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Mediator : le tribunal a entendu les premières victimes

Jacques Servier, le 21 mai 2013 devant le tribunal correctionnel de Nanterre, le jour de l'ouverture de son procès [Lionel Bonaventure / AFP] Jacques Servier, le 21 mai 2013 devant le tribunal correctionnel de Nanterre, le jour de l'ouverture de son procès [Lionel Bonaventure / AFP]

Le procès du Mediator, qui avait tourné court il y a un an pour des questions de procédure, s'est finalement poursuivi mercredi avec les premières auditions de victimes, le tribunal correctionnel de Nanterre ayant décidé d'examiner le fond de l'affaire.

Les avocats des laboratoires Servier avaient bataillé mardi pour obtenir un renvoi voire une annulation pure et simple du procès, sans y parvenir.

Le principal prévenu, Jacques Servier, 91 ans, fondateur du groupe pharmaceutique, était absent pour raisons de santé au deuxième jour des débats prévus jusqu'au 14 juin. Il compte "faire le maximum" pour y assister afin de "montrer son respect envers les victimes et envers le tribunal", a précisé le porte-parole des laboratoires Servier, Lucy Vincent.

"Je regrette son absence", a réagi mercredi l'un des conseils des parties civiles, Me Jean-Christophe Coubris, espérant qu'il sera présent "le jour où la présidente du tribunal décidera de l'entendre".

La porte-parole des laboratoires Servier, Lucy Vincent (au centre), devant le tribunal correctionnel de Nanterre, le 21 mai 2013 [Lionel Bonaventure / AFP]
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La porte-parole des laboratoires Servier, Lucy Vincent (au centre), devant le tribunal correctionnel de Nanterre, le 21 mai 2013
 

"Je suis content pour les victimes. M. Servier est très âgé et l'affaire, il faut qu'elle avance maintenant", a déclaré à l'AFP José Ré, président de l'association Avimediator, qui représente plus de 1.000 victimes dont plusieurs se sont constituées parties civiles à Nanterre.

"Il faut que M. Servier soit condamné pour ce qu'il a fait. Je ne pense pas qu'il ira en prison, mais rien qu'une condamnation de principe serait primordiale", a-t-il ajouté.

La pneumologue Irène Frachon, la première à avoir alerté sur la nocivité du médicament, et qui doit être entendue jeudi en tant que témoin, a salué quant à elle une décision "courageuse", appréciant le fait que Jacques Servier doive maintenant "s'expliquer face à un juge sur des faits de tromperie aggravée".

"C'est une bonne chose. A Nanterre, cela va aller beaucoup plus vite qu'à Paris où la procédure est plus longue. Le but c'est que cela se finisse le plus vite possible", a affirmé en marge de l'audience l'une des victimes, Michel Due. Cet homme de 70 ans explique "vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête", après avoir été opéré du coeur pour cause de valvulopathie (déformation des valves cardiaques).

"Goût amer"

Le pneumologue brestoise Irène Frachon, le 21 mai 2013 à son arrivée au tribunal correctionnel de Nanterre [Lionel Bonaventure / AFP]
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Le pneumologue brestoise Irène Frachon, le 21 mai 2013 à son arrivée au tribunal correctionnel de Nanterre
 

Dans les rangs des parties civiles, la poursuite du procès ne fait toutefois pas l'unanimité.

Pour Me Coubris, il s'agit d'une "victoire pour les victimes, mais qui risque d'avoir un goût amer", car le procès représente un "danger" pour l'instruction menée en parallèle à Paris et qui porte entre autres sur les mêmes faits.

Me Patrick Maisonneuve, conseil de la Mutualité française, partie civile dans le dossier, regrette lui aussi que le procès se déroule "faute d'éléments techniques et scientifiques suffisants".

Pour Me François Honnorat, qui défend des victimes, cette décision est au contraire "une satisfaction profonde (...) dans un dossier de santé publique compliqué".

Quelque 700 parties civiles demandent réparation à Nanterre, sans attendre l'issue de l'instruction menée par le parquet de Paris, une situation "aberrante" selon Me Hervé Temime, conseil de Jacques Servier.

A la barre, l'une d'entre elles, Lydie Le Moaligou, 56 ans, a raconté avoir consommé du Mediator pendant onze ans pour régler un problème de thyroïde sur les conseils d'un médecin. "Mon cardiologue m'a expliqué que mon coeur travaillait plus mais pour encore combien de temps ?", s'est-elle interrogée.

 
 

M. Servier est jugé aux côtés d'Alain Le Ridant, pharmacien en chef du groupe, et de trois responsables de Biopharma, l'une des filiales des laboratoires Servier.

Les prévenus encourent quatre ans de prison et une amende de 75.000 euros. Servier et Biopharma, en tant que personnes morales, encourent une amende de 375.000 euros, ainsi que l'interdiction d'exercer.

Les débats reprennent jeudi à 9h30.

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