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Les gens du voyage en manque de stationnements d'hiver

Des personnes de la communauté Rom à Villeneuve d'Ascq, le 25 octobre 2013 [ / AFP/Archives] Des personnes de la communauté Rom à Villeneuve d'Ascq, le 25 octobre 2013 [ / AFP/Archives]

Confrontés à une pénurie aiguë de places de stationnement d'hiver, indispensables pour la scolarisation de leurs enfants, et aux tensions avec les riverains, plusieurs représentants nantais des gens du voyage ont, dans une démarche rare, convoqué la presse pour tenter d'enrayer l'escalade et trouver une solution.

"Les gens du voyage ne souhaitent pas être en stationnement illicite: nous comprenons le désarroi des chefs d'entreprise, des riverains, on le comprend, mais nous n'avons pas fait ce choix d'être dans ces situations et on ne nous fait aucune proposition de stationnement licite", a expliqué lors d'une conférence commune à plusieurs associations vendredi à Nantes Christophe Sauvé, président de l'Association nationale des gens du voyage chrétiens.

"Or nous, on a la population qui commence à crier tout haut ce qu'elle pensait depuis longtemps, c'est-à-dire, +Dégagez!+", a-t-il raconté. "Moi, on m'a traité de parasite! Mais c'est pas vrai, on n'est pas des parasites, on cherche à trouver des solutions", s'est-il étranglé.

Outre les 168 places qui manquent encore sur l'agglomération par rapport aux prévisions démographiques du schéma départemental des aires de stationnement, les gens du voyage doivent faire face cet hiver, pour cause de réfection, à la perte temporaire de 42 places sur 211, soit 25% de la capacité d'accueil.

Selon M. Sauvé 200 familles, dont les enfants sont scolarisés sur l'agglomération nantaise, n'ont aujourd'hui pas de solution licite de stationnement.

Plusieurs dizaines se sont donc installées sur des parking d'entreprises ou de particulier entraînant des tensions croissantes.

"Les gens du voyage souffrent de cette situation, on n'est pas là pour s'insulter les uns les autres", a regretté Tony Elgritt, vice-président de SOS Gens du Voyage.

"Les situations sont intolérables, on ne peut pas continuer, nos enfants grandissent avec l'idée que la société ne veut pas d'eux", a souligné Yannick Peron, le président de l'association départementale des gens du voyage citoyen de Loire-Atlantique.

"On n'est pas plus délinquants que les autres", a-t-il ajouté, réclamant que les noms des délinquants soient cités individuellement et non désignés par leur appartenance à leur communauté lorsqu'ils sont Gens du voyage.

Français depuis le XVème siècle

Outre la demande que les élus et la préfecture de Loire-Atlantique trouvent rapidement une solution temporaire pour compenser les 42 places manquantes, les représentants des gens du voyage ont rappelé la solution: des "terrains familiaux". Cela règlerait, selon eux, beaucoup de problèmes y compris celui de la construction des aires de stationnement, très lente du fait des nombreux recours de riverains.

En Loire-Atlantique, les gens du Voyage possèderaient selon eux environ 2.000 "terrains familiaux", mais la législation leur interdit d'aller y stationner, même temporairement et d'y faire installer l'électricité, l'eau et les sanitaires, sous peine de tout faire enlever et remettre en état sous astreinte judiciaire.

"Sur les terrains familiaux, nous demandons juste à avoir l'autorisation de nous poser pour le temps de scolarité, on ne demande pas à ce que ces terrains deviennent constructibles", a estimé Yannick Peron.

"J'ai fait 28 mois d'Algérie, j'ai défendu ma Patrie mais je n'ai pas droit au courant électrique" sur mon terrain, a regretté Wasso Ferret, de l'Association Asnit (Association sociale internationale tzigane).

"Nous sommes convaincus que le terreau de nos problèmes se trouve dans le stationnement. On est des Français depuis le XVème siècle: nous voulons que notre situation soit prise en compte", a-t-il ajouté.

"Si on n'a pas de stationnement, il n'y a pas de scolarisation des enfants, on organise l'analphabétisation de nos enfants et donc leur exclusion sociale", a-t-il encore regretté.

"On voudrait qu'on arrête de nous diaboliser, de nous voir comme une population envahissante", a aussi regretté Alice Januel, ancienne président de l'ANGVC, présente à la conférence de presse. "C'est simple, pour trouver de nombreuses aires de stationnement qu'on nous a construites jusqu'ici, il suffit de chercher la déchetterie, ce n'est jamais loin..."

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