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L'Elysée dément vivement la thèse d'un "cabinet noir"

Nicolas Sarkozy salue le nouveau président, François Hollande, à Paris le 15 mai 2012 [Eric Feferberg / AFP/Archives] Nicolas Sarkozy salue le nouveau président, François Hollande, à Paris le 15 mai 2012 [Eric Feferberg / AFP/Archives]

L'hebdomadaire Valeurs actuelles affirme que la présidence de la République a effectué illégalement des recherches dans les archives électroniques protégées de l'ancien président Nicolas Sarkozy, des accusations vivement démenties par l'Elysée, qui répond avoir simplement coopéré avec la justice.

 

Selon le magazine de droite, "une cellule officieuse veillait à orchestrer les affaires judiciaires contre Nicolas Sarkozy", et serait responsable de "fuites" dans la presse en rapport avec celles-ci, notamment celle concernant Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais, actuellement en cours d'instruction.

Valeurs actuelles s'appuie sur le témoignage de l'ex-chef du service des télécommunications et de l'informatique de l'Elysée, Bernard Muenkel, qui assure avoir été rétrogradé pour avoir "refusé de se plier à une demande illicite de la part du +cabinet noir+ de l'Elysée".

Selon M. Muenkel, qui a depuis quitté la présidence, le commandant militaire de l'Elysée, le colonel Bio-Farina, aurait exigé de lui qu'il fasse une recherche dans les archives de l'ancien chef de l'Etat.

Dans un communiqué, la présidence de la République voulant "rétablir la vérité des faits", déclare avoir "été saisie, au printemps dernier, de trois réquisitions judiciaires auxquelles il a été répondu dans le strict respect du droit".

Ces réquisitions, auxquelles l'AFP a eu accès, concernaient notamment, précise-t-elle, les instructions ouvertes concernant "la mise en œuvre d’une procédure d’arbitrage entre le Consortium de Réalisation (CDR) et les liquidateurs des sociétés de Bernard Tapie" et pour "prise illégale d’intérêt à l'occasion de la fusion des Caisses d’Epargne et des Banques Populaires", une affaire où est visé François Pérol, l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée. Par ailleurs, selon d'autres documents consultés par l'AFP, des réquisitions similaires ont été adressées dans l'affaire Tapie au ministère de l'Intérieur et à Matignon.

"La présidence de la République n'a fait qu'exécuter les réquisitions adressées par les juges d'instruction. En aucun cas, elle n'est allée au-delà des demandes des juges", affirme le communiqué de l'Elysée.

"Manipulation grossière"

"Ce qui est quand même extravagant dans l'article de Valeurs actuelles, c'est que si on ne l'avait pas fait (transmettre les documents), nous étions en faute. Quand on reçoit une réquisition d'un juge d'instruction, on y répond, on essaie de trouver les éléments demandés par le juge d'instruction et si on les a, on les communique", a souligné auprès de l'AFP, un proche du président Français Hollande. "Vous imaginez l'Elysée ne pas répondre à la loi? C'est une manipulation grossière", a ajouté un autre, jugeant que l'hebdomadaire s'est acharné à "travestir les faits".

L'AFP a pu consulter une annexe d'une de ces réquisitions comportant une liste de noms sur lequel le juge demandait à l'Elysée de fournir des documents. Cette liste est publiée par Valeurs actuelles avec comme commentaire "l'attaque est ciblée sur la Sarkozie".

Parmi ces noms figurent ceux de Bernard Tapie, Christine Lagarde (ex-ministre de l'Economie, actuellement directrice générale du FMI), Claude Guéant (ex-secrétaire général de l'Elysée), François Pérol (ex-secrétaire général-adjoint), Patrick Ouart (ex-conseiller juridique), Maurice Lantourne (avocat de M. Tapie).

Selon un document consulté par l'AFP, les services de la présidence de la République ont transmis des listes d'entrée et sortie à l'Elysée pour certains des protagonistes de l'affaire. Il apparaît ainsi que Bernard Tapie s'y est rendu à de multiples reprises entre le 13 juin 2007 et le 18 avril 2012. Selon Valeurs actuelles, l'Elysée n'a pas respecté un protocole signé entre Nicolas Sarkozy et le ministère de la Culture destiné à protéger les archives de l'ancien président.

La droite s'est immédiatement emparé de l'affaire pour attaquer l'Elysée. "Ce qui a été publié par Valeurs actuelles est absolument délirant", a affirmé le président de l'UMP Jean-François Copé, lors du bureau politique (BP) hebdomadaire de son parti, selon plusieurs participants. Il s'est également étonné des "pratiques d’un gouvernement et d’un président de la République qui nous a expliqué qu’il incarnait la morale. Au-delà de la manière dont notre pays est gouverné, qui indigne la quasi-totalité des français, cette pratique est extrêmement grave, elle est totalement illégale".

"C’est un scandale d’Etat", a pour sa part affirmé Xavier Bertrand. "Cela montre que l’obsession anti-Sarkozy n'est certainement pas morte, et que pour Hollande, tous les moyens sont bons pour chercher encore et encore à faire mal à Nicolas Sarkozy".

Pour Daniel Fasquelle, député, secrétaire national UMP, "les professeurs de vertu sont une nouvelle fois pris en flagrant délit d'atteinte à nos institutions et à nos principes républicains. L'acharnement anti-Sarkozy continue d'obséder Hollande et le PS".

"Vous semblez nostalgiques de cette période de chasse aux sorcières (...) ces temps sont révolus", a répondu à l'UMP la ministre de la Justice Christiane Taubira, interrogée sur ce dossier lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

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