Hélène Mandroux célèbrera mercredi le premier mariage homosexuel. La maire PS de Montpellier exprime sa "joie" et son "soulagement".
Pourquoi avez-vous souhaité être le premier maire à célébrer un mariage homosexuel ?
J’ai souhaité, non pas être le premier maire, mais concrétiser mon engagement pour le mariage pour tous et la lutte contre les discriminations. Je suis engagée depuis longtemps dans ce combat, depuis l’appel de Montpellier (une pétition lancée le 14 novembre, ndlr) et le mariage symbolique que j’avais célébré pour Tito et Florent en novembre 2011.
Une fois la loi votée, il était logique que nous soyons parmi les premiers à ouvrir nos portes aux futurs époux et épouses, surtout après le long et difficile débat que nous avons connu.
Vous attendiez-vous à ce qu’il soit si long ?
La France, malgré sa révolution en 1789, reste parfois très conservatrice. Rappelez-vous les longs débats pour accorder le droit de vote aux femmes, la peine de mort, l’IVG. Ce débat sur le mariage pour tous était nécessaire car il a posé des questions justes et a permis à chacun de s’interroger sur les fondements de la société. Mais aujourd’hui, les Français sont lassés de toutes ces manifestations.
Quel sentiment vous anime aujourd’hui ?
Avant tout, un sentiment de joie car il s’agit de célébrer un acte d’amour. Un sentiment de fierté ensuite pour Montpellier et les Montpelliérains. Mais c’est aussi un sentiment de «soulagement» de voir notre République permettre enfin à des personnes de bénéficier des mêmes droits que les autres. J’ajoute que ce sont autant de sentiments que je partage avec beaucoup d’autres maires.
Que direz-vous au couple que vous marierez mercredi ?
Le discours que je prononcerai, sera un discours de cœur car le mariage est l’union de deux êtres qui s’aiment. Ce sera aussi un discours sur l’engagement que ces deux futurs époux doivent tenir quant au respect et la bienveillance de l’un pour l’autre. Ce sera enfin un discours sur la tolérance, car souvenons-nous de ce que nous disait Voltaire : «le sommet de l’intolérance, c’est se battre pour que l’autre n’est pas les mêmes droits que soi».
Craignez-vous des manifestations d’hostilité lors de la célébration de ce mariage ?
Les dispositifs que nous mettons en place avec la Préfecture seront adaptés pour accueillir dans les meilleures conditions les deux ministres, Mmes Najat Vallaud-Belkacem et Dominique Bertinotti mais aussi pour que la cérémonie soit respectée. Nous resterons donc respectueux de l’esprit de cette célébration républicaine et des mariés. Il serait intolérable que des individus ou groupes viennent gâcher cette fête.
Redoutez-vous que la mobilisation des antis se poursuive ?
Je respecte ceux qui contestent cette loi, mais il est inacceptable de le faire avec violence. Une majorité de Français et de députés ont approuvé la loi. Il s’agit de l’appliquer tout simplement. Y compris par tous les maires de notre pays. Soyons sérieux : cette loi ne pourra pas être annulée, car comment démarier des couples ou changer l’état civil des enfants ?
Le mariage de Bruno et Vincent est une première qui ouvre la voie. Dès samedi prochain, je célèbrerai deux nouveaux mariages pour tous comme d’autres.
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