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L'Ecole en bateau : la cour d'assises rend son verdict

Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, le 21 mars 2013 au palais de justice de Paris [Patrick Kovarik / AFP] Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, le 21 mars 2013 au palais de justice de Paris [Patrick Kovarik / AFP]

La cour d'assises des mineurs de Paris rend vendredi son verdict dans le procès du fondateur de l'Ecole en bateau, jugé avec trois autres anciens équipiers pour des abus sexuels sur neuf enfants ayant participé dans les années 80 et 90 à ce projet de pédagogie alternative.

Le créateur de cette "école sans tabliers" qui a fait naviguer plus de 400 enfants sur les océans entre 1969 et 2002, Léonide Kameneff, 76 ans, s'est longtemps retranché derrière l'idéologie libertaire des années 70 et sur des démonstrations "d'affection" ayant "un peu débordé" pour justifier caresses et masturbations sur les enfants dont il avait la charge. Avant finalement de reconnaître au cours du procès avoir abusé de trois anciens élèves parmi les cinq qui l'accusent.

Plus de vingt ans après les faits, les neuf plaignants, âgés aujourd'hui de 33 à 46 ans, ont raconté à la barre le climat libertin et "l'emprise" psychologique exercée à bord du Karrek Ven, le bateau amiral de l'association, dans une ambiance où la nudité et les relations sexuelles entre les adultes et enfants étaient valorisées. "Les sexe était devenu l'étalon pour l'intégration à l'aventure", a accusé l'avocat général dans son réquisitoire.

Derrière "la vitrine incroyablement rutilante" de l'Ecole en bateau, sujet de nombreux reportages de presse ou de télévision, sévissait "une pédophilie en col blanc", a déploré de son côté l'avocat des parties civiles. "Ca passait à Thalassa, alors comment pouvait-on penser que de tels abus étaient possibles ?".

Le livre de Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, au tribunal à Paris le 5 mars 2013 [Elodie Le Maou / AFP/Archives]
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Le livre de Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, au tribunal à Paris le 5 mars 2013
 

Près d'une trentaine d'autres anciens élèves, parmi les centaines qui ont participé à l'aventure, ont aussi dénoncé des abus sexuels, mais ces faits sont prescrits.

"J'ai la certitude, aussi énorme que cela puisse paraître, qu'il y avait de l'amour" dans la relation de M. Kameneff avec ses élèves, a répondu jeudi son avocat, Me Yann Choucq, lors des plaidoiries de la défense. Mais "les ayant trop aimés, vous les avez mal aimés", a t-il lancé à l'adresse de son client, contre lequel le parquet a requis de 10 à 12 ans de réclusion criminelle.

Lynchage

Autre accusé dans ce dossier, Bernard Poggi, 60 ans, l'ex-bras droit de Kameneff, a constaté à l'audience "l'énorme gâchis" de cette expérience "formidable". Aujourd'hui marié et père de trois enfants, il a admis qu'il était à l'époque "un salopard, un pédophile, un prédateur", tentant désormais de témoigner de sa prise de conscience et de son travail sur lui-même.

La défense de M. Poggi, contre lequel le parquet a requis trois ans de prison ferme, a notamment réclamé qu'on lui "redonne sa place", celle d'un enfant qui fut lui-même abusé à son adolescence par Léonide Kameneff, comme il l'a révélé au cours du procès.

Jean-Francois Tisser à son arrivée le 11 mars 2013 au palais de justice à Paris [Bertrand Guay / AFP/Archives]
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Jean-Francois Tisser à son arrivée le 11 mars 2013 au palais de justice à Paris
 

Une peine de trois ans de prison avec sursis a également été requise contre Jean-François Tisseyre, 58 ans, un autre encadrant aujourd'hui lourdement handicapé qui a contesté les faits tout au long du procès.

L'avocat général a en revanche demandé l'acquittement contre un autre "enfant abusé devenu abuseur", G. C, 39 ans, accusé de viols et d'agressions sexuelles alors qu'il avait 17 ans et était lui-même élève de l'Ecole en bateau. "Il faut lui rendre la seule place qui lui revient dans cette affaire, celle de la partie civile", a renchéri son avocat.

Alors que l'avocat général a relevé dans ce dossier la "responsabilité écrasante" de Léonide Kameneff, "abuseur d'enfants" ayant "engendré d'autres abuseurs d'enfants", l'ancien psychothérapeute a dénoncé un "lynchage" médiatique. "Ma culpabilité paraissait évidente pour tous avant même le début du procès", a-t-il jugé dans une déclaration adressée à l'AFP.

Le jury, qui devra répondre à soixante questions, se retirera pour délibérer après une dernière prise de paroles des accusés vendredi matin.

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