En direct
A suivre

RETOUR SUR - Lourdes a presque effacé les stigmates des inondations de juin 2013

Un tractopelle dans la grotte des Apparitions de la Vierge inondée le 20 juin 2013 à Lourdes [Pascal Pavani / AFP/Archives] Un tractopelle dans la grotte des Apparitions de la Vierge inondée le 20 juin 2013 à Lourdes [Pascal Pavani / AFP/Archives]

Des groupes de pèlerins posent devant la basilique de Lourdes, les touristes arpentent à nouveau les ruelles de la ville basse constellées d'échoppes de souvenirs: la plupart des stigmates des inondations tendent à s'effacer un an après la catastrophe du 18 juin 2013.

Quelques images pourtant trahissent encore les ravages causés dans la cité mariale par le débordement sauvage du gave de Pau, gonflé par la combinaison extraordinaire de pluies d'orage brutales et d'une fonte des neiges massive: une porte en contreplaqué à l'hôtel du Bon Pasteur, un hôtel du Paradis trop neuf, la marque d'un pont disparu sur l'esplanade des Sanctuaires...

Et puis, une attention un rien fébrile accordée aux prévisions météo et aux fluctuations du niveau du gave, que reconnaissent les hôteliers et responsables du diocèse interrogés par l'AFP.

L'exposition photo agrafée sur le grillage du boulevard longeant l'un des plus importants lieux de pèlerinage catholique au monde explique mieux la persistance d'une angoisse dans la ville basse, déjà inondée en octobre 2012.

L'esplanade des Sanctuaires et le quai des hôtels submergés sous deux mètres d'eau, comme la grotte des Apparitions de la Vierge à la bergère Bernadette Soubirous et sa source réputée miraculeuse, la gigantesque basilique souterraine entièrement noyée, les embâcles de troncs et de branches d'arbre amoncelés contre l'un des ponts reliant les deux rives des Sanctuaires, jusqu'à l'arracher... Et la boue: près d'un mètre d'épaisseur par endroits, qu'il a fallu ensuite évacuer, souvent au tractopelle.

- L'addition a été corsée -

Les dégâts se sont chiffrés par dizaines de millions d'euros: le président local de l'union des métiers de l'hôtellerie (UMIH), Benoît Castérot, les évalue à 30 millions pour sa corporation, l'économe des Sanctuaires, Thierry Castillo, estime à 10 millions ceux subis par le site religieux tandis que le premier adjoint de la nouvelle municipalité radicale de gauche, Alain Garrot, comptabilise pour 8 millions d'euros de dommages causés au domaine public.

Le Gave de Pau en crue le 18 juin 2013 à Lourdes [Laurent Dard / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Le Gave de Pau en crue le 18 juin 2013 à Lourdes

M. Castérot estime avec l'Insee que le principal pôle hôtelier de la région (22.000 lits), l'un des trois principaux en France, a perdu 28% de sa capacité pendant le second semestre 2013 et a subi une chute de fréquentation de 11% sur l'ensemble de l'année.

M. Castillo précise que le nombre des visiteurs venus en pèlerinage organisé (environ 700.000 personnes) a baissé de 8% l'an dernier, sans pouvoir donner de chiffre sur la fréquentation totale, habituellement évaluée à 6 millions de personnes par an.

Le responsable diocésain constate un retour à la normale mais ne s'enflamme pas pour 2014, car "la crise pèse aussi sur les pèlerinages".

En tout cas l'hôtellerie a retrouvé sa capacité: "la plupart des établissements ont été prêts dès février-mars pour la reprise des pèlerinages", indique M. Castérot.

"A ce jour, je crois que 100% des dossiers d'assurance ont été validés", ajoute le responsable de l'UMIH, même si les compagnies "incitent à investir dans les équipements de protection, car nous sommes en zone inondable".

"Reste la franchise de 10% sur les dommages (la part non indemnisée), que ni les assurances ni l’État n'ont prise en charge", déplore-t-il cependant.

Aux Sanctuaires, Thierry Castillo évoque aussi cette franchise mais ne fait pas état de difficultés de financement: une fois de plus, les fidèles du monde entier se sont mobilisés en masse et ont versé "9,1 millions d'euros de dons".

- Sécuriser "comme à Venise" -

Grâce aux indemnités et aux dons, les Sanctuaires ne se contenteront pas "d'une réparation à l'identique". "Nous avons pu rouvrir en quelques jours, mais nous avons aussi tiré les leçons et nous comptons investir environ 5 millions en améliorations", explique M. Castillo. Il évoque notamment le pont à reconstruire, les clapets anti-retour à installer contre les remontées d'égouts, et des batardeaux (cloisons étanches empilées) destinés à protéger les bâtiments lors des crues.

Nettoyage d'une rue inondée le 20 juin 2013 à Lourdes  [Pascal Pavani / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Nettoyage d'une rue inondée le 20 juin 2013 à Lourdes

Non loin de là, le patron de l'hôtel du Paradis, Hervé Jeanson, est déjà passé aux actes: "nous avons investi 500.000 euros en sécurisation" assure-t-il. Le sous-sol a été entièrement cuvelé pour empêcher toute infiltration et l'hôtel est désormais ceinturé d'un mur en béton armé d'1,20 mètre de haut surmonté de vitres blindées jusqu'à 2,50 mètres. Toutes les entrées sont aussi équipées pour recevoir des batardeaux en cas de crues, "comme à Venise", explique-t-il.

Hôteliers, municipalité, Sanctuaires espèrent tous maintenant que le dialogue avec les communes situées au-dessus de Lourdes et avec l’État permettra de "maîtriser le risque en amont", en nettoyant mieux le torrent des embâcles qui aggravent la situation à chaque crue.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités