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Bientôt des bébés OGM exempts de toute maladie génétique ?

La technique CRISPR/Cas9 pourrait théoriquement produire des bébés dotés de certains traits physiques – couleur des yeux, force musculaire, etc. – et aussi plus intelligents. La technique CRISPR/Cas9 pourrait théoriquement produire des bébés dotés de certains traits physiques – couleur des yeux, force musculaire, etc. – et aussi plus intelligents. [JOEL SAGET / AFP]

C'est une première de l'autre côté de l'Atlantique. Des chercheurs ont réussi à modifier des gènes défectueux dans des embryons humains, en utilisant une technique révolutionnaire d'édition génétique.

L'expérience a été menée de concert par des scientifiques américains, chinois et sud-coréens au sein de l'Université des sciences et de la santé d'Oregon. Leurs études ont démontré qu'il était possible de corriger efficacement et sans risque des défauts génétiques responsables de milliers de maladies héréditaires, selon la revue américaine MIT Technology Review, citée par la BBC. Les scientifiques n'ont cependant pas laissé ces embryons modifiés se développer au-delà de cinq jours, afin de laisser place à un débat éthique sur ce sujet.

Des chercheurs en Chine avaient été les premiers, en 2015, à modifier des gènes d'un embryon humain avec des résultats mitigés, selon un compte-rendu publié par la revue britannique Nature.

Un «couper-coller» de l'ADN

La technique CRISPR/Cas9, mécanisme découvert chez les bactéries, représente un immense potentiel en médecine génétique. Il s'agit de ciseaux moléculaires qui peuvent, de façon très précise, enlever des parties indésirables du génome pour les remplacer par de nouveaux morceaux d'ADN. Une sorte de «couper-coller» du code génétique, comme n'importe quel logiciel de traitement de texte.

L’équipe a utilisé cet outil révolutionnaire pour corriger, dans des embryons humains, le gène porteur de la cardiomyopathie hypertrophique, maladie cardiaque héréditaire pouvant entraîner des morts subites, notamment lors de la pratique d’un sport. Le résultat a été concluant : 72 % des embryons (42 sur 58) ont été corrigés. 

Vers des bébés sans «défauts» ?

Cette méthode reste à un stade préliminaire mais pourrait théoriquement produire des bébés dotés de certains traits physiques – couleur des yeux, force musculaire, etc. – et aussi plus intelligents. De quoi soulever d'importants problèmes de bioéthique, ses détracteurs évoquant notamment une porte ouverte à l'eugénisme.

Mais, en mars 2017, les Académies américaines de science et de médecine ont estimé que les avancées réalisées dans la technique d'édition génétique des cellules humaines de reproduction «ouvraient des possibilités réalistes qui méritaient de sérieuses considérations».

La perspective d'un monde à la «Bienvenue à Gattaca», où le patrimoine génétique, trié sur le volet, détermine la place de chacun dans la société, ne semble plus si éloignée.

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