En direct
A suivre

Excédés par les travaux, des locataires saisissent la justice

Un immeuble HLM [Eric Feferberg / AFP/Archives] Un immeuble HLM [Eric Feferberg / AFP/Archives]

Depuis près d'un an et demi, ils disent vivre un "cauchemar": 74 locataires d'une HLM à Fresnes (Val-de-Marne) ont décidé d'assigner leur bailleur devant la justice, excédés par de trop ambitieux travaux qui ont fait de leur résidence un "chantier permanent".

Sur les réseaux sociaux, à l'intérieur des logements ou sur la façade de l'immeuble qui surplombe depuis 1962 la vallée de la Bièvre, l'exaspération des locataires se lit sur des banderoles. "Locataires otages", "chef d'oeuvre en péril", "ruines à louer à prix coûtant".

"J'ai tellement honte que je n'invite plus personne chez moi (...) Tout l'appartement est à refaire intégralement", maugrée Astrid.

Cette jeune mère de famille détaille au visiteur les différents désagréments et malfaçons dont fait l'objet son logement HLM: infiltrations d'eau au sol et sur les murs, installation baroque de tuyaux, chauffage par intermittence, moisissures et champignons dans la chambre des enfants.

"On nous manque de respect mais ce n'est pas grave car nous sommes de simples locataires HLM", grince la trentenaire.

Avec 73 autres locataires de cette résidence qui compte 251 logements, elle a décidé d'assigner devant le tribunal d'instance de Villejuif le bailleur, Toit et Joie, une filiale du groupe La Poste en vue d'une indemnisation. Une audience est prévue le 30 janvier.

L'objectif des travaux de réhabilitation de l'immeuble, entamés à l'été 2012, ne manquait pourtant pas d'ambition et de promesse: isolation des façades, suppression des balcons pour agrandir les salons, remise aux normes de l’électricité, économies d'énergie, suppression des demi-étages et adaptation des ascenseurs, construction de huit maisons sur le toit.

"C'est Bagdad"

"Du socle sombre à l’évanescence du garde-corps de l’attique, les tons +champagne+ du métal se déclinent et s’interpénètrent graduellement", narre la fiche technique du projet sur le site du cabinet d'architectes qui envisage de donner à ce bâtiment des allures de "lingot changeant".

Las, le plan complexe de cet immeuble construit par André Chatelin à qui l'on doit le musée de La Poste à Paris, l’ampleur des travaux réalisés dans des logements occupés et la multiplication parfois stupéfiante des malfaçons, ont fait de la résidence "un chantier permanent" selon Valérie Morin, à la tête du groupement de locataires, un "cauchemar intégral" pour Maguy Deck, responsable départementale de l'association CLCV (Consommation, logement et cadre de vie).

"C'est Bagdad", ironise une locataire, alors que les travaux sur la façade ont été stoppés en octobre et devront probablement être entièrement refaits, retardant de plusieurs mois la fin des travaux.

"Des problèmes de cette ampleur ne sont pas habituels. Dès le début, le maire avait dit qu'il serait peut-être plus pertinent de procéder autrement", à savoir envisager la destruction totale du bâtiment, glisse-t-on à la mairie de Fresnes, qui soutient les locataires.

"Nous n'avons jamais souhaité que ces difficultés passent en justice. Nous faisons face à des malfaçons. Je suis du côté des locataires. L'assignation ne change rien", commente Michèle Attar, directrice générale de Toit et Joie, objet de toutes les récriminations des locataires mécontents.

"Je passe plus de 30% de mon temps sur cette affaire. Je suis exaspérée et désolée des malfaçons. Je ne crois pas être le seul bailleur à avoir des problèmes. J'essaye de faire reprendre le chantier et ma priorité est de finir les travaux".

Des propositions de relogement ont été faites à certains locataires.

Une seule certitude, le montant des travaux, compris entre 15 et 18 millions d'euros, devrait connaître un sérieux dépassement.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités