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Irak : Paris à la pointe de la réponse européenne

Des combattants des forces kurdes sur la ligne de front de Bashiqa, à 13 km au nord-est de Mossoul le 12 août 2014 [Ahmad al-Rubaye / AFP/Archives] Des combattants des forces kurdes sur la ligne de front de Bashiqa, à 13 km au nord-est de Mossoul le 12 août 2014 [Ahmad al-Rubaye / AFP/Archives]

L'annonce de livraisons d'armes imminentes par la France aux forces kurdes engagées dans le combat contre les jihadistes en Irak pour répondre à une situation humanitaire et militaire jugée "urgente" place de facto Paris à la pointe de la réaction européenne.

La France acheminera "dans les heures qui viennent" des armes en Irak "pour soutenir la capacité opérationnelle" des forces kurdes qui tentent d'endiguer la progression fulgurante des jihadistes de l’État islamique (EI) dans le nord du pays et en direction de Bagdad, a annoncé mercredi l’Élysée.

Quelles armes et en quelles quantités? Sur ce point, l’Élysée n'a apporté aucune précision. Mais de source diplomatique française, on spécifie toutefois que "les formes de cet engagement dépendront de l'urgence" de la situation sur le terrain.

"Ce n'est pas forcément un lot unique qui part", ajoute-t-on. Quant aux armements livrés, ils sont destinées "aux forces engagées en première ligne sur le terrain".

"Je ne vais pas vous donner le détail des armes parce qu'on ne livre pas le plan de la bataille de ses amis à leurs adversaires mais cela répond exactement aux besoins urgents des Kurdes", a déclaré dans la soirée Laurent Fabius sur TF1, ajoutant qu'il s'agissait d'armes "sophistiquées".

L'opération se veut nationale, supportée par des "moyens de projection" français. "Nous sommes en liaison permanente avec les Américains et avec nos partenaires mais on ne sollicite pas leur feu vert, nous savons ce que nous avons à faire", souligne-t-on ainsi de source diplomatique française.

En livrant des armes, Paris répond à une demande exprimée par le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani lors d'un entretien avec François Hollande, le 7 août. Un nouveau contact téléphonique entre les deux hommes était encore prévu mercredi soir. François Hollande s'est également entretenu avec le Premier ministre britannique David Cameron.

 

- Fabius sur place -

La France pourrait-elle engager des frappes aériennes comme l'ont déjà fait les Américains ? La situation est "évolutive" et la question reste "ouverte", répond-on à Paris même si l'on souligne que "jusque-là, les autorités de Bagdad ont sollicité les Américains pour effectuer des frappes aériennes" et eux seuls.

Quoi qu'il en soit, Paris multiplie les initiatives, jugeant que le "risque d'une catastrophe humanitaire" est imminent. La plus démonstrative restera la visite effectuée le week-end dernier par le chef de la diplomatie française sur le terrain, à Bagdad et à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien.

Des Peshmergas surveillent la zone depuis la ligne de front de Bashiga à quelques kilomètres de Mossoul le 12 août 2014 [Ahmad al-Rubaye / AFP/Archives]
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Des Peshmergas surveillent la zone depuis la ligne de front de Bashiga à quelques kilomètres de Mossoul le 12 août 2014

Le ministre a supervisé l'acheminement d'une première cargaison de matériel humanitaire. Une seconde cargaison d'une vingtaine de tonnes est parvenue mercredi à Erbil à bord d'un Airbus A340 de la République française.

"Je sais bien que dans les pays occidentaux c'est la période des vacances mais enfin quand il y a des gens qui meurent, j'allais dire qui crèvent, il faut revenir de vacances", s'était emporté Laurent Fabius mardi.

Paris pousse les feux de la diplomatie au Conseil de sécurité de l'Onu mais aussi en Europe. Cédant aux instances de la France et de l'Italie, la chef de la diplomatie des Vingt-Huit, Catherine Ashton, envisage une réunion extraordinaire "dès cette semaine" des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Pour la France, "l'objectif est que l'UE délivre une aide humanitaire substantielle et coordonnée, répondant aux besoins du terrain" et qu'elle se dote "le cas échéant, des moyens logistiques et militaires" qui permettront son acheminement jusqu'à destination.

Mais au-delà des opérations militaires, la diplomatie française estime qu'"à défaut d'unité nationale en Irak et de représentation juste de l'ensemble des communautés au sein du pouvoir à Bagdad", la progression des jihadistes de l’État islamique ne pourra être durablement enrayée.

Sur le plan politique intérieur, l'activisme de l'exécutif ne peut que trouver un échos favorable: la plupart des formations politiques appellent à accélérer l'aide en faveur de ceux qui combattent l'EI. A commencer par le principal parti d'opposition l'UMP, qui réclamait dans la matinée une intervention au Proche-Orient - Irak et Gaza - pour éviter "le déshonneur".

 

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