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Spanghero à vendre : 300 salariés menacés

L'usine de Spanghero à Castelnaudary, dans l'Aude [Remy Gabalda / AFP/Archives] L'usine de Spanghero à Castelnaudary, dans l'Aude [Remy Gabalda / AFP/Archives]

Les craintes pour l'avenir de Spanghero et ses 300 emplois se sont concrétisées vendredi: l'entreprise de Castelnaudary (Aude) au coeur du scandale de la viande de cheval est en liquidation avec seulement trois mois d'activité assurée, elle va au-devant d'un plan social et est désormais à vendre.

Le tribunal de commerce de Carcassonne a prononcé vendredi la liquidation judiciaire avec continuité d'activité jusqu'au 19 juillet, et éventuellement encore trois mois supplémentaires.

Il ne s'agit pas d'une liquidation "totale et définitive", a insisté le président de l'entreprise, Barthélemy Aguerre. Mais les lendemains s'annoncent sombres. Lur Berri, coopérative basque et maison mère de Spanghero, a décidé de vendre, et les trois ou six mois à venir serviront à trouver un repreneur, a dit M. Aguerre dans un entretien avec l'AFP.

"On est dans la merde", lâchait une quadragénaire, à l'unisson d'un personnel sonné, à la sortie de l'usine, après une réunion d'information.

Depuis le scandale, "les clients ne commandent pas, on est à 30 ou 50% de commandes (...) et, bien évidemment, cela nous pose un problème de trésorerie important", a expliqué M. Aguerre.

Spanghero perd aujourd'hui 200.000 euros par semaine, a-t-il précisé.

"Nous pensons que la meilleure solution, c'est de mettre cet outil-là sur le marché pour que d'autres opérateurs rassurent le client", a-t-il dit. La procédure de mise en liquidation judiciaire avec poursuite de l'activité a été préférée au redressement parce qu'elle était plus favorable à un rachat, a-t-il assuré.

Interrogé sur les conséquences sociales, M. Aguerre a répondu que la décision d'un plan social appartenait à présent à l'administrateur judiciaire. Mais "il y aura obligatoirement (des retombées) à partir de la semaine prochaine", a-t-il déclaré, sans expliciter son propos.

Le président de Spanghero, Barthélemy Aguerre, le 15 février 2013 à Castelnaudary [Remy Gabalda / AFP/Archives]
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Le président de Spanghero, Barthélemy Aguerre, le 15 février 2013 à Castelnaudary
 

Quant au sort de l'entreprise dans l'éventualité où aucun repreneur ne se manifesterait, "c'est facile à deviner: si au bout de la période de trois mois, une fois renouvelable, il n'y a personne, il n'y a plus rien", a-t-il admis.

Il a réfuté que la maison mère abandonne Spanghero. Au contraire, elle va "accompagner" la reprise de la société qu'elle a elle-même rachetée en 2009 aux fameux rugbymen. "Lur Berri a fait le nécessaire (...) puisque nous avons racheté cette affaire à Laurent Spanghero en situation de faillite, nous l'avons redressée, nous avions un compte équilibré en 2012" et Lur Berri comptait sur de bons résultats en 2013. Quand le scandale a éclaté...

En février, Spanghero a été ouvertement accusée d'avoir joué un rôle capital dans un scandale d'ampleur européenne: dans son activité de vente de matière première de viande, elle aurait sciemment revendu pour du boeuf de la viande de cheval entrant dans la préparation de plats cuisinés, lui a-t-on reproché. En mars, s'ajoutait la révélation qu'on avait aussi trouvé chez Spanghero 57 tonnes de viande de mouton britannique prohibée.

L'entreprise a toujours protesté de sa bonne foi et dit avoir été victime des intermédiaires de la filière. Depuis février, elle a écarté son directeur de fait et annoncé l'instauration de tests ADN sur sa matière première.

Mais ces mesures n'ont pas suffi pour l'instant à faire revenir une clientèle parmi laquelle figurent des grands de la distribution.

 
 

Mais l'usine continue à tourner au ralenti. Et une enquête judiciaire en cours risque de faire à nouveau parler de Spanghero.

A la sortie de la réunion d'information du personnel, les salariés laissaient transparaître amertume et abattement.

Une femme en larmes lançait: "merci l'Etat". "Y en a qui ont fait bien pire et on ne leur fait rien", a-t-elle ajouté, exprimant un ressentiment très répandu contre l'administration et les médias qui auraient mis en danger 300 emplois en désignant l'entreprise à la vindicte publique et en faisant d'elle la seule responsable du scandale.

"On ne va pas se laisser faire, nous les salariés", lançait une autre. "On va se battre", assurait également Marie Favié, déléguée CFE-CGC. Mais pour elle comme pour José Marson, directeur informatique, il n'y a actuellement de travail que pour 80 personnes et un plan social devrait frapper l'entreprise dès la semaine prochaine.

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