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Supprimée sous Pétain, la profession d'herboriste s'organise

La profession d'herboriste a toujours eu des difficultés à exister face aux pharmaciens [Frederic J. Brown / AFP/Archives] La profession d'herboriste a toujours eu des difficultés à exister face aux pharmaciens [Frederic J. Brown / AFP/Archives]

Supprimée en 1941 sous Pétain, la profession d'herboriste s'organise peu à peu pour se faire reconnaître, face à un intérêt croissant du public pour les plantes, réussissant enfin, 73 ans plus tard, à créer sa propre Fédération des écoles d'Herboristerie.

"Il n’y a, en 2014 en France, aucun cadre juridique pour ceux qui exercent ce métier et ils s’exposent à des poursuites judiciaires régulières", ont rappelé samedi de nombreux herboristes réunis en Congrès à Lyon.

Ils ont lancé à cette occasion la première Fédération française des écoles d'herboristerie, regroupant les 6 principales et plus anciennes écoles de l'Hexagone, parmi lesquelles l'Ecole des plantes de Paris, l'Ecole lyonnaise de plantes médicinales et l'Ecole française d'herboristerie.

Si le premier diplôme d'Herboriste fût créé en 1778 par la faculté de Médecine de Paris, la profession a toujours eu des difficultés à exister face aux pharmaciens. La loi du 11 septembre 1941 du gouvernement de Vichy supprima purement et simplement le métier, au profit de la création d'un ordre des pharmaciens à qui furent confiés le monopole de la vente et du conseil en matière de plantes.

Seule une ordonnance du 1er septembre 1945 autorisa les herboristes diplômés d'avant 1941 à continuer à exercer leur métier. Ne restait ainsi, en 2011, qu'un herboriste âgé de 91 ans, "alors que les plantes médicinales intéressent de plus en plus les consommateurs", notait alors le sénateur socialiste Jean-Luc Fichet, à l'origine d'une proposition de loi visant à rétablir la profession, restée lettre morte pour l'instant.

"On crée une fédération indépendante des forces officielles, ensuite on va demander la création d'un diplôme. Bien sûr que les plantes sont dangereuses, c'est pour cela qu'on les enseigne!", explique à l'AFP Patrice de Bonneval, diplômé de pharmacie, fondateur-directeur et enseignant à l'école Lyonnaise de Plantes Médicinales.

Gérant d'une herboristerie à Lyon, il a eu maille à partir, comme d'autres, avec la justice à plusieurs reprises, attaqué par le conseil de l'ordre des pharmaciens pour "exercice illégal de la pharmacie". "Alors que je suis pharmacien", rappelle-t-il.

- Compétence contre diplôme -

Il s'agira, dans cette fédération, de créer "un programme général commun" aux écoles: "actuellement tout le monde veut faire de la plante, on veut donner aux gens un enseignement correct" ajoute Patrice de Bonneval, le secteur étant également prometteur en matière d'emploi.

Le but affiché est de devenir "l'interlocuteur institutionnel représentant la profession auprès des pouvoirs publics et des élus pour faire évoluer la législation".

"Contrairement à ce qu'on dit, les herboristeries ne sont pas interdites!", rappelle toutefois Jean-François Astier, qui a créé l'entreprise Natura Mundi et l'Ecole française d'herboristerie. Ce tisannier et naturopathe a ouvert récemment une herboristerie à Toulouse, "Le nouvel herbier", "qui marche très bien".

"Pour revendiquer le statut, métier ou diplôme d'herboriste il faut aujourd'hui qu'une personne soit diplômée d'avant 1941. Si quelqu'un dit aujourd’hui +je suis herboriste+, cela signifie qu'elle a la compétence et pas le diplôme", rappelle l'entrepreneur.

Françoise Guinois-Pillet, directrice adjointe de l'école lyonnaise de plantes médicinales qui a accueilli plus de 6.000 élèves en 30 ans, constate "un besoin de plus en plus grand chez les gens de se rapprocher de la nature face aux scandales médicaux comme le Mediator".

"Il ne s'agit pas de remplacer le médecin, les plantes sont complémentaires", insiste-t-elle.

A titre de comparaison, "en Belgique le diplôme d'herboriste a été reconnu en 1998, un an après un décès survenu à cause d'une mauvaise utilisation de plantes, du coup la profession a été encadrée", note pour sa part Augustin de Livois, président de l'Institut pour la protection de la santé naturelle (IPSN) basé à Bruxelles.

"En France les pharmaciens veulent garder un monopole dont ils ne se servent pas", regrette-t-il. L'IPSN est né d'une protestation contre l’entrée en vigueur le 30 avril 2011 d’une directive européenne restreignant la liberté de commercialisation des plantes médicinales. Une pétition lancée en Europe en 2011 a déjà réuni 1,4 million de signatures.

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