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Quinze ans de réclusion pour deux évadés de la prison de Moulins

Reconstitution le 30 septembre 2009 de l'évasion de deux détenus en février 2009 de la centrale de Moulins-Yzeure [Thierry Zoccolan / AFP/Archives] Reconstitution le 30 septembre 2009 de l'évasion de deux détenus en février 2009 de la centrale de Moulins-Yzeure [Thierry Zoccolan / AFP/Archives]

Les deux auteurs de l'évasion à l'explosif de la centrale de Moulins en 2009 ont été condamnés jeudi à 15 ans de réclusion criminelle par les assises du Rhône, à l'issue de trois semaines d'un procès sur lequel a plané l'évasion de Redoine Faïd, samedi près de Lille.

Après plus de cinq heures de délibéré, la cour s'est montée plus clémente que le ministère public qui avait requis de 20 à 22 ans de réclusion à l'encontre de Christophe Khider, principal accusé, et de 18 à 20 ans pour son complice, Omar Top El Hadj.

Dans son réquisitoire, mardi, l'avocate générale Jacqueline Dufournet avait incité les jurés à ne pas se laisser influencer par l'évasion, dans des conditions similaires, du dangereux braqueur, Redoine Faïd, toujours en cavale.

Elle avait appelé à ce que ce procès ne se transforme pas en "procès de la prison", comme ont tenté de faire, parfois violemment, les deux principaux accusés.

"Ce n'est pas parce qu'un individu s'évade qu'il faut que tous les autres en subissent les conséquences. Parce que les conséquences sont trop lourdes pour eux", avait lancé la magistrate. Mais, avait-elle souligné, "la société ne peut accepter qu'il n'y ait pas une répression sévère de ces actes d'évasion".

Lors d'un parloir famille, le 15 février 2009, Christophe Khider et Omar Top avaient fait exploser deux portes blindées et pris la fuite avec deux surveillants en otages, libérés dans la soirée. Ils avaient été interpellés dans le Val-de-Marne, après 36 heures de cavale, au terme d'une course poursuite avec la police, au cours de laquelle Khider avait été sérieusement blessé.

Des peines de 5 ans de prison ont par ailleurs été infligées à la compagne de Khider, Sylvie Piciotti et à sa complice Nadia Kabouche, qui avait introduit dans cette centrale, considérée comme la plus sécuritaire d'Europe, explosifs, arme et munitions scotchés dans son dos, à l'insu des surveillants.

Cette femme de 32 ans, compagne d'un autre détenu, Eugène Baeb, également condamné à 5 ans de prison pour complicité, était en effet dispensée de passer sous le portique car elle portait des broches métalliques dans le dos.

"Il y a deux femmes en prison depuis quatre ans, l'une par amour et l'autre... par bêtise", avait résumé mercredi la défense de Khider, Me Bernard Ripert.

"Prêt à mourir pour s'évader"

Evoquant les conditions de détention de son client "pas meilleures" que "celles d'un camp de concentration", le belliqueux avocat avait assuré que ce dernier "était prêt à mourir pour s'évader, mais il n'était pas prêt à tuer".

Alors qu'il dissertait depuis près d'une heure, jeudi, "pour tout reprendre à zéro", Omar Top a été enjoint par le président de la cour à "synthétiser" en "cinq minutes".

"Tu me donnes cinq minutes et après tu me fais faire 20 piges", s'est exclamé l'accusé, aussitôt expulsé de la salle sous les clameurs de ses proches.

Au début du procès, l'ex-directeur de la centrale Bruno Fenayon avait justifié sa décision de laisser sortir les preneurs d'otages, pour éviter un "carnage".

"On n'est pas préparé à ces scènes de guerre et malgré tous les reproches faits dans le rapport de l'inspection pénitentiaire, j'ai l'impression d'avoir sauvé des vies car ça aurait pu être un carnage", avait déclaré M. Fenayon, partie civile, qui souffre depuis de "crises d'angoisse".

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