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AZF: les dissensions au rendez-vous de la commémoration

Vue en date du 21 septembre 2001 de l'enceinte de l'usine pétrochimique AZF, le 21 septembre 2001 dans la banlieue sud de Toulouse [Eric Cabanis / AFP/Archives] Vue en date du 21 septembre 2001 de l'enceinte de l'usine pétrochimique AZF, le 21 septembre 2001 dans la banlieue sud de Toulouse [Eric Cabanis / AFP/Archives]

Les Toulousains sont appelés à se recueillir samedi sur le site d'AZF pour le douzième anniversaire de la catastrophe, mais une fois de plus la commémoration sera affectée par les discordes.

La condamnation de l'industriel en 2012 et les efforts déployés par la municipalité n'ont pas suffi à réconcilier tout le monde dans la mémoire des 31 personnes tuées et les milliers d'autres blessées le 21 septembre 2001 par le plus grave accident industriel depuis la Seconde Guerre mondiale.

Une figure historique des associations de victimes, Guy Fourest, a décidé de boycotter la cérémonie prévue samedi.

Cérémonie en hommage aux victimes de l'explosion de l'usine AZF, le 21 septembre 2011 à Toulouse [Remy Gabalda / AFP/Archives]
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Cérémonie en hommage aux victimes de l'explosion de l'usine AZF, le 21 septembre 2011 à Toulouse

M. Fourest, président du Comité de défense des victimes d'AZF en cours de dissolution, accuse la municipalité de ne pas protéger le site. Celui-ci a fait l'objet de dégradations imputées aux gens du voyage ou aux roms et pris parfois des airs de dépotoir.

M. Fourest s'indigne de la présence de dizaines de caravanes et que le monument inauguré en 2012 ait été badigeonné. "Il faut savoir si c'est un site de mémoire ou un site pour les gens du voyage", dit M. Fourest, braqué contre la municipalité depuis le dixième anniversaire à cause d'une querelle sur l'emplacement d'une stèle.

Le maire socialiste Pierre Cohen se défend de négliger le site. Il reconnaît que celui-ci souffre "d'incivilités à répétition". "A chaque fois, on répare et on porte plainte", dit-il à l'AFP.

La municipalité dit également s'employer à valoriser le site face aux anciens salariés d'AZF et aux victimes extérieures, si profondément divisés sur les responsabilités ou le travail de mémoire. La justice a rendu en 2012 une décision "qui a satisfait le plus grand nombre d'associations, c'est pourquoi je ne comprends pas ce genre de réaction", dit M. Cohen.

La cour d'appel de Toulouse a condamné le 24 septembre 2012 Grande Paroisse (exploitant de l'usine, filiale du groupe pétrolier Total), et l'ex-directeur d'AZF pour homicides involontaires par négligence ou imprudence. En revanche, la cour a jugé irrecevable la demande de poursuites contre Total et son ancien PDG Thierry Desmarest.

L'association des sinistrés du 21 septembre, qui manifestera comme toujours à l'écart du rassemblement principal, refuse que Total "échappe à sa condamnation".

Des membres du comité "Plus jamais ca ni ici ni ailleurs" manifestent le 21 septembre 2011 à Toulouse [Remy Gabalda / AFP/Archives]
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Des membres du comité "Plus jamais ca ni ici ni ailleurs" manifestent le 21 septembre 2011 à Toulouse

Quant à l'association "Plus jamais ça", elle ne sera pas du tout présente. Elle voudrait aussi que Total soit condamné, tout comme l'Etat, et réclame la création d'un parcours pédagogique sur le risque industriel pour "donner un sens" à la catastrophe.

L'association de familles endeuillées, présente à la cérémonie officielle, ne peut que constater que les dissensions se sont "fossilisées", selon les termes de l'avocate Stella Bisseuil qui la représente, entre des salariés qui remettent en cause la thèse de l'accident industriel et les associations de victimes qui croient à un accident chimique dû à la négligence de Grande Paroisse.

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