu’ils vont associer à un risque de contamination, ou encore par l’angoisse qu’ils vont ressentir de la part des parents et du personnel enseignant», détaille Stéphane Clerget, auteur notamment de «Soigner les enfants hyperactifs sans médicaments» (éd. Fayard).

On va également leur rappeler de ne pas toucher du matériel, de se laver les mains régulièrement, et de respecter les mesures de distanciation sociale, et «toutes ces injonctions, selon le pédopsychiatre, peuvent également générer des inquiétudes chez l’enfant, même si à l’origine il est plutôt serein».

Sans compter que le confinement a généré chez eux «un état de régression», a-t-il constaté lors de ses consultations. «Ils se remettent à faire pipi au lit, à moins dormir, à être agités, à s'amuser avec des jouets qu'ils aimaient il y a deux ans», ce qui ne va pas les aider à se remettre dans le bain.

rassurer son enfant

C’est pourquoi il faudra énormément rassurer son enfant, en adoptant un discours apaisant et rassurant. «Ce n’est pas en l'angoissant qu’il va se protéger davantage», ajoute-il.

De son côté, le sociologue Michel Fize, auteur de «L’école à la ramasse» (éd. de l’Archipel), recommande de ne «pas brusquer son enfant s’il est atteint par ce retour en classe et lui faire comprendre que c’est également difficile pour l’adulte de se familiariser avec de nouvelles modalités de travail».

Et si l’effort de retour en classe est trop difficile, «il faudra aller jusqu’à retirer l’enfant de l’école», poursuit-il. «La phobie scolaire est une véritable maladie, c’est un degré de peur et d’inquiétude extrême. C’est le fait de ne pas pourvoir aller sur le lieu scolaire. C’est une impossibilité physique et mentale de déplacement», rappelle le sociologue.

Si l’enfant en arrive là, «il faut d’urgence consulter un psychiatre ou un médecin», conseille Michel Fize, même s'il estime qu'il y aura peu de cas de ce type, «mais davantage de l’appréhension, de l’anxiété, et de l’inquiétude.»

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