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Indemnisations et questions à Lochwiller où le sol se soulève

Une rue de Lochwiller (Bas-Rhin) devenue impraticable, le juillet 2013  [Frederick Florin / AFP/Archives] Une rue de Lochwiller (Bas-Rhin) devenue impraticable, le juillet 2013 [Frederick Florin / AFP/Archives]

A Lochwiller, un village alsacien où un forage géothermique a fait gonfler le sol et endommagé des dizaines de maisons, les sinistrés toucheront prochainement de premières indemnisations, mais cette mesure ne règle pas tout, s'inquiètent les habitants.

Vendredi soir, quelque 200 personnes - sur les 450 habitants du village - se sont pressées dans une salle polyvalente jouxtant la mairie pour une réunion de crise autour du préfet du Bas-Rhin Stéphane Bouillon, d'élus locaux, d'experts géologues et d'un représentant des assurances.

Alors qu'une quarantaine de maisons présentent des fissures et/ou un degré d'inclinaison anormal - une dizaine sont même très endommagées -, l'expertise ordonnée par l'Etat a confirmé que le sinistre a bien été déclenché par un forage géothermique pratiqué début 2008 pour le compte d'un particulier, qui voulait ainsi chauffer sa maison. Ce forage a libéré de l'eau souterraine sous pression qui, en remontant vers la surface, a fait gonfler une couche rocheuse, entraînant le soulèvement du sol.

Cette conclusion ouvre la voie à la mobilisation immédiate du Fonds de garantie, un dispositif financé par les assureurs privés, a annoncé le préfet Bouillon aux habitants attentifs et inquiets.

Ce fonds, doté de 300.000 euros maximum par foyer concerné, va "aider les personnes sinistrées à réparer leur maison ou, le cas échéant, en fonction de l'évaluation des dégâts, à disposer d'un pécule pour reconstruire et s'installer ailleurs", lorsque la maison est considérée comme "irréparable", a expliqué le représentant de l'Etat.

Ce processus d'indemnisation va être enclenché sans attendre les conclusions de la procédure judiciaire, qui devra à terme désigner le ou les responsables du sinistre.

En attendant, il est "absolument nécessaire de reboucher le forage car il continue à fuir", a expliqué aux riverains le directeur régional de l'environnement, de l'aménagement et du logement, Marc Hoeltzel.

"Ma maison ne vaut pas un clou!"

Mais les travaux devront être menés "avec beaucoup de précaution", à l'issue d'études préalables qui pourraient prendre jusqu'à deux ans, afin de limiter au maximum le risque de provoquer un nouveau sinistre, a-t-il ajouté.

En attendant, la vie quotidienne reste "désagréable", notamment dans les maisons qui penchent "à 1,5 à 2%", raconte David Ernenwein, un membre du collectif "Lochwiller se soulève", créé pour interpeller les pouvoirs publics.

"Le fait que la fuite soit réparable, c'est une bonne nouvelle", a-t-il observé. "Au moins, on peut espérer que le village ne sera pas rayé de la carte".

Pendant la réunion, de nombreux riverains ont cependant fait part de leur inquiétude et de leur exaspération. Plusieurs ont protesté contre le plafond d'indemnisation de 300.000 euros, trop faible à leurs yeux.

"On va devoir vivre dans une caravane, c'est pas possible"! s'est ainsi emporté un homme qui craint de devoir quitter sa maison.

D'autres ont notamment souligné que, tant que le forage n'est pas rebouché, leur maison, même non endommagée à ce jour, est menacée d'être touchée à son tour. De ce fait, "si je mets une annonce +Vend maison à Lochwiller+, c'est invendable, ça vaut pas un clou!", s'est énervée une habitante.

"Je suis désolé, mais il n'y a rien qui existe pour dédommager ça", leur a répondu le préfet.

D'autres familles sont dans l'expectative car elles souhaitent bâtir une maison sur leur terrain. Mais les pouvoirs publics ne leur délivreront pas de permis de construire tant que le problème ne sera pas réglé, leur a dit le préfet.

"Les gens sont désabusés", a résumé M. Ernenwein à l'issue de la réunion. "On ne sait pas où on va, il y a plus de questions soulevées que de réponses".

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