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Livreur mort après une interpellation à Paris : l'autopsie évoque une asphyxie «avec fracture du larynx»

Le livreur de 42 ans Cédric Chouviat, mort dimanche 5 janvier après un contrôle routier à Paris, a été victime d'une asphyxie «avec fracture du larynx», à l'origine d'un malaise cardiaque lors de son arrestation, selon les premiers éléments de l'autopsie communiqués par le parquet de Paris.

 Les experts relèvent aussi «un état antérieur cardiovasculaire» chez ce père de famille, note également le parquet. D'autres investigations médico-légales sont prévues, ajoute le procureur Rémy Heitz, qui a annoncé avoir ouvert une information judiciaire pour «homicide involontaire» afin de faire la lumière sur cette interpellation, survenue vendredi aux abords de la Tour Eiffel.

«une clé d'étranglement»

Transporté dans un état critique à l'hôpital, Cédric Chouviat était mort dimanche à 3h30 du matin, selon le parquet. «L'autopsie confirme ce que la famille et leurs avocats disent depuis samedi, c'est-à-dire une asphyxie», a réagi Me Arié Alimi.

«On découvre en plus une fracture qui est probablement due à une strangulation (...) c'est une mort atroce et extrêmement violente», a-t-il ajouté. Lors d'une conférence de presse mardi matin, les avocats de la famille ont dénoncé une «bavure policière» et diffusée des vidéos recueillies après un appel à témoignages.

Les images montrent Cédric Chouviat, casque sur la tête et tournant nerveusement autour des policiers en les filmant. Il apparaît ensuite à plat ventre, toujours casqué, se débattant sous le poids de trois policiers, puis inerte. Les vidéos ne montrent pas sa chute mais «deux témoins indiquent qu'il a subi une clé d'étranglement», avait déclaré Me Alimi.

«Nous regrettons la qualification juridique retenue par le parquet, qui est un euphémisme de la réalité», a critiqué l'avocat. Il réclame que l'enquête soit requalifiée, conformément à la plainte de la famille, en «violences volontaires ayant entraîné la mort», une infraction criminelle qui relève des assises.

«Il est encore malheureux que le parquet fasse état dans des termes peu compréhensibles d'un état cardiovasculaire antérieure, s'agissant d'une hypertension qui n'a aucun lien avec les causes de la mort, afin de créer une forme de doute dans l'esprit du public», a-t-il dénoncé. «Nous regrettons les fausses informations diffusées par la préfecture dans un premier temps et la famille demande des excuses au préfet de police de Paris», a-t-il conclu.

Affirmant faire «confiance à la justice et aux enquêteurs pour faire la lumière sur les circonstances exactes du décès», le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a déclaré que ces résultats d'autopsie «soulèvent des questions légitimes, auxquelles des réponses devront être apportées en toute transparence». De son côté, le préfet de police Didier Lallement a tenu à rappeller «que la présomption d'innocence est une garantie démocratique qui vaut pour tous, y compris les policiers».

«Paix et justice»

«En tant que croyant, on accepte sa perte. Mais après il y a des circonstances (...) et des faux témoignages», a déclaré sa femme, Doria Chouviat, appelant à ne pas généraliser les griefs contre les policiers. «L'histoire elle peut se répéter demain, c'est une histoire banale (...) mon mari avait bon coeur, il était un peu gueulard (...) mais est-ce qu'il mérite ce qui lui est arrivé ?», a-t-elle ajouté lors de cette conférence de presse.

«Notre famille prône la paix mais aussi la justice», a déclaré l'une de ses filles, Sofia, ajoutant : «J'aimerais juste que les mensonges cessent». «Aujourd'hui il y a cinq orphelins qui vont me poser des questions : je leur dis quoi ?», a déclaré le père de la victime, qui employait son fils. «Je ne suis pas antipolicier, mais on n'a pas le droit de tuer un père de famille, un travailleur, été comme hiver, qu'il pleuve, qu'il neige».

Une marche blanche aura lieu ce dimanche 12 janvier à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) en hommage à Cédric Chouviat.

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