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Meurtre d’Oliver Tony, lynché au bord du canal de l’Ourcq : ce que l’on sait

Une marche en mémoire d'Oliver Tony a rassemblé environ 650 personnes le 16 novembre dernier.[Sarah BRETHES / AFP]

Un déchaînement de violence inouï. Un ado de 17 ans a été lynché et jeté dans le canal de l'Ourcq à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) dans la nuit du 6 au 7 novembre. L'alerte a été donnée suite à la publication et le partage sur Snapchat d'une vidéo. Son corps a été retrouvé le 14 novembre dernier, à 250 km du lieu du lynchage, près de Tours. Quatre personnes ont été interpellées et de nombreuses questions demeurent.

En mémoire d'Oliver Tony, environ 650 personnes ont marché samedi du quartier de Rougemont à Sevran, où il résidait, pour rallier les lieux du lynchage, à 5 km de distance. C'est là que le jeune homme a été vu vivant pour la dernière fois. Dans le cortège silencieux, mené par la mère et les proches de l'adolescent, de nombreux jeunes, pour beaucoup vêtus d'un T-shirt blanc frappé du visage d'Oliver.

Que s'est-il passé ?

Au début de la fameuse vidéo publiée sur Snapchat début novembre, apparaît un homme cagoulé, pistolet en main. Quelques instants après, Oliver est filmé, allongé sur le sol, le visage tuméfié et en sang. Une voix masculine lui lance alors : «casse-toi, casse-toi dans l'eau». 

Dans la nuit, la publication est parvenue au frère de Tony, Mickäel, qui a prévenu les secours, rapporte Le Parisien. Dans un premier temps, la police et les pompiers ont donc ratissé dans l'eau et le long du canal. 

Sans nouvelle de la victime, mercredi 13 novembre, sa mère a lancé un appel au calme et a demandé aux ravisseurs de lui «rendre son fils, même mort». Le lendemain, le corps de son enfant a été retrouvé en Indre-et-Loire. 

Enquête et interpellations

D'après le Parisien, une histoire de stupéfiant serait à l'origine du drame. Oliver «aurait prétendu» vendre du cannabis à des jeunes de Noisy-le-Sec, «mais il n'en avait pas», a expliqué à l'AFP une source proche de l'enquête. S'en serait suivie une déferlante de violence. Sur la vidéo publiée sur Snapchat, l'auteur a mis en légende : «L’argent ne voudra (sic) jamais la parole d’un homme», a rapporté le média francilien.

Avant même que le corps ne soit retrouvé, les forces de l'ordre ont interpellé deux ados de 17 ans. L'un d'eux serait l'auteur de la vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Il a été écroué. Deux autres jeunes de 26 et 27 ans ont également été interpellés. Le 16 novembre, le parquet de Bobigny a prononcé leur mise en examen et leur placement en détention, notamment pour séquestration avec actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime.

Le premier suspect s'était présenté spontanément à la police le 12 et le second avait été arrêté le 14 au retour d'un voyage express en Thaïlande. 

Des zones d'ombre

L'autopsie réalisée le 15 novembre sur le corps du jeune homme n'a pas permis d'établir précisément la date de sa mort, consécutive, selon une source proche de l'enquête, à «une accumulation de coups» et «au fait d'être resté dehors, très affaibli, alors qu'il faisait froid».

Reste à savoir pourquoi ses meurtriers ont-il parcouru 250 kilomètres en voiture pour abandonner son corps, seulement vêtu d'un caleçon, dans un bois à Veigné (Indre-et-Loire) ? Les enquêteurs penchent pour une volonté de brouiller les pistes «dans la panique», alors que des appels à la vengeance les ciblant circulaient sur les réseaux sociaux.

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