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"Shitland" : les trafiquants condamnés à Créteil

De la résine de cannabis [Philippe Huguen / AFP/Archives] De la résine de cannabis [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Vingt-cinq personnes ont été condamnées jeudi à des peines allant jusqu'à six ans de prison ferme pour leur implication dans un vaste trafic de cannabis dans la cité des Boullereaux à Champigny-sur-Marne, surnommée "shitland".

Dans un premier procès la semaine dernière, les juges avaient énoncé des peines allant jusqu'à sept ans ferme contre 19 protagonistes de ce vaste trafic d'herbe et de résine de cannabis, arrêtés après un premier coup de filet dans la cité en avril 2010.

Ce second procès était le fruit d'une deuxième vague d'interpellations, en septembre 2011, conduite par les policiers du Val-de-Marne qui avaient constaté la persistance du trafic.

Les peines les plus lourdes, de trois à six ans ferme, ont été prononcées contre les conducteurs de "go-fast", ces voyages express vers les Pays-Bas pour s'approvisionner en drogue, ainsi qu'à l'encontre des quatre personnes qui dirigeaient le réseau.

Les "nourrices", chargées de stocker la marchandise à leur domicile, ont presque toutes été condamnées à des peines de sursis. "Il s'agit d'un avertissement, le tribunal a été extrêmement clément et espère ne plus jamais vous revoir", a déclaré la présidente.

Enfin, une personne a été relaxée.

Pendant le procès, qui s'est étalé sur quatre jours, les juges se sont penchés sur les rôles des uns et des autres, filtreurs, guetteurs, vendeurs, dévoilant les coulisses d'une entreprise extrêmement bien rodée et très lucrative.

Supermarché de la drogue

Au cours de sa réquisition, le substitut du procureur Eric Neveu a décrit l'organisation pyramidale du réseau, composé de plusieurs filières: stockage, approvisionnement, distribution-vente. Ce commerce pouvait générer entre 10.000 et 30.000 euros de chiffre d'affaires par jour.

"On n'est pas sur un petit trafic de rue, on est sur un trafic qui a pourri l'existence d'un quartier", a déclaré le représentant du parquet.

Début mars, la procédure avait été ternie par la remise en liberté, à la faveur d'une erreur de calendrier, de dix personnes placées en détention provisoire.

Piqué au vif, le parquet de Créteil avait alors promis, avant même le début des débats, des réquisitions sévères. Ainsi, mercredi, le substitut du procureur avait demandé des peines jusqu'à dix ans ferme, soit le maximum légal.

L'un des avocats de la défense, Me Ahmed Naoui, avait alors dénoncé des réquisitions "qui s'apparentent à du lynchage (...) pour faire plaisir à l'opinion publique".

Après une première journée tendue, au cours de laquelle les prévenus ont tenté de minimiser leur degré d'implication , le reste du procès s'est déroulé dans un climat plus serein. Appelés à la barre, les jeunes hommes - et trois femmes - ont fait profil bas, assurant avoir tiré un trait sur leur vie de trafiquant.

"J'étais jeune et inconscient", "j'ai l'intention de changer", "je vais tout faire pour me réinsérer", a déclaré l'un d'eux, à peine âgé de 18 ans à l'époque des faits. Jeudi, le tribunal l'a condamné à une peine de quatre ans de prison assortie d'un mandat de dépôt.

A la fois supermarché de la drogue et commerce de proximité, la cité des Boullereaux était devenue un lieu incontournable du cannabis en Ile-de-France, le trafic pouvant drainer quotidiennement des centaines de clients attirés par la réputation du quartier.

Pris en charge dès la sortie du RER ou de l'autoroute, ils étaient escortés en toute sécurité jusqu'au "four", la cage d'escalier où s'organisait le deal.

Mais si les Boullereaux étaient un paradis pour les acheteurs, la vie dans la cité était devenue un enfer pour ses habitants, qui étaient constamment surveillés par les trafiquants et vivaient dans la peur des représailles.

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