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La nouvelle vie de DSK loin de la politique

Photo d'archives de Dominique Strauss Kahn (G) et Cornelio Koriom Mayik, gouverneur de la banque centrale du SOudan du sud, le 14 mai 2013 à Juba au Soudan du sud [Bol Manas / AFP/Archives] Photo d'archives de Dominique Strauss Kahn (G) et Cornelio Koriom Mayik, gouverneur de la banque centrale du SOudan du sud, le 14 mai 2013 à Juba au Soudan du sud [Bol Manas / AFP/Archives]

Loin de la politique, Dominique Strauss-Kahn s'est reconverti il y a quelques mois en professionnel des marchés et vient de lancer discrètement mais avec ambition un fond d'investissement pour mettre à profit son parcours d'économiste reconnu.

Il s'agit d'un tournant majeur pour l'ex-patron du FMI, qui s'éloigne encore un peu plus d'un retour en politique alors qu'un récent sondage non publié le plaçait en tête des personnalités politiques qui "pourraient faire mieux que François Hollande".

La reconversion de DSK, docteur en économie et ancien ministre de l'Economie de Lionel Jospin, remonte à plusieurs mois.

En septembre dernier, le Groupe Anatevka, une banque d'affaires peu connue et immatriculée au Luxembourg, annonçait l'arrivée à sa tête de DSK et son changement de nom en LSK, pour Leyne, Strauss-Kahn and Partners.

"DSK nous a rejoint en septembre dernier avec l'idée de construire avec nous une stratégie d'une compagnie financière globale", souligne son associé Thierry Leyne, interrogé par l'AFP.

Déjà présente dans le conseil en opérations financières ou le courtage, cette société se diversifie en lançant cette année un "hedge fund", autrement dit un fonds spéculatif.

L'objectif de LSK est de constituer un fonds de 2 milliards de dollars, récoltés dans le monde entier, mais en priorité auprès d'investisseurs de pays émergents.

Le vice premier ministre serbe Alexandar Vucic (D) s'entretient avec l'ancien patron du FMI Dominique Strauss Kahn, qui conseille le gouvernement serbe, le 17 septembre 2013  [Alexa Stankovic / AFP/Archives]
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Le vice premier ministre serbe Alexandar Vucic (D) s'entretient avec l'ancien patron du FMI Dominique Strauss Kahn, qui conseille le gouvernement serbe, le 17 septembre 2013
 

"DSK est très impliqué, c'est lui le chef d'orchestre", prévient M. Leyne, précisant que le fonds a une stratégie mondiale qui peut "s'intéresser à n'importe quel pays et n'importe quel actif". Il conteste d'ailleurs le terme de "hedge fund", qui désigne le plus souvent des fonds prenant des positions risquées ou profitant des failles des marchés.

Le lancement de ce fonds pose toutefois un certain nombre de questions, à commencer par les compétences d'investisseur de DSK.

S'il a une longue expérience des marchés, ne serait-ce que pour avoir été patron du Fonds monétaire international (FMI), ce dernier "n'a jamais eu d'expérience dans le domaine de la gestion spéculative", rappelle Christopher Dembik, analyste financier chez Saxo Banque.

En outre, "l'évolution suivie par DSK peut paraître surprenante compte tenu de son passé politique socialiste, de centre-gauche, d'autant que les fonds spéculatifs ont une mauvaise image même si la régulation est de plus en plus stricte", estime-t-il.

Thierry Leyne se montre confiant quant aux capacités de l'ex-homme politique. "DSK est à la fois capable de stratégie de long terme en identifiant de grandes tendances mais aussi de pouvoir réagir en temps réel aux événements qui peuvent survenir", selon lui.

"Beaucoup de gens sont demandeurs de l'analyse économique de DSK", ajoute-t-il.

Reste à obtenir des résultats rapides, vu que l'univers des "hedge funds" est ultra-compétitif et que toute contre-performance peut s'y révéler désastreuse.

- "Un projet très ambitieux" -

 

Autre interrogation, celle concernant la taille de ce fonds et son objectif de 2 milliards de dollars.

Une publication spécialisée ne trouve aucune trace d'un "hedge fund" européen qui ait débuté avec 2 milliards de dollars depuis la crise financière de 2008.

Un ex-responsable de Goldman Sachs avait placé un fonds d'1 milliard de dollars, en 2010, qui avait ensuite atteint 2 milliards avant de fermer faute de rentabilité.

Dominique Strauss-Kahn à Kiev le 4 avril 2012, où il avait tenu une conférence sur la globalisation et ses conséquences pour l'Europe et l'Ukraine [Genya Savilov / AFP/Archives]
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Dominique Strauss-Kahn à Kiev le 4 avril 2012, où il avait tenu une conférence sur la globalisation et ses conséquences pour l'Europe et l'Ukraine
 

"C'est un projet très ambitieux", concède M. Leyne.

"DSK a certainement un très bon réseau. La communication sur le fonds n'aurait pas été faite s'il n'y avait pas quelques engagements fermes", avance M. Dembik.

Depuis son retrait de la vie politique, en 2011, Dominique Strauss-Kahn a en effet parcouru le monde, en conseillant des gouvernements comme la Serbie et le Soudan du Sud, ou encore des entreprises, notamment en Russie.

LSK entend de plus profiter des montagnes de liquidités encore présentes sur les marchés parmi des investisseurs en Asie, Afrique ou Amérique latine.

Enfin, les démêlés avec la justice de DSK ne semblent pas être un frein à ses activités financières, qui se mènent loin de la France et des Etats-Unis.

L'affaire du Sofitel de New York, où il avait été accusé de viol par une femme de chambre, s'est clos par un abandon des poursuites pénales et la procédure civile a pris fin avec la signature d'un accord financier secret.

DSK doit encore être jugé courant 2014 devant le tribunal correctionnel de Lille, aux côtés d'une douzaine d'autres mis en examen dans une affaire de proxénétisme, dite du Carlton.

"Nous n'avons aucune question sur des sujets qui ne sont pas liés à son expérience. Il n'y a aucun doute dans les esprits", martèle M. Leyne.

"L'affaire a certes fait le tour du monde mais cela a très peu de conséquences dans les relations d'affaires et son expertise économique est reconnue", estime M. Dembik.

 

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