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Antoine Gallimard s’explique sur l’arrêt de la vente du «Journal» de Gabriel Matzneff

Après Gallimard, trois autres maisons d'édition ont annoncé qu'elles cessaient la commercialisation d'ouvrages de l'écrivain. [©JOEL SAGET / AFP]

Antoine Gallimard, le patron des éditions Gallimard, qui ont interrompu cette semaine la vente du Journal de Gabriel Matzneff, visé par une enquête pour viol sur mineur, affirme dans les colonnes du Journal du Dimanche qu'elle «devenait de plus en plus problématique».

«Je sentais bien que le lien, la tension entre ses écrits et la vie réelle devenait de plus en plus problématique et que l'esprit de transgression ne pouvait seul en justifier la programmation», a-t-il déclaré dans une interview accordée au journal hebdomadaire, publiée ce dimanche 12 janvier.

«Je le considère comme un écrivain, mais j'ai toujours été gêné que le Journal fasse état de faits réels concernant des personnes vivantes», poursuit le PDG de la maison d'édition Gallimard, qui a annoncé mardi l'arrêt de la commercialisation du Journal de Gabriel Matzneff qu'elle publiait depuis trente ans.

«ma responsabilité d'homme et d'éditeur est d'entendre la souffrance des autres»

«Bien sûr, j'ai eu des doutes» quant au bien-fondé de la publication du Journal de l'écrivain, reconnaît-il. Cette décision intervient alors qu'une enquête préliminaire pour viols sur mineurs de moins de 15 ans a été ouverte à l'encontre de l'écrivain au lendemain de la parution du livre «Le Consentement» de l'éditrice Vanessa Springora, dans lequel elle jette une lumière crue sur les pratiques pédophiles de l'homme de 83 ans.

C'est la première fois que Gallimard prend une telle mesure. «Quand j'ai entendu parler du Consentement, avant sa mise en librairies, je ne pensais pas bouger», raconte Antoine Gallimard.

«Mais au-delà du débat sur la qualité littéraire du texte, j'ai été très touché par la lecture du livre de Vanessa Springora, a-t-il ajouté. Elle m'a fait prendre la mesure des effets dévastateurs de la manipulation d'un adulte sur une toute jeune fille. Dans le Journal de Gabriel Matzneff, il y avait une part manquante : la victime».

Gallimard mais aussi La Table Ronde, Stock et Léo Scheer

C'est ce texte qui a «motivé» ma décision, assure Antoine Gallimard, car selon lui «ma responsabilité d'homme et d'éditeur est aussi d'entendre la souffrance des autres».

Après Gallimard, trois autres maisons d'édition ont annoncé qu'ils cessaient la commercialisation d'ouvrages de l'écrivain : La Table Ronde (groupe Madrigall, contrôlé par Antoine Gallimard), Stock et Léo Scheer, qui a annoncé ce mercredi 8 janvier l'arrêt de la commercialisation du volume du journal de Gabriel Matzneff, «Les Carnets Noirs 2007-2008», ainsi que de l'ouvrage controversé «Les moins de 16 ans».

Le 30 décembre dernier, l'ex-animateur de télévision Bernard Pivot, qui avait invité plusieurs fois Matzneff dans son émission Apostrophes, a exprimé ses «regrets», estimant n'avoir pas eu à l'époque «les mots qu'il fallait». Membre du jury du prix Renaudot remis à Gabriel Matzneff en 2013, Frédéric Beigbeder a également confié dans l'émission C à vous : «On se sent tous coupables. (...) J'ai lu le «Consentement» et j'ai été bouleversé. Gabriel Matzneff n'est plus mon ami.»

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