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Le sort des salariés de Mory Ducros reste incertain

L'entrée du site Mory Ducros de Saint-Etienne le 29 janvier 2014 [Philippe Desmazes / AFP] L'entrée du site Mory Ducros de Saint-Etienne le 29 janvier 2014 [Philippe Desmazes / AFP]

Le gouvernement a incité mercredi les salariés de Mory Ducros en grève à reprendre le travail, et s'est employé à maintenir le dialogue avec Arcole Industries, qui conditionne toujours son offre de reprise du transporteur à un retour au calme dans les agences.

Entre l'actionnaire principal de Mory Ducros et les syndicats, "le dialogue, vous l'avez compris, n'est pas rompu (...) le gouvernement travaille activement à rapprocher les parties pour sauver plus de 2.000 emplois dans ce dossier difficile", a déclaré le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, à l'issue d'une réunion d'urgence à Matignon.

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a reçu pendant environ une demi-heure André Lebrun, le président du directoire d'Arcole Industries. A la question de savoir s'il était prêt à améliorer encore son offre, ce dernier a laconiquement répondu "ça, c'est déjà fait".

L'actionnaire propose désormais de conserver 50 agences (sur environ 85) et 2.210 emplois, 2 agences et 60 salariés de plus que dans l'offre précédente.

M. Montebourg s'était rendu plus tôt auprès des salariés en grève de l'agence de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne) pour lancer un appel à la raison: "vous pouvez décider de continuer", mais "je ne pense pas que ça soit la meilleure manière de servir nos intérêts, vos intérêts", a-t-il conseillé aux grévistes.

Si Arcole retire son offre, comme il a menacé de le faire, les 5.000 salariés se retrouveront sur le carreau, avec une provision d'indemnités de licenciement réduite, a expliqué M. Montebourg.

"Le risque est très sérieux qu'on ne se retrouve plus avec 3.000 personnes et 21 millions (d'euros d'indemnités supra-légales, NDLR) à se partager mais 5.000 personnes avec 7 millions", a-t-il dit.

 

Stratégie "jusqu'au-boutiste"

Des employés en grève de Mory Ducros sur le site de Vénissieux près de Lyon le 29 janvier 2014 [Philippe Desmazes / AFP]
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Des employés en grève de Mory Ducros sur le site de Vénissieux près de Lyon le 29 janvier 2014
 

L'épée de Damoclès demeure. L'actionnaire du n°2 français du transport de messagerie, en redressement judiciaire depuis novembre, subordonne toujours son offre à plusieurs "conditions suspensives", dont l'une est la fin des grèves et blocages.

Les grèves amenuisent les chances de conserver les clients pour repartir du bon pied, plaide-t-il.

Selon les syndicats, il exige aussi leur accord avant vendredi sur le plan social accompagnant le projet de reprise.

Or loin de s'apaiser, le mouvement de grogne dans les agences s'est amplifié mercredi. La CFDT-Transports a recensé mercredi des actions dans une vingtaine d'agences, contre une quinzaine mardi.

Selon le syndicat et les informations recueillies par l'AFP, outre le siège de Gonesse (Val-d'Oise), les sites de Saint-Jacques près de Rennes, Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), Libercourt (Nord-Pas-de-Calais), Rouen (Seine-Maritime), Périgueux (Dordogne) et Saint-Etienne (Loire) étaient bloqués.

Sur le site toulousain de Bruguières, les salariés se sont mis en grève pour protester contre le niveau "ridicule" de l'indemnité proposée. "Pour quelqu'un qui a travaillé pendant 16 ans, faites la division: ça ne fait pas grand chose (437 euros par an). Les salariés se sentent méprisés", explique la déléguée CGT du site Christiane Daunas.

Arcole propose 7.000 euros d'indemnités supra légales de licenciement par salarié. Les fédérations CGT et CFDT des transports ont demandé en vain le triple lors de discussions tendues à Bercy mardi soir.

Près d'Orléans, des salariés s'apprêtaient à bloquer dans la nuit la plus grosse plateforme de distribution de colis de Mory Ducros, située à Artenay.

Si aucun syndicat n'a appelé les sites à la grève, la plupart soutiennent les débrayages. La CGT-Transports a demandé mercredi aux salariés de "maintenir la pression".

Mais au sein même de la CFDT, et à la CFTC, certains s'inquiètent et dénoncent une stratégie "jusqu'au-boutiste".

"Arcole veut-il vraiment reprendre Mory Ducros ?", s'interroge FO en rappelant que vendredi "tout peut arriver".

L'offre d'Arcole, que l'Etat promet toujours de soutenir par un prêt de 17,5 millions d'euros, doit être examinée vendredi par le tribunal de commerce de Pontoise (Val d'Oise) qui pourrait mettre sa décision en délibéré.

L'avis des représentants du personnel doit auparavant être recueilli jeudi lors d'un comité d'entreprise qui promet d'être plus que houleux.

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