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Un gynécologue de renom jugé pour viols aux Assises à Paris

Andre Hazout à son arrivée le 4 février 2014 au tribunal à Paris [Thomas Samson / AFP] Andre Hazout à son arrivée le 4 février 2014 au tribunal à Paris [Thomas Samson / AFP]

Un gynécologue de renommée internationale, André Hazout, comparait à partir de mardi devant la cour d'assises de Paris pour des agressions sexuelles et des viols sur six de ses patientes.

A l'époque des faits, ce spécialiste reconnu de la procréation médicalement assistée (PMA) revendiquait des milliers de patientes attirées par ses taux de réussite en matière de fécondation in vitro.

Proche du professeur René Frydman et du biologiste Jacques Testard, pères scientifiques du premier bébé éprouvette, il partageait son temps entre la clinique de La Muette (Paris), les hôpitaux Bichat (Paris) et Antoine-Béclère (Clamart), et son cabinet privé à Paris (17e).

Le gynécologue, âgé de 70 ans, radié de l'ordre des médecins en 2013, va comparaître pendant trois semaines pour des viols et agressions sexuelles sur deux patientes, des viols de deux autres patientes et des agressions sexuelles de deux autres femmes.

Il est reproché au praticien d'avoir abusé "de l'autorité que lui conférait ses fonctions" en s'en prenant à "des personnes qu'"il savait particulièrement vulnérables", des femmes qui voyaient souvent en lui un dernier espoir de tomber enceinte.

Les plaintes de 27 autres patientes se disant victimes du médecin ont abouti à des non-lieux, les faits étant prescrits, et le dossier de trois femmes n'a pas été retenu par la justice, faute d'éléments de preuves suffisantes. Mais certaines d'entre elles, citées par le parquet, devraient venir témoigner au procès.

L'affaire a été révélée à la justice par une première plainte déposée en 2005. Mais le premier signalement sur le comportement anormal du praticien à l'ordre des médecins remonte à 1991. Il n'y a eu aucune suite pendant des années, ce qui a valu à au Conseil parisien de l'Ordre des médecins d'être condamné par la Cour administrative d'appel de Paris en octobre 2012 pour son inertie.

"Trust me, I'm a doctor"

Claude Katz le 6 décembre 2010 à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives]
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Claude Katz le 6 décembre 2010 à Paris

"Dans la profession, on fait corps quand on a du respect pour un confrère et peu de gynécologues avaient une compétence professionnelle comme la sienne", avance Claude Katz, avocat de l'une des victimes pour qui "beaucoup de gens dans le milieu médical savaient".

Le professeur Frydman, qui a décoré Hazout de la Légion d'honneur, a dit avoir eu connaissance de "rumeurs" mais d'aucun "élément concret". Mais un autre médecin a rapporté que des sages femmes à Bichat s'enfermaient à clé dans les chambres de garde pour échapper aux assauts d'Hazout.

C'est finalement la médiatisation de l'enquête qui a poussé les nombreuses victimes à se manifester: "Elles se sont senties confortées dans leur décision de porter plainte car ce n'était plus leur seule parole contre celle d'un médecin réputé", explique Me Claude Katz.

Leurs récits décrivent un même scénario: une phase de séduction, des baisers sur la bouche, des caresses intimes et des agressions sexuelles ou des viols perpétrés sur la table d'examen gynécologique ou à même le sol lors de consultations.

L'une des victimes a raconté être tombée enceinte du gynécologue qui aurait, selon son témoignage, procédé à son IVG dans son cabinet en caleçon après l'avoir violée une nouvelle fois en lui disant "tu vas voir, je vais te faire l'amour et ça va aller mieux".

Les témoignages des victimes montrent l'emprise qu'exerçait le praticien qui proclamait sur un panneau dans son cabinet: "Trust me, I'm a doctor" (Soyez en confiance, je suis médecin).

"Je voulais tellement ce bébé, je sais (...) qu'il avait compris que je ne pouvais pas me défendre". "Il y avait tellement de femmes qui venaient du monde entier pour le voir, les rendez-vous s'enchaînaient, je voulais qu'il fasse attention un petit peu plus à moi", ont expliqué des victimes.

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