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Dépeceurs chinois : la nourrice condamnée à 20 ans de réclusion

Crocquis d'audience du 19 janvier 2016 de la nourrice, Hui Zhang, et de son compagnon, Te Lu, jugés à Paris pour avoir tué et dépecé les parents du bébé qu'elle gardait [BENOIT PEYRUCQ / AFP] La nourrice avait exprimé ses «remords» aux familles des victimes. [BENOIT PEYRUCQ / AFP]

La cour d'assises de Paris a condamné vendredi à 20 ans de réclusion criminelle une nourrice chinoise reconnue coupable d'avoir tué et dépecé les parents d'un bébé, mort accidentellement, dont elle avait la garde, et a acquitté son compagnon.

Le jury a suivi les réquisitions de l'avocat général, Julien Eyraud, qui avait rejeté la thèse de la légitime défense plaidée par l'avocat de la nounou et estimé que rien ne pouvait prouver que son compagnon avait lui-même porté des coups mortels.

«Lorsque j'ai pris connaissance du dossier, j'ai été saisi par l'horreur de ce qui s'était passé, d'imaginer cette odeur de sang, cette boucherie dans la salle de bain, cette violence, cet acharnement parfois», avait confié le magistrat avant d'appeler les jurés à dépasser, comme il l'a fait, cette vision macabre pour s'en tenir aux preuves. «Il ne s'agit pas de se servir d'éléments hypothétiques mais d'éléments matériels, il s'agit moins de croire que de raisonner, ne pas dire "c'est dégueulasse, donc ils sont coupables"», avait-il lancé.

Remords de la nourrice

Concernant la nourrice, le magistrat avait estimé que "la seule trace d'humanité" qu'elle a su montrer dans l'affaire, c'est dans son rôle «de mère». «Elle n'a eu qu'un seul phare dans la nuit, gagner du temps pour se sauver et sauver son fils.»

«Ce n'est pas une chance pour moi d'être en vie, de vivre avec cette culpabilité, c'est une véritable torture», avait déclaré l'accusée à la fin des débats expliquant garder «la foi» de retrouver son fils et de lui dire ce qui s'est passé. Elle a affirmé avoir été «honnête» lors du procès et a dit ses «remords» aux familles des victimes. «J'espère que vous avez compris le tourbillon de malheurs que l'on a vécu, notre sincérité et nos regrets», a ajouté son compagnon.

Une rencontre qui a mal tourné

La nounou a reconnu avoir tué en 2012 un couple de compatriotes lors d'une altercation à son domicile après le décès accidentel de leur bébé qu'elle gardait. La jeune femme, aujourd'hui âgée de 34 ans, les avait fait venir chez elle avec l'intention de leur proposer un arrangement financier s'ils acceptaient de renoncer à déclarer la mort de leur fils, mais la rencontre a mal tourné.

Elle a reconnu avoir tué les victimes avec une hachette, puis avoir découpé leurs corps dans une baignoire avant de se débarrasser des morceaux dans le bois de Vincennes, à l'est de Paris, et dans des poubelles. Mais la nourrice a affirmé n'avoir fait que se défendre après avoir été agressée, ainsi que son compagnon, par les parents, furieux de la mort de leur enfant et armés d'un couteau de boucher. Son compagnon, également âgé de 34 ans, a raconté s'être évanoui après avoir été blessé dans la bagarre, et avoir été dans un état second pendant que sa compagne dépeçait les corps.

Elle n'était «plus elle-même»

«Ce dossier réveille en nous des sentiments morbides mais vous êtes là pour dire le droit», a expliqué aux jurés l'avocat de la nourrice, Me Alexis Guedj, en plaidant la légitime défense. «L'accusation n'a pas apporté la preuve qu'il y a eu homicides volontaires», a-t-il estimé en inversant l'argument du ministère public.

«Ma cliente a été étranglée, coupée, griffée dans la bagarre, c'est attesté. Qu'est-ce-qui nous autorise à ne pas la croire ? Pourquoi sa parole aurait-elle moins de poids ? La légitime défense est ici pleinement caractérisée», a-t-il insisté après avoir expliqué que la nourrice n'était «plus elle-même», après «ces chocs successifs», lorsqu'elle a dépecé les corps.

«Comme l'avocat général, je ne suis pas là pour demander une faveur mais le bénéfice ordinaire de nos règles», a fait valoir Me Eric Dupond-Moretti, avocat du compagnon de la nounou. Il a rappelé qu'une simple présence de son client sur le lieu du drame ne suffisait pas à prouver «une co-action ou une complicité» et rappelé que les enquêteurs eux-mêmes avaient convenu à l'audience «qu'aucun élément du dossier ne permettait de dire» qu'il avait «participé aux meurtres».

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