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La semaine de Philippe Labro : le roi sur les murs, le peuple dans la rue

L’icône Michael Jackson envahit le Grand Palais, avec une exposition d’art contemporain intitulée On the Wall.[Philippe LOPEZ / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre. 

DU LUNDI 19 AU VENDREDI 23 NOVEMBRE

Les questions tombent comme les premiers flocons de neige annonçant l’arrivée de l’hiver. Semaine étrange et compliquée.

Question 1 : Le traitement subi au Japon par le futur ex-patron de Renault, Carlos Ghosn, accusé de malversations, cache-t-il un «complot» contre le trop puissant dirigeant ? C’est ce que l’on a entendu, ici et là, dans les milieux que l’on dit bien informés à Paris. Au Japon, on prolonge la garde à vue de l’homme qui fut l’«imperator» du monde automobile. Pour l’instant, il est en taule, et les questions vont continuer de se poser. Cette affaire dépasse la simple rubrique économique. Elle concerne Renault, donc la France.

Question 2 : Les gilets jaunes vont-ils pouvoir continuer, malgré de nombreux incidents, des blessures, deux morts ? C’est une situation assez extraordinaire : en temps dit «normal», un tel bilan, après une manifestation, aurait suscité protestations et indignation. Il n’en est presque rien. Pourquoi ? Parce que, face à ce mouvement inattendu, les pouvoirs publics sont prudents. Avaient-ils anticipé une telle révolte ? Non. Jusqu’où peut-elle aller ? Personne ne le sait. Que signifie-t-elle ? Que l’on n’écoute sans doute jamais assez ce qui sourd dans la France dite «profonde», ce qui engendre insatisfaction et incompréhension au sein d’une partie de la population – celle que l’on ignore, celle qui, grâce aux réseaux sociaux, a réussi à se fédérer sans, toutefois, trouver de fédérateur.

Devant les questions, l’improbabilité et l’imprévisibilité, le chroniqueur choisit parfois ce qui, d’une manière générale, paraît plus clair, plus positif. Ainsi, en matière de sport, le lundi 3 décembre, on attribuera le Ballon d’or à un footballeur qui pourrait bien être français. Cela ne changera rien au cours des événements, mais cela donnera à certains du grain à moudre – pourquoi Untel et pas tel autre ?

En tennis, au Masters de Londres, l’Allemand Zverev, à 21 ans, a renversé l’imbattable Serbe Djokovic, en deux sets secs (6-4, 6-3). C’est peut-être le signe d’une relève. Les géants Nadal, Federer, Djoko, Murray et les autres voient arriver la jeunesse, la génération qui, fatalement, va les remplacer.

On aura du mal à se passer de ces athlètes, ils auront beaucoup de peine à ne plus connaître l’ivresse de la victoire. Mais c’est ainsi : le temps passe, et ils n’y peuvent rien.

VENDREDI 23 NOVEMBRE

A partir d’aujourd’hui, au Grand Palais, à Paris, l’exposition Michael Jackson : On the Wall – «sur le mur» – va confirmer l’immortalité du «King of pop», alias «Bambi», alias «Wacko Jacko», dont l’écrivain et académicien Marc Lambron dresse le portrait dans un petit livre intitulé Vie et mort de Michael Jackson (éd. Réunion des musées nationaux), paru à cette occasion.

Lambron est l’un des écrivains les plus brillants et talentueux que je connaisse. Sa science des années pop est encyclopédique, éblouissante. Il n’y a pas meilleur que lui pour situer et expliquer la culture populaire qui couvre au moins la moitié du siècle dernier : «Ce mystère humain tenait du sphinx égyptien et du serpent à plumes. Des Ray-Ban masquant ses pupilles, la bouche souvent barrée d’un masque de piéton japonais […], Michael Jackson hanta longtemps sa vie comme un fantôme traqué […]. Même les enfants ont un jour 50 ans.»

Entre chaque chapitre, Marc Lambron intègre des palimpsestes sur les grandes figures du cinéma, de la danse, de la musique, toutes les mythologies américaines dont il est devenu le maître. Cette chronique a commencé par des questions. Elle s’achève par celle de Lambron : «Pourquoi Jackson parsemait-il son chant de tressautements, de hoquètements hystérisant parfois le rythme ?» Il donne une explication qui remonte à la musique médiévale. Il a réponse à tout, Lambron. Il faudrait l’entendre sur les gilets jaunes.

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