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Salle de consommation de drogue à Paris : débats tendus

Des seringues dans une salle de consommation de drogue [Josep Lago / AFP/Archives] Des seringues dans une salle de consommation de drogue [Josep Lago / AFP/Archives]

La première réunion publique sur la future salle de consommation de drogue qui sera expérimentée à Paris près de la gare du Nord s'est tenue mercredi soir dans une ambiance tendue, même si le lieu d'implantation n'est pas encore fixé, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le gouvernement a donné début février son feu vert pour tenter l'expérience d'une salle de consommation de drogue à Paris, une première en France. Destinée aux toxicomanes de rue précarisés, elle doit leur permettre de consommer leurs drogues dans de bonnes conditions d'hygiène, sous supervision de personnels de santé, et de réduire les troubles à l'ordre public.

Devant un public partagé entre partisans et opposants au projet, le maire PS du Xe arrondissement Rémi Féraud a affirmé en ouverture des débats qu'il n'avait "pas encore trouvé de lieu", mais que "l'objectif était bien d'installer la salle dans le quartier Gare du Nord-Lariboisière". "On n'en veut pas", ont aussitôt crié certains riverains.

M. Feraud a précisé qu'il avait été demandé à la SNCF de "proposer un local", ce qu'elle n'a pas encore fait. "Il faut que cette salle soit proche de la scène ouverte", où se concentrent les toxicomanes, a-t-il dit, souhaitant qu'elle puisse "être ouverte avant l'été".

Dans un débat parfois couvert par les hués ou les applaudissements, ses détracteurs lui ont notamment reproché une "fausse concertation", alors que "la décision est déjà prise", et ont manifesté leurs inquiétudes de voir se concentrer les trafics de drogue autour de cette salle qui devrait être ouverte "7 jours sur 7, huit heures par jour", pour "150 passages par jour", selon Elisabeth Avril, directrice de l'association Gaia-France, qui défend le projet.

Plusieurs ont dénoncé des agressions de toxicomanes dont ils ont déjà été victimes, regrettant la faible présence policière dans le quartier. Myriam El Khomri, adjointe à la sécurité, a précisé qu'un renforcement des effectifs de police autour de la gare avait été demandé avec l'ouverture de la salle, assurant qu'il n'y aurait "pas de zone de non droit", où les forces de police ne pourraient pas aller.

Mais d'autres habitants ont estimé que cette salle pourrait "permettre de "limiter les dégâts", pour "accompagner les toxicomanes vers une sortie de l'addiction". "Il faut voir ce qu'on peut faire de positif, je crois qu'on peut soutenir ce projet", a estimé un enseignant. La présidente de l'association de riverains Action Barbès Elisabeth Carteron a réaffirmé son soutien à ce projet, qui "permet de prendre en charge les toxicomanes".

A la question de savoir ce qu'il adviendra des toxicomanes lorsque la salle fermera "à 19H30", Mme Avril a précisé que les horaires pourraient être adaptés mais que le pic de consommation de drogue tournait autour de 15H00.

"Pourquoi ne pas l'installer dans l'hôpital Lariboisière et ne pas dépenser de l'argent inutilement? ", a demandé un autre riverain, souhaitant un "vote citoyen" sur le sujet, tandis que l'élu UMP du Xe Serge Federbusch a dénoncé "une opération d'intoxication de la mairie".

"Sylvie Wieviorka, élue chargée de coordonner la mise en place de la salle, a précisé que le projet coûterait "entre 500.000 et un million d'euros par an". La ville de Paris et la région participeront à l'investissement, les frais de fonctionnement des trois ans d'expérimentation seront à la charge de la Sécurité sociale.

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