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AZF, 12 ans après

Une personne dépose des fleurs devant le mémorial des victimes de l'explosion de l'usine AZF, le 21 septembre 2011 à Toulouse [Rémy Gabalda / AFP/Archives] Une personne dépose des fleurs devant le mémorial des victimes de l'explosion de l'usine AZF, le 21 septembre 2011 à Toulouse [Rémy Gabalda / AFP/Archives]

Douze ans après l'explosion de l'usine chimique AZF à Toulouse, la commémoration de la catastrophe du 21 septembre 2001 a réuni samedi environ 500 personnes, en ordre dispersé comme chaque année, signe d'une division persistante sur l'explication du sinistre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Samedi, les ex-salariés de l'usine, dont l'association "Mémoire et Solidarité" conteste la vérité judiciaire, étaient sans doute un peu plus nombreux que les autres associations de victimes, opposées au groupe pétrolier Total, un peu démobilisées après leur victoire judiciaire de 2012.

La cour d'appel de Toulouse a tranché onze ans de combats judiciaires le 24 septembre dernier en estimant que le directeur de l'usine Serge Biechlin et son propriétaire, Grande Paroisse (groupe Total), étaient coupables d'homicides involontaires, ayant causé la mort de 31 personnes et fait plusieurs milliers de blessés en raison de négligences dans la gestion des déchets.

Mais M. Biechlin et Total refusent toujours l'explication officielle selon laquelle ces manquements auraient permis la rencontre de deux produits incompatibles (nitrate d'ammonium et produits chlorés) à l'origine de l'explosion.

Ils sont engagés dans un combat pour la cassation de l'arrêt de la cour d'appel en invoquant sa "partialité" et leurs défenseurs n'excluent pas d'aller jusque devant la Cour européenne des Droits de l'homme, contre l'arrêt condamnant Serge Biechlin à trois ans de prison, dont un an ferme et 45.000 euros d'amende, et la société à 225.000 euros d'amende.

Sur le site de l'ancienne usine, les ex-salariés étaient plus de 200, avec M. Biechlin, pour fleurir la stèle dédiée aux 21 employés morts dans l'explosion, à 100 mètres du lieu de la commémoration officielle et un quart d'heure avant que les élus et les autres associations n'y déposent leur propre gerbe après énumération des noms des 31 personnes décédées, à 10h17, heure précise du drame.

Une cinquantaine de membres de l'association des Sinistrés du 21 septembre, radicalement opposée à Total, manifestaient comme chaque année à part, à deux kilomètres du site, décidés à ne pas rejoindre le site officiel "tant que Total ne sera pas définitivement condamné".

En marge de la commémoration, le maire de Toulouse Pierre Cohen (PS) a assuré que mardi allaient débuter sur le site les travaux de construction de deux bâtiments destinées l'un à Mémoire et solidarité, l'autre au reste des associations ainsi que la réalisation d'un "parcours de mémoire". Il a assuré que leur inauguration pourrait avoir lieu le 21 septembre 2014.

Plusieurs associations étaient absentes, lasses d'attendre ces réalisations: le comité de défense des victimes, en cours de dissolution, et "Plus jamais ça (PJC)" .Cette dernière association reste toutefois dans le combat pour la condamnation de Total, comme l'association de "Victimes endeuillées" de Gérard Ratier, présent samedi et celle des "sinistrés du 21 septembre", décidées à faire barrage à l'industriel devant la cour de cassation.

Serge Biechlin y recevra l'appui de Mémoire et Solidarité. "Notre association reste partie prenante en s'engageant pour contester l'invraisemblable décision de justice" a lancé son président Jacques Mignard. Interrogé par l'AFP, M. Biechlin a salué ses anciens salariés, et a ajouté: "la vérité judiciaire ne les satisfait pas et ils ont bien raison".

Premier round de ce dernier combat, la cour de cassation dira mardi si elle accepte ou non de transmettre au conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de la défense mettant en cause "l'imprécision" de la notion de "faute caractérisée" dans la loi Fauchon du 10 juillet 2000 au nom de laquelle M. Biechlin a été condamné.

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