Après les attentats qui ont frappé Paris, il peut être difficile de trouver les mots pour en parler avec ses enfants. Le psychologue Michaël Stora explique comment aborder le sujet sans les choquer.
Est-on obligé d'évoquer les attaques avec les enfants ?
Ce qui est inquiétant pour eux, c’est de ne pas savoir ce qu'il se passe. Il ne faut pas hésiter à en parler, les enfants ressentent les non-dits et notre stress. Il n’y a rien de pire que les fantasmes. Au fond, ne pas évoquer du tout les attentats est très anxiogène pour eux.
Comment s'y prendre ?
Tout dépend de l’âge de l’enfant et de notre propre compréhension de ce qu’il s’est passé. Nous, les adultes, sommes très angoissés, il ne faut surtout pas leur transmettre notre stress. Pour cela, il ne faut pas rentrer dans le détail des attaques, le sang, les explosions… Il est possible par exemple de leur dire : «il y a eu beaucoup de morts dans Paris, on vit un moment très dur», sans pour autant tomber dans le morbide. Tout dépend aussi de l’âge de l’enfant. Quand ils sont plus vieux, à partir de 10-12 ans, on peut tout à fait évoquer nos émotions avec plus de facilité.
Que faire si nous n'avons pas de réponses à leurs questions ?
S’ils demandent «pourquoi», on peut leur répondre que ces terroristes étaient des «barbares», les enfants connaissent ce mot, ils savent que ce sont des gens qui peuvent commettre des atrocités. Dans l’enfance, on lit des contes, on est très vite confronté aussi à des choses terribles.
A quel âge peuvent-ils regarder les images à la télévision ?
Il ne faut pas du tout qu’ils voient les images des attentats, quel que soit l'âge. Le rapport avec les images est émotionnel, il est traumatisant : le spectateur est dans une situation où il est passif, où il ne peut rien faire pour secourir les victimes. Les images vont sûrement tourner dans les collèges et alimenter une curiosité malsaine. Mais il faut saisir aussi pourquoi ces enfants iront chercher les vidéos. Les jeunes vont vouloir comprendre ce qu'ils se passe, surtout s'ils sentent une tension et que les parents s'enferment dans des non-dits.
Comment les rassurer ?
Les enfants ont besoin de se sentir protégés. Il faut donc leur expliquer que tout va bien se terminer, comme dans les films, avec la cavalerie qui arrive. Cela fait un moment que les enfants voient des militaires dans Paris, c’est une image très rassurante pour eux. Gardons en tête qu’ils ont une vision manichéenne du monde avec, d’un côté les gentils et de l’autre les méchants.