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La semaine de Philippe Labro : le fabuleux Luchini, La Fontaine intarissable

Le comédien, passé maître dans l'art de mêler humour et réflexion, revient sur les planches autour d'un thème du quotidien : l'argent. [JOEL SAGET / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

VENDREDI 8 SEPTEMBRE

Décidément, sans lui, il n’y a pas de rentrée convenable. Sans ses surprises, son talent qui frise le génie, sans cette dose si bien mélangée d’humour et de réflexion. Je veux parler, bien entendu, de Fabrice Luchini qui, lui-même, va «parler d’argent» d’ici à quelques jours, à partir du 18 septembre.

– Ce sont les écrivains qui en parlent, et je suis leur interprète : ça va de Karl Marx à Charles Péguy, en passant par Sacha Guitry. Au téléphone, Luchini, que nombre d’entre nous appelons «le meilleur professeur de lettres de France», a la voix excitée de celui qui anticipe son retour sur les planches.

– On débute le 18 dans une petite salle, le Théâtre de Paris. Salle Réjane. 300 places. C’est déjà complet.

Ensuite, et c’est sa méthode, Luchini investira le Théâtre des Bouffes Parisiens, à partir du 24 octobre. La capacité aura doublé : 600 places. Là encore, Luchini avance des chiffres spectaculaires de réservations. Les frustrés qui n’auront pu obtenir de sièges dans la petite salle vont se mobiliser pour la plus grande.

– Mais, dis-moi, ce titre, ces auteurs, n’est-ce pas un peu difficile d’accès ?

– Non, l’argent, c’est l’une des grandes questions qui agitent les gens. Il est sur toutes les lèvres, au bureau, au bistrot, à la maison. Il est omniprésent dans la littérature française : Pagnol, Zola… L’argent rend fou. L’argent des fous, les spéculations financières, la recherche sans interruption du profit…

Luchini a su trouver, dans des textes écrits et publiés il y a parfois des siècles, des comparaisons avec le monde d’aujourd’hui.

– Difficile, dis-tu ? La Fontaine serait difficile ? Allons, allons…

Car, après un démarrage qu’il qualifie de «haut de gamme populaire», Fabrice aura recours à deux de ses armes les plus efficaces. La première : sa capa­cité à improviser, à abandonner la lecture et à raconter sa propre vie, ses rencontres, son goût pour l’actualité, qu’il revoit et corrige. Au cours de ces changements de rythme, lorsque le public est peut-être un peu sujet au vertige dû à la lecture de textes «difficiles», le comédien fait basculer la salle par une anecdote ou une imitation qui déclenche les rires.

La deuxième : La Fontaine. On aura peut-être remarqué que La Fontaine, né en 1621, n’a jamais été aussi souvent présent qu’aujourd’hui, au XXIe siècle, en pleine rentrée 2017. C’est d’abord le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui le cite et a décidé d’offrir ses fables à 150 000 élèves de CM2. Le bon sens et le parler-vrai de ce nouveau ministre ont rapidement fait de lui l’un des membres les plus estimés du gouvernement. Et puis, il y a Erik Orsenna, dont le La Fontaine : une école buissonnière (éd. Stock) est déjà en tête des meilleures ventes.

Ah ! La Fontaine. S’il n’a jamais quitté nos esprits et nos mémoires, c’est aussi à Luchini qu’on le doit. Il y a de longues années que Fabrice a choisi de le commenter et de le réciter. Et voici qu’avec ce spectacle sur les écrivains et l’argent, il offre une fable courte (à peine douze vers), peu connue, à relire dans le Livre V qui s’intitule La poule aux œufs d’or.

En avant-première, au téléphone, rapidement, car il achève de tourner Un homme pressé, son prochain film, Luchini me la joue. Car il «joue» La Fontaine. Il répète, plusieurs fois, la morale – c’est son style – : «Belle leçon pour les gens chiches.» Il aime ce mot, «chiche» qui veut dire avare, cupide. Il raccroche. Merci, Professeur Luchini.

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