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Bébé "secoué" mort : un père condamné à 6 ans de prison

Des dossiers à la cour d'assises du Rhône à Lyon le 10 décembre 2007 [Jean-Philippe Ksiazek / AFP/Archives] Des dossiers à la cour d'assises du Rhône à Lyon le 10 décembre 2007 [Jean-Philippe Ksiazek / AFP/Archives]

Une peine de 6 ans d'emprisonnement a été prononcée jeudi soir aux assises du Rhône à Lyon contre le père d'un bébé mort à l'âge de deux mois à la suite de secousses.

A l'annonce du verdict, l'accusé était "sous le choc", selon son avocat, Me Fabrice Pothier, joint par téléphone. L'avocat général, Francine Caperan, avait requis une peine de 10 ans minimum.

La Cour a retenu la qualification de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", alors que Me Pothier avait demandé de le juger pour homicide involontaire, ce qui aurait davantage pu prendre en compte un acte de maladresse.

Me Pothier a argué de la "misère intellectuelle et sociale" de son client, Vietnamien âgé de 56 ans, qu'il a décrit comme "le simplet de la famille", pour expliquer un geste relevant de la "bêtise" et non d'une intention de nuire.

Le petit Mickaël avait été confié à son père le 22 octobre 2009 au soir, le temps que sa mère lui prépare un biberon, lorsque cette dernière a entendu crier le bébé.

Elle s'était alors précipitée auprès de lui et l'avait trouvé "raide" et cherchant sa respiration. Déjà en état de mort cérébrale à son arrivée à l'hôpital, le nourrisson était décédé cinq jours plus tard.

Mickaël présentait tous les symptômes d'un enfant secoué, selon des experts cités à la barre qui se sont accordés pour parler de secousses "d'une violence inouïe" au point d'entraîner une hémorragie méningée diffuse. Les experts médecins n'ont en revanche pas pu s'accorder sur la répétition ou non de ces secousses, le père reconnaissant quant à lui avoir déjà secoué son fils une fois, un jour plus tôt.

L'accusé, qui a reconnu lors de l'instruction comme lors du procès avoir "secoué fort pour jouer", n'a jamais semblé conscient de la violence de son geste. Il n'a cessé d'admettre, la tête baissée: "Je ne sais pas m'occuper d'un enfant", disant "penser à Mickaël tous les soirs".

Répétant qu'il n'était "jamais énervé contre son fils", qu'il "aimait beaucoup", ce petit homme au crâne dégarni a plusieurs fois dit ne pas tout comprendre aux débats malgré l'aide d'un interprète.

Son témoignage a été corroboré par la mère du bébé, inexpressive à la barre. Agée de 28 ans, elle n'avait pas souhaité se porter partie civile. La jeune femme frêle a assuré d'une voix à peine audible: "Il l'a secoué parce qu'il l'aime beaucoup, dans un élan de câlin".

La défense a estimé que l'affaire ne relevait pas d'un cas "classique" de bébé secoué, "où les parents, excédés par les pleurs de l'enfant, le secouent pour qu'il se taise".

Les experts psychiatres ont décrit l'accusé comme "très carencé" du point de vue affectif et aux "capacités intellectuelles limitées".

Un argument que n'a pas retenu l'avocate générale, Francine Caperan, rappelant que l'épouse de l'accusé lui répétait sans cesse que "le bébé était aussi fragile qu'un œuf".

Le ministère public s'est aussi inquiété d'une "possibilité de récidive", mentionnant le deuxième enfant du couple, une petite fille née en 2011.

Celle-ci vit actuellement chez sa grand-mère maternelle au Vietnam "jusqu'à ce qu'elle devienne assez solide pour que l'on puisse s'en occuper", a expliqué la mère.

Ce Vietnamien, devenu père tardivement, a aussi été décrit comme un homme seul, vivant dans une grande précarité, avec 400 euros par mois.

Enfant naturel d'un Français et d'une Vietnamienne, il a été abandonné à la naissance puis adopté par des Vietnamiens. Il a gardé de son enfance "rude" au Vietnam une grande "carence affective", selon un expert psychiatre.

Arrivé en France en 1985, il ne parle toujours pas français, bien qu'il ne soit pas particulièrement intégré à la communauté vietnamienne de Lyon.

Au chômage depuis 2009, il a expliqué ne manger "qu'un peu de chocolat le midi et un peu de riz le soir" pour "économiser afin de ramener Nathalie (sa fille) du Vietnam quand elle aura 5 ans".

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