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Océane : l'accusé accepte son crime

Un véhicule de police transportant Nicolas Blondiau arrive à la cour d'assises du Gard à Nîme, le 16 décembre 2013 [Pascal Guyot / AFP] Un véhicule de police transportant Nicolas Blondiau arrive à la cour d'assises du Gard à Nîme, le 16 décembre 2013 [Pascal Guyot / AFP]

Nicolas Blondiau, un père de famille de 27 ans, a de nouveau reconnu avoir violé et tué Océane, une fillette de 8 ans qu'il connaissait, à Bellegarde en novembre 2011, au premier jour de son procès lundi devant la cour d'assises du Gard.

"Vous êtes accusé de meurtre sur mineur de quinze ans, accompagné ou suivi d'un autre crime, un viol. Reconnaissez-vous les faits?", lui a demandé à l'ouverture la présidente Geneviève Perrin.

"Oui", a murmuré Blondiau, qui venait d'écouter la lecture de l'ordonnance de mise en accusation en se tenant la tête entre les mains.

Dans une ambiance sous haute tension, l'accusé était arrivé un peu plus tôt dans la salle d'audience vêtu d'une doudoune gris anthracite, cheveux clairs et coupés ras, le front dégarni. Il s'est exprimé d'une voix à peine audible pour décliner son identité.

"Ne me regarde pas", lui a crié le père de la victime, alors qu'il s'installait sur le banc des parties civiles en face de lui, son épouse à ses côtés. Le couple est accompagné de deux psychologues pour les audiences.

Le lendemain de la découverte du cadavre, Blondiau était allé voir le père pour lui promettre qu'on retrouverait le meurtrier.

L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité, qui peut être assortie d'une peine de sûreté de 30 ans, soit la condamnation la plus lourde inscrite au code pénal français.

Tête penchée, il a suivi d'un regard fixe, lundi, les témoins qui se sont succédé à la barre. A un moment, il a envoyé un petit baiser à son ex-concubine et mère de deux de ses trois enfants.

"C'est quelqu'un au profond mal-être, une personnalité mal structurée", a noté l'enquêtrice de personnalité Karine Poulain-Lebon, à laquelle il avait décrit une "enfance malheureuse" perturbée par la séparation de ses parents. Et s'il peut être "sérieux, motivé", il est aussi considéré comme "manipulateur" et "gros consommateur d'alcool".

'No man's land psychologique'

Pour l'expert-psychologue Philippe Robardev, Blondiau, inférieur à la moyenne en terme d'intelligence, souffre de "troubles de caractère". Selon lui, il reconnaît ce qu'il a fait mais n'a pas d'explication. "Il lui est difficile de s'expliquer. Il y a un no man's land psychologique", a estimé l'expert, assurant qu'il existe un "fort risque de récidive" car il a une forme de "prédation perverse" et "ne cherche pas à aller mieux".

Pour la seconde expert-psychologue, Danièle Cani, Nicolas Blondiau n'est toutefois pas un "grand pervers". "Il ne banalise pas son acte. +J'en fais des cauchemars+, m'a-t-il dit. Il redoute d'être face aux parents et n'imagine pas ce qu'il leur dirait", a-t-elle tempéré, assurant ne pas "noter la complaisance ni la jouissance que l'on retrouve chez les grands pervers". "Ce n'est pas quelqu'un qui se situe dans l'affirmation de la toute-puissance", a-t-elle encore affirmé.

Bernard Blondiau est venu, lui, défendre l'image de son fils Nicolas, qui aimait ses enfants.

Une idée insupportable pour les parents d’Océane. "Stop", ont-ils supplié.

Le 5 novembre 2011, vers 18h30, Océane était partie chez un ami de la famille récupérer un jeu vidéo, à 200 m de son domicile. Le corps de l'enfant avait été retrouvé le lendemain, sur un chemin à 3 km du centre du village, pantalon baissé.

L'autopsie avait mis en évidence que la fillette avait été étranglée et avait reçu quatre coups de couteau, dont un mortel au cœur.

Lundi, le gendarme Mauro Roselli a rappelé que l'accusé s'était présenté à la gendarmerie le soir du 8 novembre, demandant à subir un prélèvement ADN, "prétextant ne plus se souvenir de ses activités" le soir du crime. Il a dit ne se rappeler que de "son réveil au volant" de son véhicule, "dans un parking".

Il a ensuite expliqué son amnésie par "sa consommation d'alcool", a ajouté le gendarme, et reconnu avoir avoué le meurtre à sa concubine "par peur" des analyses ADN que les enquêteurs envisageaient alors d'imposer à toutes les connaissances de la victime.

Blondiau a été incriminé par les expertises génétiques. "Il tue pour ne pas être dénoncé", a relevé un second gendarme, Patrick Caro.

Les réquisitions de l'avocat général et le verdict sont attendus mardi.

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