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Banque : l'UFC épingle les paiement SEPA

Des distributeurs de billets de banque, le 29 avril 2012 à Paris [Loic Venance / AFP/Archives] Des distributeurs de billets de banque, le 29 avril 2012 à Paris [Loic Venance / AFP/Archives]

L'association de consommateurs UFC-Que choisir, qui juge encore trop chers certains services bancaires fréquemment utilisés, s'est inquiétée mardi des possibles dérapages tarifaires et des problèmes de sécurité potentiels liés au SEPA, le nouveau système de paiement en cours de mise en place dans l'UE.

Si l'UFC a salué les avancées législatives de 2013 dans le secteur bancaire, qui ont permis de "réels progrès" en matière de tarification, elle déplore les hausses de tarif "injustifiées" de certaines opérations.

Ainsi, selon l'enquête réalisée auprès de 129 établissements en novembre et décembre 2013, sur les dix services les plus fréquemment utilisés par les clients, six ont vu leur prix augmenter depuis la dernière enquête d'octobre 2010, dont quatre plus fortement que l'inflation sur la même période.

Des écarts de tarifs impressionnants

"La hausse est parfaitement intolérable sur certains services très diffusés", comme les frais de tenue de compte (+99% en 4 ans) et les retraits "déplacés" (retraits d'argent effectués dans les distributeurs de banques concurrentes, +68%) "alors que leur prix aurait dû baisser suite à l'accord obtenu par l'Autorité de la Concurrence avec les banques en 2011", s'insurge l'association.

Les tarifs varient fortement d'une banque à l'autre: chez Boursorama et ING Direct, banques les moins chères du classement, les 10 services passés en revue sont gratuits.

En revanche, ces mêmes services coûteront plus de 360 euros aux clients de la Société Marseillaise de Crédit (groupe Crédit du Nord) et 295 euros à ceux de la Banque Dupuy de Parseval, banques les plus onéreuses du classement.

En général, banques en ligne et "assurbanquiers" (banques créées par des compagnies d'assurance) sont moins chers que les banques traditionnelles, mais ils ne sont pas accessibles à tous les clients, indique l'UFC.

En outre, l'association souligne que les tarifs varient en fonction du profil des consommateurs (jeune, actif, seniors boursicoteurs, etc.) et qu'à l'intérieur d'un même réseau, les différences tarifaires peuvent être "impressionnantes" en fonction de la région.

Par exemple, les 10 services passés en revue par l'UFC sont facturés 145 euros au Crédit Agricole Aquitaine, mais le même client paiera 216 euros au Crédit Agricole Morbihan.

L'association, qui appelle à la vigilance, met son comparateur bancaire en libre accès sur son site jusqu'à fin janvier.

L'UFC alerte en outre sur les conséquences pour le consommateur du passage au SEPA, le nouveau système de paiement européen qui devrait entrer en vigueur au 1er février, même si la Commission européenne a récemment proposé d'accorder un délai de tolérance jusqu'au 1er août, vu le retard pris dans certains pays pour sa mise en place.

 
 

Crainte de fraudes

"La règle du jeu pour le consommateur français va beaucoup changer" notamment en ce qui concerne les prélèvements, estime Maxime Chipoy, chargé des questions bancaires à l'UFC.

Là où le client envoyait auparavant deux autorisations de prélèvement, l'une à la banque et l'autre au fournisseur, sous le nouveau système la banque ne reçoit plus d'autorisation, ce qui réduit sa visibilité, explique-t-il.

Cela soulève des problèmes de sécurité, pour l'UFC, qui souligne que les fraudeurs se détournent de plus en plus de la carte bleue pour aller vers le prélèvement.

Au Royaume-Uni, où l'autorisation unique est utilisée depuis 10 ans, les fraudes par prélèvement sont ainsi passées de 1% en 2000 à 10% en 2010, selon l'UFC.

Pour pallier cette faille de sécurité, l'Europe a introduit un système de liste noire, où le client déclare à sa banque les fournisseurs qui ne peuvent pas le prélever, et de liste blanche, avec les prélèvements autorisés.

Or, "les banques sont tout autant avares d'information qu'elles sont avides de tarification", dénonce Alain Bazot, président de l'UFC, qui craint en outre que le SEPA ne s'accompagne "de nouvelles facturations et/ou de la persistance de facturations désormais illégitimes".

Une femme retire de l'argent dans un distributeur à Paris [Loic Venance / AFP/Archives]
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Une femme retire de l'argent dans un distributeur à Paris
 

Pour s'en assurer, l'UFC a saisi le régulateur bancaire ACP pour qu’il "contrôle et sanctionne le non-respect par les banques de la règlementation relative au SEPA".

"Pour les particuliers, le passage des virements et prélèvements au format SEPA est (presque) imperceptible", s'est défendu la Fédération bancaire française dans un communiqué, assurant que les banques ont "largement informé" leurs clients.

Elle assure que les clients bénéficient "de délais confortables pour contester les prélèvements non autorisés".

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