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Un dîner du Crif sur fond de polémique

Dalil Boubakeur, président du CFCM.[Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Le président du Crif, Roger Cukierman, a provoqué lundi la polémique avec des propos équivoques sur Marine Le Pen et stigmatisants sur les "jeunes musulmans" à quelques heures du dîner annuel de son organisation, où François Hollande doit tracer les axes de son plan contre l'antisémitisme et le racisme.

 

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a ainsi décidé dans l'après-midi de boycotter ce dîner en raison de déclarations "irresponsables" du président du Conseil représentatif des institutions juives de France dans la matinée.

"Considérer que +toutes les violences aujourd'hui sont commises par des jeunes musulmans+ et son approbation de l'expression +islamo-fascisme+ sont des déclarations irresponsables et inadmissibles qui contreviennent au principe même du vivre ensemble", a estimé le bureau exécutif du CFCM dans un communiqué signé de son président Dalil Boubakeur.

Le collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui rappelle que la profanation du cimetière juif de Sarre-Union la semaine dernière "n'était pas l'oeuvre de jeunes musulmans", dit "examiner la possibilité d'initier une action en justice" contre Roger Cukierman.

 

"Islamo-facisme"

Dans une interview à Europe 1 lundi matin, Roger Cukierman avait affirmé que "toutes les violences aujourd'hui sont commises par des jeunes musulmans, et bien sûr c'est une tout petite minorité de la communauté musulmane et les musulmans en sont les premières victimes".

A la question de savoir s'il était "choqué" par le terme "islamo-fascisme" employé par Manuel Valls, M. Cukierman a répondu: "Non, pas du tout, cela correspond assez bien à la réalité".

Il a réitéré lundi soir ses propos sur les jeunes musulmans et jugé sur RTL "pas du tout raisonnable" la décision du CFCM, indiquant s'être entretenu au téléphone avec son président Dalil Boubakeur pour lui demander de revoir sa position.

 

Des propos polémiques sur Marine Le Pen

A quelques heures du 30e dîner du Crif, M. Cukierman avait déjà été vivement critiqué pour ses propos dans la même interview sur Marine Le Pen, qu'il avait jugée "irréprochable personnellement"

"Je voulais dire +irréprochable juridiquement+ parce qu'elle n'a jamais été condamnée", a-t-il dit sur RTL.

Il lui a "reproché" de "ne s'être jamais désolidarisée des propos tenus par son père", d'avoir "accepté qu'il y ait au sein du Front National des négationnistes, des vichystes, des pétainistes", avant de conclure: "et nous continuerons à ne pas inviter Marine Le Pen au dîner du Crif".

 

L'inquiétude grandissante des juifs de France

Né à Lyon en 1943 sous l'Occupation nazie, le Crif est l'organe de représentation politique d'une communauté juive - la première d'Europe avec quelque 500.000 personnes - où l'inquiétude ne cesse de croître après les attentats de janvier. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en pleine campagne électorale, l'a, au grand dam des autorités françaises, exhortée à rejoindre son "foyer", Israël.

François Hollande redira, a-t-on indiqué dans son entourage, "que les Français de confession juive sont des citoyens à part entière, ont toute leur place en France et que quand on s'attaque à un juif, on s'attaque à la République elle-même".

 

Sarkozy, Valls et Juppé parmi les invités 

Le chef de l'État le fera devant les quelque 700 invités de ce rendez-vous très couru, où sont notamment attendus Manuel Valls, une douzaine de ministres, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et de nombreux représentants des cultes.

Depuis le début de l'année, de l'attaque de l'Hyper Cacher à Paris aux attentats de Copenhague, François Hollande s'est exprimé très régulièrement contre l'antisémitisme, la dernière fois après la profanation d'un cimetière juif en Alsace, où il s'est rendu mardi.

 

Plan contre le racisme et l'antisémitisme

Fidèle à ce rendez-vous annuel, il doit revenir sur le plan contre le racisme et l'antisémitisme qu'il avait esquissé en janvier devant le Mémorial de la Shoah à Paris, et qui fera l'objet d'une communication en conseil des ministres en mars.

Ce plan, relève-t-on à l'Élysée, s'appuie sur quatre piliers: "La sanction avec notamment un durcissement de l'arsenal répressif contre tout acte à connotation raciste et antisémite, la transmission des valeurs républicaines tout au long de la vie, l'éducation, la lutte contre le complotisme antisémite et raciste sur les réseaux sociaux".

 

Un prix pour le Malien naturalisé de l'Hyper Cacher

Le chef de l'État devrait insister sur ce point, qui préoccupe beaucoup la communauté juive et a été évoqué aux États-Unis par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avec les responsables des grands réseaux internet.

Trois prix seront remis lundi soir, dont un à Lassana Bathily, le jeune Malien naturalisé français, qui a aidé des Juifs à se cacher lors de la prise d'otages de l'Hyper Cacher, le 9 janvier.

 

Réécouter les propos du président du Crif : 

 

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