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Lycéen tué au Kremlin-Bicêtre : le difficile aveu de l'accusé

Une voiture de police passe, le 8 janvier 2010 au Kremlin-Bicêtre, devant le lycée où un élève a été tué [Bertrand Guay / AFP/Archives] Une voiture de police passe, le 8 janvier 2010 au Kremlin-Bicêtre, devant le lycée où un élève a été tué [Bertrand Guay / AFP/Archives]

Muré dans un quasi-silence tout au long de la procédure, le jeune homme accusé du meurtre d'un lycéen au Kremlin-Bicêtre en janvier 2010 a péniblement levé le voile mercredi devant les assises sur les circonstances du drame.

Seul dans le box des accusés, le visage défait, Islam Belkebir, 22 ans, a dû forcer sa nature et sans doute surmonter ses tourments intérieurs, pour apporter à la cour d'assises du Val-de-Marne un meilleur éclairage sur les coups de couteau qui ont tué Hakim Maddi, élève comme lui du lycée Darius-Milhaud du Kremlin-Bicêtre, le 8 janvier 2010.

Confronté aux contradictions entre ses déclarations au fil de la procédure et les constatations de l'expert médico-légal mettant en lumière une plaie de 13 cm dans le corps de la victime, incompatible avec un "balayage" destiné à se dégager, le jeune homme a fini par revenir partiellement sur ses dires.

"Ce n'était pas un geste de balayage", a-t-il déclaré, questionné par son avocat.

"J'ai bougé ma main dans tous les sens. A droite, à gauche. Les gestes étaient pas des gestes homogènes. C'était dans tous les sens", a-t-il précisé d'une voix blanche.

Jusque-là, l'avocate générale et le président de la cour d'assises s'étaient heurtés au mur érigé par l'accusé à coups de réponses évasives ou de mono-syllabes prononcées le plus souvent dans un murmure.

Pris dans une altercation avec sa victime venue accompagnée de trois camarades dans un couloir du lycée à propos d'une querelle futile, M. Belkebir a redit à l'audience sa "panique" au moment des faits.

Capuche rabaissée sur les yeux, victime de petites tapes au visage puis, selon lui, de coups, le jeune homme aurait voulu se "dégager".

"Désolé"

"Je voyais pas. C'était la panique (...) Tout ce que je cherchais, c'était à me dégager", a indiqué l'accusé.

Interrogé sur le couteau de cuisine qu'il avait emporté avec lui au lycée, au lendemain d'une altercation avec la soeur de la victime, Islam Belkebir s'est défendu d'avoir prémédité son geste.

"C'était au cas ou (...) c'était pour lui faire peur. C'était pas pour le frapper ou quoi que ce soit."

Quelques minutes plus tard, le président fait référence à une lettre adressée par Islam à la mère d'Hakim, plus d'un an après les faits, dans laquelle il se dit "désolé" et fait part de son souhait de "pouvoir revenir en arrière".

"Voulez-vous la lire?" interroge le président.

"Non", répond l'accusé, tandis que la famille d'Hakim préfère quitter le prétoire plutôt qu'entendre le contenu de la missive, qui ne sera finalement pas lue à l'audience.

Exclu de plusieurs lycées, rejeté par sa famille, M. Belkebir avait été, plus tôt dans la matinée, décrit par une experte psychologue comme un garçon se protégeant dans le mutisme, muré dans une "angoisse de persécution".

C'est sur cette analyse que choisit d'attaquer l'avocate générale, Myriam Quémener.

"Pour vous, c'est quoi une victime? Est-ce que ça serait vous? Voulez-vous vous présenter comme une victime?"

"Non", souffle l'accusé.

Poursuivi pour meurtre, Islam Belkebir encourt jusqu'à trente ans de réclusion. Le verdict est attendu jeudi.

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