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Les agriculteurs se mobilisent contre l'écotaxe

Un agriculteur membre de la FNSEA manifeste contre l'écotaxe, le 22 octobre 2013 à Eslettes, dans le nord-ouest de la France [Charly Triballeau / AFP] Un agriculteur membre de la FNSEA manifeste contre l'écotaxe, le 22 octobre 2013 à Eslettes, dans le nord-ouest de la France [Charly Triballeau / AFP]

L'écotaxe a cristallisé la colère de nombreux agriculteurs mardi en Normandie, dans l'est de la France, dans le sud-ouest et en région parisienne, des manifestations étant prévues dans tout le pays contre cette taxe pour les poids lourds qui doit entrer en vigueur le 1er janvier.

 

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a reconnu en milieu de journée qu'il y avait "certainement des choses à améliorer" dans sa mise en œuvre, contestée par la FNSEA, tout en niant qu'elle représente des "milliards et des milliards".

"J'entends bien les réticences... Il y a des sujets sur lesquels on est en train de regarder", a déclaré à la presse M. Le Foll selon lequel la taxe rapporterait "globalement en terme national autour de 400 millions, pas plus".

Mais selon la FNSEA, elle représenterait entre 1,3 et 1,8 milliard d'euros, a affirmé à l'AFP son secrétaire général, Dominique Barreau, pour qui cela correspond à "toujours plus de taxes, alors qu'on est en récession"! "Il n'y a qu'à compter les emplois derrière", a-t-il commenté.

Des poids-lourds passent sous un portail destiné à vérifier qu'ils ont réglé l'écotaxe, le 27 juin 2013, sur une autoroute près d'Armentières [Philippe Huguen / AFP/Archives]
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Des poids-lourds passent sous un portail destiné à vérifier qu'ils ont réglé l'écotaxe, le 27 juin 2013, sur une autoroute près d'Armentières
 

Répondant à l'appel à la mobilisation, des agriculteurs ont bâché dès l'aube, en Seine-Maritime, des bornes électroniques destinées à l'enregistrement des passages des poids lourds, ainsi qu'à La Haye, au nord-est de Rouen. Il n'y a eu aucun incident, ni perturbation de la circulation. La FDSEA de Seine-Maritime demande l'ajournement de la taxe, a dit son président, Arnold Puech d'Alissac.

En région parisienne, une cinquantaine d'agriculteurs et maraîchers ont organisé une opération escargot dans la matinée et distribué des salades aux automobilistes à proximité d'un portique, aux alentours de Fontainebleau (Seine-et-Marne).

Entre les champs, dans la grande plaine sableuse de Fontainebleau, et le marché en gros de Rungis, les maraîchers devront passer pas moins de cinq portiques, a assuré à l'AFP Gurvan Le Gall, directeur de la FDSEA de Seine-et-Marne.

"Là, on est vraiment dans le circuit court que le gouvernement veut promouvoir! Ils font 30 km en moyenne. Mais leurs tomates seront davantage taxées que celles qui viennent du Maroc", s'est-il insurgé.

Exempter les petits producteurs

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le 16 octobre 2013 à l'Assemblée nationale à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]
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Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le 16 octobre 2013 à l'Assemblée nationale à Paris
 

Selon lui, dans la région, l'écotaxe représentera un surcoût "de 30 à 50.000 euros par an pour les producteurs", a-t-il dit, rappelant que "depuis le début, on demande que les petits producteurs soient exemptés".

Dans l'Est, les agriculteurs ont bloqué provisoirement plusieurs axes routiers à l'aide de tracteurs et de camions. L'A31 a été coupée dans la matinée en Moselle où des agriculteurs se sont rendus en tracteur en direction d'un portique, à hauteur de la commune de Fey, selon la gendarmerie.

Dans la Meuse, des agriculteurs ont bâché le portique de Ligny-en-Barrois, provoquant la suspension de la circulation sur la RN4, un axe qui traverse tout le département, selon la FDSEA.

Portique partiellement bâché également à Pontorson (Manche) mais aussi dans le Maine-et-Loire, près de Cholet. "On vient de nous donner un coup de pouce avec le Crédit Impôt Compétitivité Emploi (CICE) mais si l'écotaxe est appliquée, elle représentera le double de ce qu'on y gagne", a dénoncé Pascal Levavasseur, président de l'Association régionale de la filière horticole et ornementale (ARFHO), qui redoute que son secteur connaisse à terme la même crise que l'agroalimentaire breton.

A Marans, au nord-est de La Rochelle (Charente-Maritime), c'est une dizaine de tracteurs qui ont ralenti la circulation en début d'après-midi. Là encore, les manifestants ont symboliquement bâché les bornes situées à la sortie de la ville.

Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, le 22 juillet à l'Elysée, à Paris [Pierre Andrieu / AFP/Archives]
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Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, le 22 juillet à l'Elysée, à Paris
 

Dans le Lot-et-Garonne, département très agricole, une délégation de la FDSEA a été reçue à la préfecture à Agen.

Même chose dans la Sarthe, où des représentants syndicaux et des dirigeants d'entreprises du secteur agroalimentaire ont rencontré le préfet, au Mans, et lui ont demandé la suspension de la taxe.

"La filière agroalimentaire est fragile en ce moment", a commenté Arnaud Degoulet, président d'Agrial, une coopérative regroupant 10.000 agriculteurs. "Ce n'est pas avec des cadavres qu'on va payer l'écotaxe", a-t-il dit à un correspondant de l'AFP.

En Bretagne, un portique a été abattu début août et deux autres ont été récemment sabotés. "Nous, on n'arrête pas de bouger depuis plusieurs semaines", a assuré à l'AFP Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère, en précisant que "d'autres actions d'autres jours" étaient envisagées.

 

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