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Pôle emploi : l'accompagnement des chômeurs jugé "peu efficace"

Une employée de Pôle Emploi aide un homme dans une agence [Jeff Pachoud / AFP/Archives] Une employée de Pôle Emploi aide un homme dans une agence [Jeff Pachoud / AFP/Archives]

"Trop peu efficace", l'accompagnement des chômeurs "doit être repensé" et "simplifié", estime un rapport parlementaire présenté mercredi, qui encourage Pôle emploi à intensifier une "réorganisation en profondeur" du travail des agents et veut faire de la région le "chef de file de l'insertion professionnelle".

Le niveau record d'inscrits à Pôle (3,26 millions en métropole) impose de "faire cette simplification dont on parle depuis longtemps", a souligné devant la presse la députée PS Monique Iborra, rapporteure de la mission d'information sur Pôle emploi et le service public de l'emploi.

La députée a appelé tous les acteurs (Pôle emploi, missions locales, collectivités...) "à un véritable changement d'état d'esprit", "plus opérationnel et moins administratif".

A Pôle emploi, en première ligne, ce changement est "possible", estime Mme Iborra. Mais une "augmentation des moyens ne saurait suffire", une "réorganisation en profondeur" est nécessaire.

Constituée de 14 parlementaires de tous bords et présidée par Dominique Dord (UMP), la mission a auditionné entre mi-décembre et mai plus d'une centaine de personnes et mené des visites dans 5 régions.

Au final, elle formule 39 propositions, dont plus d'une trentaine concernent Pôle emploi, né fin 2008 sur du regroupement de l'ANPE et des Assédic.

Cette fusion a laissé "des traces" qui "nuisent encore aujourd'hui à la qualité du service rendu au demandeur d'emploi". Ce dernier doit "revenir au premier plan", insiste la mission.

Pour commencer, tout chômeur doit ressortir de son rendez-vous d'inscription avec une "estimation du montant de son indemnisation", exige la mission.

La députée Monique Iborra présente le rapport de la Mission de la commission des affaires sociales sur Pôle-emploi le 5 juin 2013 à Paris [Thomas Samson / AFP]
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La députée Monique Iborra présente le rapport de la Mission de la commission des affaires sociales sur Pôle-emploi le 5 juin 2013 à Paris
 

Regrettant que les demandeurs d'emploi "perdent plusieurs mois avant que leur suivi ne débute", elle souhaite que Pôle emploi réduise ce délai à "moins de quatre mois" après l'inscription.

Le chômeur "ballotté"

Comme le médiateur de Pôle emploi, les élus réclament la fin des radiations automatiques en cas d'absence à convocation, au profit d'une "gradation" des sanctions, voire un "sursis". Les chômeurs devraient être représentés au Conseil d'administration, souhaitent-ils également.

Sur le fond, Pôle emploi doit travailler dans "une logique plus personnalisée", "moins administrative", et développer des "équipes spécialisées", notamment pour collecter les offres d'emploi, explique Mme Iborra.

Le nouveau suivi des chômeurs lancé début 2013, différencié selon leurs profils, va "dans le bon sens", "Pôle emploi est en évolution", a-t-elle ajouté en se félicitant aussi de la "liberté plus grande laissée aux conseillers".

La mission préconise en outre la présence de travailleurs sociaux du département dans les agences et l'envoi de correspondants de Pôle emploi dans les conseils généraux. Moyen d'aboutir à "une prise en charge globale, professionnelle et sociale" des chômeurs cumulant souvent les difficultés (financières, logement, etc).

Mais au-delà, "il faut simplifier le paysage". Confronté à un "maquis d'institutions et d'instruments", de "sous-traitances en cascade", le chômeur est trop souvent "ballotté", constate la mission. Pour un résultat médiocre: les dispositifs tendant "parfois à se justifier en eux-mêmes, le retour à l'emploi passant au second plan".

Pour simplifier, les députés proposent donc de faire de la région le "chef de file" d'un "service public d'insertion pour l'emploi".

A côté de Pôle emploi, le service unifié serait chargé d'"un accompagnement plus large", englobant la formation, l'orientation et l'apprentissage.

Concrètement, la mission recommande d'unifier missions locales, plans locaux pour l'insertion et l'emploi (PLIE) et écoles de la deuxième chance. Seules les associations et entreprises d'insertion, et Cap emploi, partenaire de Pôle emploi pour les chômeurs handicapés, pourraient rester "à part".

Les maisons de l'emploi créées en 2005 doivent, elles, "évoluer" pour devenir des "agences économiques", estime le rapport, qui ne va pas jusqu'à réclamer leur suppression.

Enfin, la mission demande aussi aux partenaires sociaux d'"impérativement" viser "la simplification des règles d'indemnisation du chômage", lors de la négociation prévue à l'automne, "tant cette complexité pèse sur le fonctionnement de Pôle emploi et sur le service rendu aux chômeurs".

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