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L'Ecole en bateau : ouverture du procès pour viols d'enfants

Le livre de Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, au tribunal à Paris le 5 mars 2013 Le livre de Léonide Kameneff, le fondateur de l'Ecole en bateau, au tribunal à Paris le 5 mars 2013 [Elodie Le Maou / AFP]

Le procès public souhaité par les neuf anciens élèves de l'Ecole en bateau qui accusent de viols le fondateur de cette expérience de pédagogie alternative et trois équipiers des voiliers-école a pu débuter mardi après la levée du huis-clos par la cour d'assises de Paris.

Ils sont aujourd'hui ingénieur, enseignant, magistrat, journaliste, ont entre 33 et 46 ans. Dans les années 80 ou 90, ces neuf hommes et femmes ont tous été élèves de l'Ecole en bateau, une association qui a emmené des centaines d'enfants sillonner les océans dans le but affiché de leur offrir un épanouissement éducatif, culturel, personnel différent du cadre scolaire.

Serrés sur les bancs des parties civiles de la cour d'assises des mineurs de Paris, tous ont répondu présents au premier jour du procès qu'ils attendaient depuis 18 ans. En février 2012, l'Etat a été condamné pour le "déni de justice" qu'a représenté la longueur de la procédure.

En 1994, de premières plaintes pour viols et agressions sexuelles avaient été déposées contre Léonide Kameneff, 76 ans, ancien psychothérapeute pour enfants, fondateur en 1969 de l'Ecole en bateau, dont les accusateurs dénoncent l'emprise manipulatrice, le comportement de "gourou".

Le fondateur de l'Ecole en bateau, Léonide Kameneff, arrive au tribunal à Paris le 5 mars 2013 [Bertrand Guay / AFP]
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Le fondateur de l'Ecole en bateau, Léonide Kameneff, arrive au tribunal à Paris le 5 mars 2013
 

Désormais "retraité", comme il s'est présenté à la cour, cet homme de taille moyenne, cheveux et pull gris, teint mat, qui comparaît libre, a jusqu'au 22 mars pour se défendre des accusations qui lui font encourir vingt années de réclusion. Trois anciens équipiers comparaissent à ces côtés pour les mêmes faits.

"C'est le grand jour, nous souhaitons des débats dignes, un procès public et pour les accusés, enfin le courage de dire ce qu'il s'est passé", a déclaré Me Eric Morain, avocat de huit plaignants, avant le début de l'audience.

Sur la question de la publicité des débats, les parties civiles ont obtenu gain de cause de la cour d'assises qui a levé le huis-clos, règle de principe devant cette juridiction criminelle pour mineurs.

Le parquet général avait demandé un procès public pour "une garantie de bonne justice" et aucune partie ne s'y est opposée.

L'avocat général Bruno Sturlese avait mis en avant son souci d'éviter que le procès ne se déroule "sur les marches du palais" sous la pression des journalistes.

Marie Rigod, l'une des victimes présumées de l'Ecole en bateau, au tribunal à Paris le 5 mars 2013 [Bertrand Guay / AFP]
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Marie Rigod, l'une des victimes présumées de l'Ecole en bateau, au tribunal à Paris le 5 mars 2013
 

"Nous n'avons rien à cacher", avait-il observé, soulignant que cette affaire abordait des "questions importantes qui concernent la société française".

Plus de 400 enfants ou adolescents sont partis, quelques mois ou plusieurs années, à bord des voiliers-école. Beaucoup ont déclaré avoir passé un séjour formidable, certains d'entre eux devraient être entendus au cours des débats. Une trentaine de plaignants s'étaient initialement signalés mais plusieurs cas ont été déclarés prescrits.

L'un des accusés était âgé de 17 ans à l'époque des abus sexuels qui lui sont reprochés, ce qui explique la tenue du procès devant une cour d'assises des mineurs.

Cet homme, aujourd'hui âgé de 39 ans, affirme avoir lui aussi été violé sur le bateau et est également partie civile. Il a pris place à l'écart de ses co-accusés et des autres plaignants, le président Olivier Leurent lui rappelant sa "double casquette" peu commune dans un procès d'assises.

"J'aimerais que ce procès permette de dire que les enfants ne souhaitent pas de relations sexuelles avec les adultes", a déclaré avant le début de l'audience Marie Rigod, l'une des plaignantes, 46 ans.

La procédure fut longue, a-t-elle admise, mais "cela a permis à chacun de travailler, d'avancer. Les faits ont désormais une clarté qu'ils n'avaient pas quand j'étais jeune".

 

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