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Frédéric Ploquin : à Marseille "la réalité ridiculise la fiction"

Frédéric Ploquin[John Foley / Opale / Editions Fayard]

Le 2 octobre 2012, douze policers de la BAC marseillaise sont placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés de «vols et extorsion de fonds en bande organisée». C’est le début d’une impressionnante affaire de corruption qui va secouer la cité phocéenne et la France pendant des mois et faire tomber des têtes.

Grand reporter à Marianne, Frédéric Ploquin raconte dans son livre les mois qui ont précédé la révélation de l’affaire à travers l’histoire d’Alain Gardère, le prefet qui avait d’abord été dépéché sur place pour lutter contre la flambée de violence.

 

A la lecture votre livre, on ne peut s’empêcher de ressentir un malaise...

Le malaise qui m’a frappé c’est surtout celui des policiers qui ont déterré le lièvre comme le préfet Alain Gardère. C’est difficile d’être soit même policier et d’être celui qui va dénoncer des collègues. Moi, cela fait trente ans que j’enquête sur le crime. Je trouve que dans cette affaire, la réalité ridiculise la fiction.

 

Alain Gardère, ancien préfet de Marseille, est réputé peu bavard. Pourquoi a-t-il accepté de témoigner ?

Après l’élection de François Hollande, il savait qu’une nouvelle équipe allait être mise en place. Il n’a pas parlé par frustration de ne plus être aux commandes mais plus pour ne plus rester seul avec ces découvertes inouies.

 

Dans votre livre on comprend que les pratiques de corruption existent depuis longtemps...

C’est une tradition chez les voyous marseillais de s’arranger avec la police. Mais jusqu’à maintenant ça se passait à un plus haut niveau. Là ce sont des petits caids qui ont la BAC en face d’eux. On ne sait pas qui a fait le premier pas, mais ce qui est sûr c’est que les dealers ont plus interêt à se faire voler de l’argent plutôt que d’aller en prison.

 

Pensez vous que l’enquête ira à son terme?

Le ministère de l’Intérieur veut des sanctions disciplaines exemplaires. Les magistrats semblent déterminés. J’ai plus de réserves quant au travail de l’IGPN. Pour travailler dans le secret elle a mené l’enquête avec les moyens du bord qui sont insuffisants. Devant le tribunal, elle risque de manquer de preuves.

 

En toile de fond, c’est un nouveau comportement des voyoux que vous rapportez...

Effectivement. Avant la police avait affaire à des voyous qui faisaient une longue carrière et qui même une fois en prison tiraient encore les ficelles. Les règlements de comptes étaient identifiés et obéissaient à une certaine cohérence. Maintenant les anciens appellent cette nouvelle génération «les fadas». Ils ont entre 20 et 22 ans et s’entretuent pour des motifs futiles.

Vol au dessus d’un nid de ripoux, éditions Fayard, 20 euros.

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