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Avis défavorable à l’assistance sexuelle aux handicapés

Helen Hunt et John Hawkes dans The Sessions, de Ben Lewin[© Fox]

Le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) a rendu public aujourd’hui un avis défavorable sur la question de l’assistance sexuelle, concernant les personnes handicapées.

Le CCNE devait se prononcer sur les prestations que « la société serait susceptible d’offrir pour atténuer les manques ressentis dans leur vie affective et sexuelle par les personnes handicapées ». Des questions remises au cœur du débat suite à la sortie le 6 mars dernier du film américain The Sessions (de Bon Lewin, avec John Hawkes et Helen Hunt), racontant l’histoire vraie d’un homme paralysé ayant recours à une assistante sexuelle.

Selon le CCNE, ces pratiques soulèvent des « risques importants de dérives », comme celui d’un « transfert affectif envers l’assistant sexuel » des « bénéficiaires », qui sont « des personnes vulnérables ». L’assistant sexuel peut également se rendre vulnérable « par une trop grande implication personnelle dans son service », estime l’organisation.

« En lisant l’avis, je n’ai pas eu l’impression que le CCNE considérait les personnes handicapées comme des hommes et des adultes à part entière », regrette Pascale Ribes, présidente de l’association CH(s)OSE, qui se bat depuis des années pour la légalisation de ces pratiques en France et considère l’avis du CCNE comme un « coup dur ». « J’ai trouvé cet avis assez navrant, il est méprisant envers les personnes handicapées et démontre une méconnaissance du sujet de la part de l’organisme. Le contenu est moralisateur ».

Le seul point positif selon Pascale Ribes est que l’organisme « admet qu’il s’agit d’une question importante ».

La présidente de l’association regrette le parallèle entre assistance sexuelle et prostitution, établi par le CCNE. « L’assistance sexuelle pour les handicapés permet d’autonomiser la personne, lui permettre de se reconnecter avec son corps, acquérir de la confiance en soi mais aussi de retrouver une dignité en temps qu’être humain sexué. Ensuite, ces personnes se tournent vers autre chose »

L’assistance sexuelle est légale dans plusieurs pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie ou encore le Danemark. Dans ces pays, l’assistant est obligatoirement formé. Si le CCNE est réticent, c’est également car il considère qu’ « il n’est pas possible de faire de l’aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non utilisation marchande du corps humain ».

« En France on en fait tout un fromage, s’indigne Pascale Ribes. Tous ces pays européens ne sont pas moins éthiques que nous, pas moins fins ni intelligents ».

L’association CH(s)OSE a envoyé une lettre ouverte à François Hollande il y a quelques semaines. « Pour lui rappeler une promesse faite pendant sa campagne présidentielle », quand le candidat avait promis d’ouvrir le débat. « Nous avons été renvoyés vers Marisol Touraine (Ministre des affaires sociales et de la Santé, ndlr). J’espère que ce n’est pas une manière de botter en touche », s’inquiète Pascale Ribes.

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