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Enthoven : "L'actualité ne doit pas dicter les sujets de philo"

Raphaël Enthoven.[JACQUES DEMARTHON / AFP]

Les 665 000 candidats au bac ont planché ce lundi 17 juin sur la philosophie. L'épreuve, qui ouvre traditionnellement la semaine d'examens, a été regardée avec intérêt par Raphaël Enthoven. 

Le philosophe et animateur sur France Culture et Arte trouve les sujets interessants mais regrette que certains fassent écho à l’actualité dont l’affaire Cahuzac.

 

Parmi les sujets proposés lequel vous inspire le plus ?

J’aurais bien aimé tomber sur celui liant morale et politique. Il conduit à une réflexion intéressante : comment faire de la politique sans se prévaloir de faire le bien pour la collectivité  ? Ce serait alors se priver des moyens d'y accéder... Mais, la morale n’en souffre d’aucun compromis, alors qu'en politique, en faire est un art. Comme l'avez bien résumé Daniel Cohn-Bendit au moment du débat sur le Traité européen en 2005 : "mieux vaut la moitié de quelque à la totalité de rien".

 

Il n'y a donc pas de morale en politique ?

Si bien sûr. Mais, elle doit servir de repères. Elle ne doit pas gouverner la politique. L'affaire Cahuzac en ce point illustre parfaitement le sujet. Face à l'indignation collective, la classe politique a déplacé le débat sur le terrain de la morale et est tombée dans un débat cynique sur la moralisation de la vie publique. Personne n'est contre. La question est devenue ouvertement démagogique. 

 

Ce sujet semble effectivement inspiré par l’affaire Cahuzac. Selon vous, philosophie et actualité font ils bon ménage ? 

Dans un sens, c’est une bonne chose de montrer aux élèves que la philosophie n’est pas une discipline oiseuse, déconnectée de la réalité. L’actualité est un matériau noble. C'est même profitable d'invoquer l'actualité pour montrer que l'on s'intéresse aux questions contemporaines.

En revanche elle ne doit pas dicter les sujets. Les questions que pose la discipline doivent rester intemporelles. Par exemple, «Etre libre est-ce faire ce qu’on veut ?» est une réflexion que l’on se pose depuis toujours.

 

Mais, n’est-ce pas une façon de la rendre plus accessible à des adolescents ?

La philosophie doit permettre d’éveiller une conscience. A la fin de l’année, les élèves sont jugés sur la cohérence de leur pensée. Leur avis ne doit pas devenir critère pour les corrections. Les professeurs jugent surtout la cohérence de la pensée. Or, face à un tel sujet, c’est tentant de donner son avis ou son opinion plutôt que d’élaborer une réflexion. 

 

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