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Enquête complexe à Tours sur un double infanticide

Une voiture entre dans la base aérienne 705, le 30 juillet 2013 à Tours [Jean-François Monier / AFP] Une voiture entre dans la base aérienne 705, le 30 juillet 2013 à Tours [Jean-François Monier / AFP]

Une militaire a été incarcérée la semaine dernière après avoir avoué être la mère de deux nouveau-nés dont les cadavres ont été découverts sur le site de la base aérienne 705 à Tours, mais l'état "très dégradé" des corps complique l'enquête.

Caporal-chef âgée de 32 ans, la mère présumée des deux nouveau-nés, actuellement enceinte de huit mois selon les médecins qui l'ont examinée, a été mise en examen vendredi pour homicides volontaires sur mineurs, a déclaré à l'AFP Philippe Varin, procureur de la République à Tours.

Mère d'une fille de 14 ans, elle a été placée en détention provisoire. "On pouvait craindre, vu son état de grossesse très avancé, une récidive et aussi qu'elle tente de mettre fin à ses jours", a expliqué le procureur, évoquant une femme qui "vit seule" et "semble avoir des problèmes psychologiques".

Les deux cadavres ont été découverts mardi 23 juillet dans un casier, non attribué, près des cuisine de la base aérienne. C'est l'odeur émanant de ce casier qui a alerté le personnel. A l'intérieur, deux sacs en plastique contenant des cadavres de nouveau-nés "dans un état très dégradé" ont été découverts, entraînant l'ouverture d'une enquête confiée à la gendarmerie de l'air.

L'autopsie a démontré que les bébés n'étaient pas jumeaux. Vraisemblablement, l'un des nourrissons était né il y a environ un an, et le second il y a trois ou quatre ans.

Avisée qu'on s'intéressait à elle, la militaire s'est présentée à la gendarmerie. "Elle a tout de suite indiqué qu'effectivement, elle avait eu deux nouveau-nés qu'elle avait tués, ce sont ses termes", a précisé le procureur.

"Elle décrit une manœuvre d'accouchement d'une grossesse qu'elle a peut-être découverte fortuitement", a-t-on précisé de source proche de l'enquête. La jeune femme, qui travaillait au mess, le restaurant militaire, "ne donne pas le sentiment de connaître ou d'identifier le père ou les pères des nouveau-nés", a-t-on ajouté.

Des enfants "viables tous les deux"

Photo prise le 30 juillet 2013 d'une route menant à la base aérienne 705, à Tours [Jean-François Monier / AFP]
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Photo prise le 30 juillet 2013 d'une route menant à la base aérienne 705, à Tours

"On est sur des enfants qui ont été expulsés naturellement, autant qu'on puisse le dire" à ce stade de l'enquête, a souligné cette source. "Il n'y a rien qui implique une interruption délibérée de la grossesse", a-t-on précisé.

Et, selon cette source, le stade de développement des nouveau-nés "les rendait viables tous les deux".

Mais l'état des cadavres laisse plusieurs questions sans réponse. Quel âge avaient les enfants? Il s'agit de "nouveau-nés, peut-être plus ou moins prématurés", a-t-on indiqué de même source. "Les enfants ont-ils pu respirer? On ne sait pas. Sont-ils morts-nés ? On ne sait pas non plus", a-t-on ajouté. Des compléments d'expertise seront donc nécessaires, comme seront nécessaires de nouvelles expertises psychologiques de la mère présumée.

Celle-ci n'explique pas pourquoi elle a apporté les corps à la base aérienne. "Il n'y a pas eu de phénomène de congélation, qui aurait d'ailleurs permis de retrouver les corps dans un autre état que celui dans lequel on les a découverts", a souligné la source proche de l'enquête. "Ils ont été entreposés dans des conditions qui ne permettaient pas d'avoir cette préservation. D'où l'état extrêmement dégradé auquel on a été confronté la semaine dernière lors de la découverte."

Le commandement de la base militaire 705, énorme installation chargée de la surveillance de tout le quart nord-ouest de la France, où travaillent quelque 1.700 militaires et 160 civils, est resté muet sur ce double infanticide.

Cette affaire intervient dans le département d'Indre-et-Loire, sept ans après celle "des bébés congelés de Séoul". Un père de famille avait par hasard découvert dans le congélateur de la villa familiale, dans la capitale sud-coréenne, les corps de deux nouveau-nés. Sa femme, Véronique Courjault, devait reconnaître trois infanticides -un en France, deux en Corée du Sud- pour lesquels elle a été condamnée en 2009, à Tours, à 8 ans d'emprisonnement. Détenue pendant près de quatre ans, elle a été libérée en mai 2010.

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