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Nette baisse des prix des fruits et légumes cet été

Vente de fruits et légumes "à prix coûtant"  place de la Bastille à Paris, le 21 août 2014 [Eric Piermont / AFP] Vente de fruits et légumes "à prix coûtant" place de la Bastille à Paris, le 21 août 2014 [Eric Piermont / AFP]

Sous l'effet de la météo, les prix des fruits et légumes ont nettement baissé cet été, pour le bonheur des consommateurs mais au grand dam des producteurs, qui dénoncent la concurrence étrangère et les pratiques de la grande distribution.

 

 

Le prix moyen des fruits a reculé cet été de 12% et celui des légumes de 3% par rapport à 2013, selon une étude de Familles Rurales parue jeudi dans La Croix.

Après deux années de hausse, et surtout une année 2013 marquée par des prix record après un printemps exécrable, le prix des fruits est revenu à son niveau de 2012.

"C'est un retour à la normale, avec un printemps précoce et un début d'été favorable, ce qui pousse à une grande production, et par contre un été capricieux qui a ralenti la consommation", deux mouvements favorisant la baisse des prix, a expliqué à l'AFP Dominique Marmier, président de Familles Rurales.

Le prix moyen du kilo de fruits descend ainsi à 3,34 euros contre 3,78 euros en 2013. La baisse est plus limitée pour les légumes, à 2,15 euros contre 2,21 l'an dernier.

Un tiers des fruits et légumes voit même son prix baisser de 20% (pomme, melon, pêche, courgette, salade et poire).

 

Juste prix

Le consommateur, pour qui le prix est le troisième critère d'achat selon Familles Rurales, y trouve donc son compte. L'agriculteur beaucoup moins.

"La grande distribution a gardé ses marges et a répercuté la baisse aux producteurs", résume Raymond Girardi, secrétaire général du Modef, un petit syndicat agricole.

Résultat: les prix payés aux producteurs sont 20 à 50% inférieurs à l'an dernier, selon lui.

Vente de fruits et légumes "à prix coûtant"  place de la Bastille à Paris, le 21 août 2014 [Eric Piermont / AFP]
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Vente de fruits et légumes "à prix coûtant" place de la Bastille à Paris, le 21 août 2014

 

"On est en-dessous du prix de revient. On a perdu le salaire et on commence à mordre sur les charges", s'inquiète-t-il.

Hasard du calendrier, le syndicat organisait jeudi sa vente annuelle à "prix coûtant": 50 tonnes de fruits et légumes transportés depuis le Lot-et-Garonne jusqu'à Paris et 27 villes de banlieues.

Avec comme objectif de "vendre aux prix les plus justes pour les producteurs, sans les marges de la grande distribution", expliquait dans la matinée une militante du Modef à un acheteur, place de la Bastille à Paris.

"Faute de prix rémunérateurs, le nombre de producteurs de fruits et légumes a été divisé par deux en 15 ans et la production a été diminuée de 1,7 million de tonnes", explique le Modef qui critique une "très forte délocalisation" vers les pays méditerranéens.

 

 "Opacité" de la grande distribution 

La situation est d'autant plus tendue cette année que les récoltes ont été abondantes partout en Europe et inondent le marché, notamment de pêches espagnoles.

Pourtant, l'enquête de Familles Rurales montre une plus grande présence des produits français en grande distribution cette année. Ils restent légèrement plus chers que leurs concurrents étrangers mais la différence est minime: inférieure ou égale à 7 centimes dans deux tiers des cas.

Vente de fruits et légumes "à prix coûtant"  place de la Bastille à Paris, le 21 août 2014 [Eric Piermont / AFP]
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Vente de fruits et légumes "à prix coûtant" place de la Bastille à Paris, le 21 août 2014

 

"Les produits français sont plus performants au niveau du prix", ce qui incite le consommateur à les choisir, constate M. Marmier, qui se dit toutefois "surpris" par le resserrement des prix entre la France et l'étranger, étant donné la différence de coûts de production, par exemple avec les pêches espagnoles.

"On retombe dans l'opacité des prix des grandes surfaces françaises", souligne-t-il.

L'embargo russe sur les produits alimentaires européens vient encore compliquer la donne, malgré les 125 millions d'euros d'aide promis par Bruxelles aux maraîchers, qui craignent de voir le marché européen submergé par les produits non exportés en Russie.

Sur le marché éphémère du Modef à la Bastille, les Parisiens aux cabas remplis à ras-bord mettaient en tout cas un peu de baume au cœur des agriculteurs.

"On vient surtout pour soutenir l'agriculture française. On aurait acheté même si ça avait été un peu plus cher", sourit une cliente qui s'est précipitée après avoir eu vent de l'événement à la radio.

 

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