En direct
A suivre

Comment travaille Bison Fûté ?

Circulation dense le 27 juillet 2013 sur l'A10 à Massy [Fred Dufour / AFP] Circulation dense le 27 juillet 2013 sur l'A10 à Massy [Fred Dufour / AFP]

Samedi, vous allez perdre votre premier jour de vacances dans les bouchons, comme des millions de Français. Pas de quoi émouvoir Bison Fûté, rôdé à la gestion des journées classées "noires" dans son antre de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

"On tient la France avec quelques ordinateurs", lance le lieutenant-colonel de gendarmerie Ghislain de Sars, l'un des responsables du centre national d'information routière (Cnir), le "cerveau" de Bison Fûté.

Derrière lui, cinq gendarmes et policiers, devant leurs ordinateurs, gardent leur flegme à l'approche du grand rendez-vous annuel, le samedi de chassé-croisé entre vacanciers juilletistes et des aoûtiens.

Soudain, dans ce bâtiment de briques rouges accolé à un ancien fort militaire, un coup de feu fend le silence. La routine : c'est le signal sonore annonçant l'arrivée d'un email urgent sur l'écran du chef de salle.

Son ordinateur et ses troupes - tous "à l'aise et débrouillards avec l'outil internet" - compilent les informations sur des accidents ou des ralentissements en France qui remontent essentiellement des forces de l'ordre et des sociétés d'autoroute, via des centres régionaux.

Des gendarmes devant leurs ordinateurs le 22 novembre 2011 à Saint-Grégoire dans la salle opérationnelle du Centre Régional d'Information et de Coordination Routières (CRICR) de l'Ouest [Damien Meyer / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Des gendarmes devant leurs ordinateurs le 22 novembre 2011 à Saint-Grégoire dans la salle opérationnelle du Centre Régional d'Information et de Coordination Routières (CRICR) de l'Ouest
 

Des centaines de boucles magnétiques enfouies sous la chaussée pour compter le nombre des voitures qui passent et leur vitesse, et des caméras de surveillance complètent le système. 24 heures sur 24, 365 jours par an, l'information est répercutée sur le site internet, un numéro vert ou encore à la radio.

Le travail du petit Indien d'Amérique, imaginé par un publicitaire qui a "falli l'appeler Gertrude ou Timothée", voire en faire "une girafe", s'est automatisé.

La distribution de cartes des "itinéraires bis", des petites routes évitant les axes les plus bouchonnés, a été abandonnée, ringardisée par internet et la multiplication des autoroutes de délestage. Une carte de France et des aimants pour marquer les points chauds est reléguée dans un coin de l'amphithéâtre.

L'avis des grenouilles

L'ancienne salle d'appel, pleine à la grande époque du bruit des opérateurs qui répondaient au téléphone aux automobilistes coincés dans les bouchons, est abandonnée au silence.

Le produit phare de la maison est aujourd'hui le calendrier annuel, avec ses journées noires, rouges, orange ou vertes. Sa fabrication commence un an à l'avance, dans le bureau de Marie-Christine Dandonneau, responsable du pôle trafic.

Sitôt les dates de vacances scolaires connues, "on fait tourner nos modèles mathématiques" pour deviner, à partir de l'affluence des années passées, celle du cru à venir. "Ensuite, on affine avec l'avis de nos grenouilles", les correspondants locaux sur le terrain "qui sentent la circulation" en fonction des conditions sur place, explique-t-elle.

Une science faillible: "on s'est trompés sur le premier week-end des vacances cette année", reconnaît-elle, la faute comme souvent à la météo, qui décide les gens à anticiper ou retarder leur départ.

Mais les bouchons estivaux dantesques - 60.000 voitures à touche-touche sur 600 km de RN10 en août 1975 avaient décidé l'Etat à lancer Bison Fûté - ne sont plus qu'un souvenir. Les difficultés se concentrent désormais plutôt sur les quelques jours de chutes de neige exceptionnels.

Moins de bouchons, c'est moins de stress et cela "participe à l'amélioration de la sécurité" routière, fait valoir M. de Sars, soulignant aussi que "plus on fluidifie (le trafic), moins on pollue".

Contrairement à d'autres pays, la France a gardé dans le giron de l'Etat, qui la finance, l'information routière, relève M. de Sars. Les données sont gratuitement mises à disposition de tous les opérateurs privés, éditeurs de sites internet ou constructeurs de GPS. Eux peuvent les faire fructifier.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités