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Livret A : faut-il se préparer à un taux inférieur à 1% ?

Un Livret A [Philippe Huguen / AFP/Archives] Un Livret A [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Le taux du Livret A, déjà à son plancher historique à 1,25%, devrait à nouveau baisser début août, comme le souhaite le gouverneur de la Banque de France qui a la main sur ce dossier sensible pour le gouvernement.

 

Actuellement fixée à 1,25%, son plus bas niveau depuis sa création en 1818, la rémunération de ce produit d'épargne plébiscité par les Français doit évoluer le 1er août, en fonction du chiffre de l'inflation (hors tabac) de juin, publié jeudi.

Sans attendre, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a plaidé dès mercredi pour un repli, dans le sillage du recul des taux décidé le mois dernier par la Banque centrale européenne (BCE) et afin de favoriser la croissance.

"Il faut que les taux des dépôts de l'épargne reflètent cette évolution à la baisse", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

M. Noyer, par ailleurs membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a jugé que sa position était dictée par un souci de cohérence.

"Je ne peux pas, d'un côté, participer à des décisions à Francfort de baisse des taux pour favoriser la reprise de l'activité économique dans l'ensemble de la zone euro et considérer que la France n'a pas besoin de reprise économique et peut s'abstenir de transmettre cette politique", a-t-il souligné, alors que la BCE a récemment abaissé son taux directeur à 0,15%, son plus bas niveau historique.

L'avis du gouverneur de la Banque de France est déterminant en matière de rémunération du Livret A. En effet, une fois l'inflation connue, c'est à lui que revient la décision de suivre ou non la formule permettant son calcul.

Celle-ci demande de prendre en considération l'inflation et de la majorer de 0,25 point, afin que soit préservé le pouvoir d'achat de l'épargne des ménages.

Lorsque le gouverneur choisit de suivre la formule, sa décision s'applique. S'il souhaite, en revanche, y déroger, la décision finale revient au gouvernement.

Mercredi, il a laissé entendre qu'il était plutôt favorable à la première option.

"Nous sommes dans une phase dans laquelle le retour, si possible, vers une automaticité de la fixation du taux serait sans doute bienvenue. C'est un des éléments de ma réflexion", a-t-il fait valoir.

Contacté par l'AFP, Bercy n'a pas souhaité réagir.

 

-Portée symbolique-

 

Si l'évolution des prix à la consommation suit en juin la tendance observée au cours des derniers mois, la rémunération du Livret A devrait baisser à 0,75% ou 1%.

"Un recul à 1% ou même à 0,75% serait nécessaire si on veut aider à relancer l'économie et la construction de logements. Si la baisse issue de la formule devait être plus importante, il faudrait alors trouver un compromis ", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

Déjà, en février, le taux du Livret A, identique à celui du Livret de développement durable (LDD), aurait mécaniquement dû baisser à 0,75%. M. Noyer avait proposé de le faire passer à 1% mais le gouvernement avait finalement tranché en faveur d'un maintien à 1,25%.

Ce dossier, devenu éminemment politique, a surtout une portée symbolique pour le grand public. Selon l'Observatoire de l'épargne réglementée, qui a publié mercredi son rapport annuel, les particuliers disposaient en moyenne de 4.063 euros sur leur Livret A fin 2013.

Sur cette base, un livret type rémunéré à 1,25%, rapporte donc 50,79 euros en un an. Si le taux devait baisser à 0,75%, l'épargnant gagnerait 30,48 euros, soit une différence de 20,31 euros.

A l'inverse, l'enjeu est de taille pour la relance de la construction. En effet, la Caisse des dépôts, qui centralise 65% des sommes déposées par les épargnants sur leur Livret A, prête ensuite cet argent pour que de nouveaux logements sociaux soient édifiés. Un repli du taux du Livret A entraîne donc une baisse du coût des crédits pour les offices HLM et favorise ainsi le secteur de l'immobilier.

 

 

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