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Espionnage Areva : l'enquêteur suisse sera jugé

L'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon à Paris, le 12 avril 2012 [Bertrand Guay / AFP/Archives] L'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon à Paris, le 12 avril 2012 [Bertrand Guay / AFP/Archives]

Le parquet de Paris a décidé, après un an d'enquête, de faire comparaître en correctionnelle l'enquêteur suisse accusé d'avoir espionné l'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon et son mari, mais pas les deux responsables du groupe qui lui en avaient donné l'ordre.

L'enquête préliminaire, ouverte fin 2011, pour vérifier si le couple avait été la cible d'écoutes illégales, a conclu à la seule responsabilité de l'officine suisse Alp Service dirigée par Mario Bréro, a indiqué jeudi une source judiciaire confirmant une information du Monde.

Le dirigeant de cette société suisse d'intelligence économique est poursuivi pour "complicité de violation du secret professionnel" et "recel de violation du secret professionnel" au préjudice d'Olivier Fric, le mari d'Anne Lauvergeon, mais pas au préjudice de l'ex-dirigeante d'Areva.

Il est également poursuivi pour les mêmes faits, au préjudice de Ludivine Wouters, la fille d'un ex-cadre d'Areva qui avait été espionnée.

Anne Lauvergeon et son époux Olivier Fric avaient déposé plainte pour faits d'espionnage, en lien avec l'acquisition en 2007 par Areva de la société minière canadienne Uramin.

Les deux plaintes déposées, l'une fin 2001, l'autre au printemps 2012, visaient deux dirigeants du groupe nucléaire et la société Alp Service, chargée d'un rapport sur les conditions d'achat de la société minière UraMin.

M. Bréro avait affirmé avoir été recruté, en avril 2011, par Sébastien de Montessus, ex-bras droit de Mme Lauvergeon, pour espionner cette dernière et son époux afin d'établir d'éventuelles implications frauduleuses du couple dans l'achat d'Uramin.

M. de Montessus, qui a démissionné en mars 2012 d'Areva, a reconnu avoir commandé un rapport mais contesté avoir mentionné à l'enquêteur suisse le nom d'Olivier Fric et lui avoir demandé de recourir à des moyens illicites. "A aucun moment nous ne lui avons demandé d'enquêter sur la vie privée de personnes et encore moins d'utiliser des procédés illégaux", avait-il déclaré à la presse.

"Attaques sourdes et répétées"

Interrogé par les enquêteurs, M. Bréro a de son côté expliqué que les commandidaires du rapport, M.de Montessus et Jean-Michel Chereau ne lui avaient pas demandé d'utiliser les relevés téléphoniques et relevés bancaires de M. Fric, selon une source judiciaire.

Le parquet a en conséquence estimé que la responsabilité des deux dirigeants sur le recours à des méthodes illégales, ne pouvait être prouvée.

Au coeur du bras de fer entre "Atomic Anne" et Areva, l'acquisition en 2007 pour 2,5 milliards de dollars d'UraMin, une société minière canadienne possédant des gisements d'uranium en Afrique, dont la valeur comptable a été divisée par cinq depuis.

L'enquête privée avait notamment pour objet l'acquisition d'UraMin et le rôle qu'aurait pu y jouer Olivier Fric, consultant en énergie.

Mme Lauvergeon et son mari, avaient porté plainte après avoir reçu anonymement le rapport d'enquête d'Alp Service .

Elle avait dénoncé être la cible "d'attaques sourdes et répétées" durant ses dix années à la tête d'Areva. Des attaques qui, selon elle, visaient à la "détruire".

Son mandat n'avait pas été renouvelé en juin 2011 après plus de dix ans à la tête d'Areva, se heurtant à ses mauvaises relations notoires avec le président Nicolas Sarkozy et avec le patron d'EDF, Henri Proglio.

Elle est actuellement pressentie pour représenter l'Etat au sein du conseil d'administration du géant aéronautique et de défense EADS.

L'avocat de Mme Lauvergeon Jean-Pierre Versini-Campinchi, s'est refusé, dans l'immédiat, à tout commentaire.

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