En direct
A suivre

Affaire Gala: la "descente aux enfers" de l'accusé, jusqu'au crime

La balance de la justice [Jacques Demarthon / AFP/Archives] La balance de la justice [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Une jeunesse chaotique, puis une vie de famille qui vole en éclats : la vie d'Alain Delannoy, 39 ans, s'est résumée mardi devant les assises de Haute-Loire à une "descente aux enfers" avant sa rencontre avec Gala Mulard, une lycéenne qu'il a reconnu avoir séquestrée, violée et tuée en mars 2012.

"Après avoir lutté toute sa vie pour ne pas s'effondrer, il a mis en acte la violence qui lui avait été faite enfant, canalisée avec plus ou moins de réussite jusque là", a expliqué la psychologue Hélène Dubost, évoquant un parcours "entre précarité, insertion et addictions".

Au premier jour du procès d'Alain Delannoy, qui encourt la perpétuité, la cour n'a pas abordé les faits, entièrement reconnus par l'accusé. Mais elle a entamé le récit de sa jeunesse douloureuse, ses années dans la rue, puis la construction de son propre foyer.

"Je n'en ai plus beaucoup de bonnes, des qualités. Mais j'ai essayé d'être sérieux. On pouvait compter sur moi, et j'étais pas un méchant garçon", a balbutié entre deux sanglots ce grand brun aux cheveux ras, plongé, selon les psychiatres, dans une profonde dépression.

Alain Delannoy a mimé les brutalités de son père, qui "élevait au ceinturon" ses quatre enfants, les traînait dans les escaliers, et est soupçonné d'inceste sur toute la fratrie, en particulier sur les deux sœurs. L'une d'elles, en hôpital psychiatrique, a sombré dans l'alcool et "décroche neurologiquement", a-t-il raconté.

Après une première beuverie à 13 ans avec son père et l'un de ses amis, le garçon a découvert le cannabis, abandonné sa scolarité et les sports qu'il pratiquait. Il a échoué pendant trois ans dans la rue, où son frère l'a initié aux drogues dures et aux médicaments.

- "Les marques de la maltraitance" -

"Il faut porter une armure quand on est dans la rue (...) Je connaissais des gens vraiment fous, qui se trimballaient avec une machette", a expliqué celui qui s'injectait des extraits de barbituriques, Vidal en main, pour "supporter" cette existence.

Mais à 21 ans, Alain Delannoy, qui jongle, chante du Brassens et s'efforce de composer, croise le regard de sa future épouse, alors étudiante. En deux jours, il intègre un foyer de réinsertion, puis arrête drogue et alcool et enchaîne les missions d'intérim.

Le couple donne naissance à deux fils, aujourd'hui âgés de 13 et 15 ans, mais alterne pendant des années vie commune et séparations. Handicapé par une hépatite C contractée dans la rue, Delannoy recommence à fumer puis, à partir de 2010, à boire.

L'implosion de sa vie de famille le prive du dernier garde-fou qui entravait sa "descente aux enfers", explique l'expert-psychiatre, Patrick Moreau, évoquant une dépression précoce "noyée dans la toxicomanie".

Le 25 mars 2012, peu de temps après avoir perdu son dernier emploi, il raccompagne Gala, une lycéenne de 19 ans, après une soirée arrosée près d'Yssingeaux. Selon son propre récit, il décide dans la voiture de la conduire chez lui pour la violer.

Après avoir drogué sa victime "pour ne pas la faire souffrir", il lui inflige une longue nuit de sévices, puis la laisse seule une journée entière, ligotée et bâillonnée. La retrouvant agonisante, il tente de lui donner un bain, lui injecte un nouveau cocktail de médicaments, puis l'enterre dans un bois.

"Comment peut-on juger la profondeur des marques de la maltraitance ?", s'est interrogé le Dr Moreau. Pour le psychiatre, l'accusé a "explosé", s'est "tué psychiquement" en agressant Gala, mais ne pourra "jamais" comprendre le sens de cette violence.

Verdict attendu vendredi.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités