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Les protestants français veulent se montrer pendant trois jours de fête

Claude Baty, le président de la Fédération protestante de France (FPF), le 5 mars 2009 à Paris [Gerard Cerles / AFP/Archives] Claude Baty, le président de la Fédération protestante de France (FPF), le 5 mars 2009 à Paris [Gerard Cerles / AFP/Archives]

Historiquement morcelé entre ses différents courants, écrasé par la prédominance du catholicisme et le poids médiatique de l'islam et du judaïsme, le protestantisme, troisième religion de France, organise à partir de vendredi à Paris ses journées "Protestants en fête", pour gagner en visibilité.

"Les protestants français sont de bons élèves, qui appliquent la loi et ne font peur à personne!", s'amuse Claude Baty, le président de la Fédération protestante de France (FPF). Cette discrétion expliquerait, selon lui, le relatif désintérêt autour de cette religion, qui compte 1,7 millions de fidèles dans le pays.

Mais désormais Claude Baty l'affirme haut et fort: les protestants français ont la "volonté de ne plus se cacher", ce qui constitue chez eux "une petite révolution".

Quatre ans après la première édition à Strasbourg, "Protestants en fête" a pour but de réactiver "un sentiment d'appartenance" autour de la laïcité, la famille, l'écologie et l'immigration, et doit permettre aux protestants de "s'identifier à un peuple", insiste le président du FPF, qui passera à cette occasion le relais à son successeur, le pasteur François Clavairoly.

Au programme de ces trois jours, pour les 30.000 participants attendus, expositions, débats, concerts, théâtre ou activités sportives.

Il s'agira aussi d'afficher une unité entre les deux grandes branches du protestantisme : les luthéro-réformés, famille historique, plutôt réservée et libérale, et les évangéliques, conservateurs et beaucoup plus militants.

"Depuis environ 30 ans, il y a une poussée évangélique certaine. C'est une branche assez enthousiaste, dynamique, avec des églises très colorées, qui touche notamment des personnes qui viennent des îles ou d'Afrique", détaille Eric Denimal, auteur de "Le protestantisme pour les nuls".

Selon cet ancien pasteur et théologien, "les historiques ont longtemps regardé les évangéliques avec dédain. Mais aujourd'hui, il y a moins de crispations. La Fédération protestante de France (qui compte en son sein un tiers d'églises évangéliques) s'est ouverte."

L'exemple des musulmans

Le Conseil national des évangéliques de France (Cnef), qui dit représenter 70% des églises évangéliques du pays, a d'ailleurs été invité à participer à l'organisation de "Protestants en fête".

"Tous les évangéliques qui se sont engagés dans des animations et du bénévolat l'ont fait sans se poser de questions. C'était l'occasion de témoigner leur foi", assure Thierry Le Gall, directeur de la communication du Cnef.

Pourtant, les points de démarcation entre luthéro-réformés et évangéliques sont bien réels, ne serait-ce que sur les questions éthiques.

Selon un sondage Ifop réalisé pour la FPF, 36% des protestants estimaient en 2010 que les couples homosexuels devaient "pouvoir être bénis par les églises". Mais dans le détail, une forte disparité existe entre les luthéro-réformés, qui étaient 46% à s'y déclarer favorable, et les évangéliques, qui n'étaient que 14%.

"Lors de la mobilisation des églises contre le projet de mariage pour les personnes de même sexe, un certain nombre d'évangéliques se sont retrouvés plus proches des catholiques dans la défense des valeurs traditionnelles de la famille, et du mariage en particulier", concède Thierry Le Gall.

"Il y a une nouvelle militance chez les catholiques de France qui ressemble fort à une militance que l'on voit chez les évangéliques en général", renchérit Eric Denimal, estimant cependant que le dynamisme évangélique influence aussi la branche historique du protestantisme.

"La visibilité des évangéliques pousse les luthéro-réformés à dire qu'ils existent encore", assure-t-il.

Claude Baty concède que les évangéliques aient pu constituer "une stimulation" pour les églises protestantes plus anciennes. "Mais ce qui a bousculé le paysage français, ce sont les musulmans, qui sont arrivés comme des religieux qui n'avaient pas l'intention de mettre leur drapeau dans leur poche", ajoute-t-il.

"Ca a secoué les autres, provoqué une sorte d'électrochoc. Avant, c'était toujours compliqué d'oser dire sa foi dans la société laïque, il y avait beaucoup de craintes et de prudence."

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