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Reclus de Monflanquin: l'inexplicable passage sous l'emprise de Tilly

De gauche à droite, les avocats des Védrines Benoît Ducos-Ader, Daniel Picotin et Edouard Martial, le 22 avril 2013 à Bordeaux [Mehdi Fedouach / AFP/Archives] De gauche à droite, les avocats des Védrines Benoît Ducos-Ader, Daniel Picotin et Edouard Martial, le 22 avril 2013 à Bordeaux [Mehdi Fedouach / AFP/Archives]

Les Védrines, riche famille du Sud-Ouest ruinée par un présumé "gourou", ont peiné mercredi devant la Cour d'appel de Bordeaux à restituer, ou même s'expliquer comment pendant près de dix ans, ils ont pu tomber sous l'emprise du prévenu provocateur.

"Si Tilly avait été le pitre qu'il est depuis le début de la semaine ici, je ne serais pas aujourd'hui à ce procès." "On a ici l'impression d'être chez Guignol, mais il n'était pas comme ça quand on l'a connu. Dès qu'on était pas d'accord avec lui, c'était colère, menaces et haussements de voix..".

Tour à tour, Philippe de Védrines, sa belle-soeur Christine, sa nièce Diane, ont expliqué à la Cour à quel point le Tilly du procès, ce "mythomane mystificateur" doté selon les expertises psychiatriques d'une "hyper-adaptabilité" et d'une "excellente mémoire" , a pu les fasciner, gagner leur confiance, les enfermer dans une paranoïa de complot, puis les berner jusqu'à les spolier de plus de 4,5 millions d'euros.

Tilly, 49 ans, est jugé en appel après avoir été condamné à huit ans de prison en novembre par le tribunal correctionnel.

"Tilly surjoue, et c'est son stratagème. Son idée est de passer pour un guignol, car on ne peut tomber sous l'emprise d'un guignol, donc il n'y aurait pas d'abus de faiblesse", a estimé Me Nathalie Pignoux, une avocate des parties civiles.

"Il essaie de vous dire: si je suis un clown, comment voulez-vous que 11 personnes aient pu me suivre pendant 10 ans ?", appuiera Guillaume de Védrines, 35 ans, que Tilly utilisa comme son bras droit sur divers contentieux, et qui dit avoir été mené à "l'épuisement physique et psychologique", convaincu que Tilly voulait le tuer, pour lui faire porter un jour à titre posthume le chapeau d'escroqueries.

Lors d'une troisième journée d'audience qui s'est prolongée jusqu'à près de 21 heures les de Védrines ont tenté de mettre en mots la "fascination", le "côté charmeur", "hors normes", "à la réflexion, quasiment hypnotique", de cet homme qui s'est présenté à la fois comme quelqu'un "travaillant avec l'OTAN", "connaissant Jacques Chirac", et comme un gestionnaire de patrimoine, à qui "nous avons confié nos biens pour qu'il réalise des placements judicieux", expliquera Charles-Henri de Védrines.

"Votre intelligence était peut-être en jachère, mais nous n'aviez pas perdu le sens du profit," fera remarquer un dubitatif Me Alexandre Novion, menant une défense souvent sabotée par les affabulations ou les apostrophes de son client.

Le procès se poursuit jeudi avec les plaidoiries des parties civiles, et doit s'achever vendredi.

Tilly s'est dit résolu à se pourvoir éventuellement en cassation, et porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme.

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