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Altran: la course au chiffre des anciens dirigeants en correctionnelle

Le siège d'Altran en septembre 2009, à Levallois-Perret [Eric Piermont / AFP/Archives] Le siège d'Altran en septembre 2009, à Levallois-Perret [Eric Piermont / AFP/Archives]

Huit anciens dirigeants d'Altran comparaissent à partir de mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris, accusés d'avoir manipulé la comptabilité du groupe de conseil et d'ingénierie pour satisfaire à des objectifs trop ambitieux.

Les faits datent de plus de douze ans et ont déjà valu une amende de 1,5 million d'euros à la société, infligée en 2007 par l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui a également prononcé des sanctions allant de 50.000 euros à un million à l'encontre de six des prévenus.

Créé en 1982 par deux ingénieurs, Alexis Kniazeff et Hubert Martigny, Altran n'avait jamais cessé de croître jusqu'au tournant des années 2000, grâce à son modèle original de conseil en innovation. Introduite à la Bourse de Paris dès 1987, son action franchissait brièvement, le 1er mars 2000, le seuil symbolique des 100 euros.

Mais en 2001, la bulle internet éclate et les attentats du 11 septembre achèvent de retourner la conjoncture. Altran risque de ne pas atteindre les objectifs ambitieux qu'il s'est fixé, après avoir augmenté de 46% son chiffre d'affaires l'année précédente.

Pour sauver la face devant les investisseurs, les dirigeants mettent en place un système de fausses factures, qui doit gonfler artificiellement l'activité du groupe.

Le réseau touffu des dizaines de filiales du groupe facilite l'exercice.

Selon un rapport d'experts missionnés par Philippe Courroye, qui instruisait le dossier au départ, sur l'ensemble de l'exercice comptable 2001 et le premier semestre 2002, le chiffre d'affaires aurait été surévalué de 105,2 millions d'euros.

Le chiffre n'a cependant pas été repris par le juge Patricia Simon dans son ordonnance de renvoi et reste discuté.

Selon plusieurs des membres qui y siégeaient, la stratégie incriminée avait été définie en comité de direction. Cette assertion est réfutée par les deux fondateurs, qui participaient pourtant à ces réunions.

L'origine du projet et la responsabilité exacte de chaque dirigeant ne sont pas précisément établis.

Informations fausses ou trompeuses

MM. Kniazeff et Martigny sont renvoyés pour diffusion d'informations fausses ou trompeuses sur les perspectives de la société, faux et usage de faux et présentation au marché de faux comptes en connaissance de cause. Ce dernier chef est passible de la peine la plus lourde, jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.

Sont également renvoyés pour ce même chef, l'ancien directeur général en charge de la communication financière, Michel Friedlander, l'ancien directeur financier, Alain Rougagnou, et l'ancien directeur général, Frédéric Bonan, tous membres du comité de direction.

La société Altran a également été renvoyée en correctionnelle pour diffusion d'informations fausses ou trompeuses, ainsi que pour faux et usage de faux.

Après une période d'instabilité en 2002, 2003 et 2004, le groupe est reparti de l'avant à coups d'évolutions stratégiques majeures. Il a réalisé un chiffre d'affaires de 1,45 milliard d'euros en 2012.

Le parcours est plus chaotique en Bourse. Après avoir chuté à 1,74 euro en mars 2009, le titre flirte avec les 6,50 euros, loin des sommets de 2000.

MM. Martigny et Kniazeff ont abandonné leur mandat d'administrateur respectivement fin septembre 2004 et mi-mai 2005. Ils détenaient encore, fin 2012, chacun 4,82% du capital d'Altran.

Initialement soupçonnés de délit d'initiés, les deux fondateurs ont bénéficié d'un non-lieu sur ce volet de l'affaire.

Le procès devait initialement se tenir au printemps 2013 mais a été renvoyé après le suicide, en mars de la même année, de l'avocat Olivier Metzner, qui défendait M. Kniazeff.

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