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Adélaïde aura une sépulture "digne" à Berck

Des fleurs déposées sur la tombe d'Adélaïde, à Boulogne-sur-Mer le 9 décembre 2013 [Pauline Bayart / AFP] Des fleurs déposées sur la tombe d'Adélaïde, à Boulogne-sur-Mer le 9 décembre 2013 [Pauline Bayart / AFP]

Sans existence légale durant sa courte vie, la petite Adélaïde, tuée à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais), aura droit à une reconnaissance après sa mort: la mairie de Boulogne-sur-Mer va lui offrir une sépulture "digne", alors qu'elle était enterrée sous X dans le carré des indigents.

Livrée par sa mère à la marée montante sur la plage, la fillette a été retrouvée noyée au matin du 20 novembre par des pêcheurs de crevettes. Elle a été inhumée vendredi dans l'urgence avec les indigents du cimetière de l'Ouest à Boulogne-sur-Mer, sans pierre tombale ni plaque à son nom.

Jamais inscrite à l'état civil, née à domicile, Adélaïde, 15 mois, ne sera reconnue légalement que lorsqu'un jugement lui donnera une date de naissance et une identité. "Elle n'aura jamais d'acte de naissance. Pour lui créer un état civil, il faudra un jugement déclaratif de naissance", a expliqué Nathalie Bany, procureur adjoint de Boulogne-sur-Mer. Une procédure civile est en cours.

Mais la maire de Boulogne-sur-Mer, décrivant une inhumation en "urgence absolue" dans le carré des indigents, a dit lundi lors d'un point presse son souhait d'"offrir une sépulture digne à cette enfant, victime du pire des drames".

"J'ai d'ores et déjà sollicité le procureur à cet effet. En solidarité, la ville de Boulogne-sur-Mer prendra à sa charge les frais de sépulture et de fleurissement de la tombe de cette enfant", a déclaré Mireille Hingrez-Céréda (PS) lors d'une brève allocution.

La municipalité de Saint-Mandé (Val-de-Marne), d'où est originaire Adélaïde, a elle aussi proposé lundi d'offrir "une sépulture décente à la petite fille dans la ville où elle aurait dû vivre sa vie et s'épanouir comme tous les enfants", selon les mots du maire UMP Patrick Beaudouin.

La famille de l'enfant a choisi Boulogne-sur-Mer parce que son corps y reposait.

Seuls la grand-mère maternelle d'Adélaïde, qui vit en Espagne, son grand-père maternel domicilié en France, un prêtre et des employés du cimetière étaient présents vendredi pour cette inhumation rapide et sans cérémonie.

L'abbé Frédéric Duminy a expliqué à l'AFP avoir lu un texte de la Bible avant la mise en terre du "petit cercueil blanc": "Tu es à moi, je ne t'oublierai jamais, je t'ai gravée sur la paume de mes mains", a-t-il récité.

 

Une sépulture jonchée de fleurs

Un bouquet de fleurs déposé le 30 novembre 2013 en hommage à la fillette retrouvée morte à Berck-sur-Mer [François Lo Presti / AFP/Archives]
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Un bouquet de fleurs déposé le 30 novembre 2013 en hommage à la fillette retrouvée morte à Berck-sur-Mer
 

"C'était assez impressionnant, ce petit mont de terre dans le quartier des indigents où il n'y avait ni plaque, ni croix, ni rien", a relaté l'abbé. "J'ai déjà célébré des funérailles d'enfants, de jeunes, d'ados, mais je n'ai jamais connu ça".

Depuis, des anonymes affluent pour fleurir le modeste rectangle de terre meuble : fleurs mais aussi statuettes d'angelots, gerbes, couronnes, et autres ours en peluche jonchent la sépulture, a constaté une journaliste de l'AFP.

La mère d'Adélaïde, Fabienne Kabou, 36 ans, a été mise en examen pour assassinat et écrouée à la maison d'arrêt de Sequedin (Nord).

Cette Française d'origine sénégalaise a avoué s'être rendue à Berck - un nom "triste" à ses yeux - pour "mettre fin aux jours de son enfant". Elle a été interpellée le 29 novembre à Saint-Mandé, au domicile de son compagnon, un homme de 63 ans.

En l'absence de tout document légal, ce sont des tests ADN qui ont établi avec certitude que cet homme est le père de l'enfant, a annoncé le parquet lundi. Adélaïde serait née chez lui le 9 août 2012.

Les enquêteurs, qui l'ont entendu, n'ont "rien pour le mettre en cause", a précisé le parquet.

Peu après l'arrestation de la mère, certains voisins, décrivant une femme discrète, confiaient n'avoir jamais croisé d'enfant en sa compagnie. La fille aînée du compagnon avait déclaré au journal Le Parisien qu'elle n'en avait appris l'existence que par la médiatisation de l'affaire.

Selon le parquet, Mme Kabou a avancé des problèmes d'incompatibilité entre la prise en charge de la fillette et sa vie de couple.

"Cette enfant n'était pas nécessairement désirée. Elle avait été une bonne surprise pour (la mère), peut-être pas forcément pour le père", avait avancé Me Fabienne Roy-Nansion, l'avocate de Mme Kabou: "Je pense qu'elle était profondément seule".

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