Dans le cadre d'une enquête sur le harcèlement sexuel, le quotidien régional la Voix du Nord a décidé de mener une expérience dans les rues de Lille. Il a suivi une jeune femme de 23 ans dans la rue durant 11 minutes : résultat, celle-ci a eu droit à pas moins de 18 interpellations de la part d'hommes.
Aurélie a accepté de témoigner à visage découvert, expliquant que le sujet lui tenait à coeur. Et les 11 minutes passées avec elle par la Voix du Nord montrent que l'attitude des hommes peut rapidement transformer la vie d'une jeune femme en un enfer. A 18h54, près de la Grand-Place de Lille, la jeune femme, vêtue d'une robe tout ce qu'il y a de plus classique, a eu droit à un bisou non demandé sur la joue, à un homme qui a tenté de lui attrapper le bras, un autre qui tente de lui caresser le dos, encore un autre qui demande un selfie avec insistance, et même à deux questions plus qu'incorrectes, du type : «T'es vierge ?».
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«Ce n'est pas aux femmes de changer»
«En général, je mets mes écouteurs pour ne pas entendre mais dès qu’on me touche, je réagis très mal ! Parfois, j’ai pas le moral, j’ai juste envie de rentrer chez moi et de ne pas entendre tout ça», a expliqué la jeune femme à la Voix du Nord. Aurélie a même raconté qu'elle évitait désormais certaines stations de métro, notamment le soir, car elle est sûre qu'elle va se retrouver confrontée à des situations potentiellement dangereuses. Si elle doit ainsi adapter ses trajets, elle affirme toutefois refuser de changer sa façon de s'habiller : «Ce n’est pas aux femmes de changer. Enfin, on a tellement dépassé les limites que je ne sais pas si ça peut évoluer en bien».
Le harcèlement sexuel reste un problème majeur pour les femmes en France. En 2015, un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH), révélait ainsi que 100 % des utilisatrices de transports en commun avaient déjà été victimes au moins une fois de harcèlement sexiste ou d’agressions sexuelles. Une autre étude de l'association Hollaback a montré que 76% des Françaises avaient été suivies au moins une fois dans la rue, alors que 1 femme sur 5 aurait été victime de harcèlement sexuel au travail.